20 ans pour rentabiliser les subventions versées aux usines de batteries en Ontario, dit le DPB

20 ans pour rentabiliser les subventions versées aux usines de batteries en Ontario, dit le DPB

Les gouvernements pourraient mettre quatre fois plus de temps qu’ils le disent à rentabiliser les milliards en subventions versés à des usines de batteries de véhicules électriques en Ontario, estime le directeur parlementaire du budget (DPB).

Lors de l’annonce, au printemps, d’une aide financière de 13,2 milliards accordée à Volkswagen pour la construction d’une usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques en Ontario, le gouvernement Trudeau avait affirmé que la subvention allait générer de nouvelles recettes fiscales équivalentes en moins de cinq ans.

Ottawa allait récidiver au mois de juillet en promettant, avec le gouvernement ontarien, jusqu’à 15 milliards en subventions pour un autre projet d’usine de batteries dans la province, celle de Stellantis-LG Energy Solutions, pour des subventions totales de 28,2 milliards, dont 18,8 milliards d’Ottawa et 9,4 milliards du gouvernement Ford.

Contrairement à ce qu’on a laissé entendre au départ, les gouvernements fédéral et ontarien ne doivent pas s’attendre à recouvrer leurs contributions d’ici 5 ans, conclut le DPB à Ottawa dans une analyse dévoilée mardi. Il en faudra plutôt 20, estime-t-il.

Pour arriver à cette conclusion, le DPB s’est basé sur les données utilisées par le gouvernement fédéral qui provenaient de projections de deux centres de recherche (Trillium Network et Clean Canada Energy).

Un effet d’entraînement ?

La principale raison expliquant l’écart entre les deux évaluations tient au fait qu’Ottawa prévoit que les deux nouvelles usines de batteries entraîneront d’autres investissements et l’augmentation de la production dans d’autres étapes tout au long de la chaîne de production des véhicules électriques.

Or, « compte tenu de l’incertitude quant à l’emplacement géographique futur des investissements et de la production liée à d’autres noeuds de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques », le DPB explique avoir préféré s’en tenir strictement aux recettes publiques qui devraient être générées par les activités de fabrication de batteries qui seront subventionnées.

Les subventions totales de 28,2 milliards, qui doivent s’étendre jusqu’en 2032, devraient ainsi avoir généré des revenus fiscaux équivalents d’ici 2043, estime le DPB. Cela pourrait même prendre un peu plus de temps encore, poursuit-il, parce que les nouvelles usines sont susceptibles de détourner vers elles une partie de la capacité de production d’autres usines en Ontario et, par le fait même, la contribution fiscale de ces dernières.

Le gouvernement Trudeau ne s’est pas laissé démonter, mardi, par cette façon plus conservatrice d’estimer les retombées économiques et fiscales. « Bien que le rapport du directeur parlementaire du budget ne tienne pas compte de nombreux impacts économiques globaux sur la chaîne d’approvisionnement, il souligne, une fois de plus, que ces investissements généreront des avantages économiques bien plus importants que les investissements de notre gouvernement », a déclaré par voie de communiqué le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui continue de parler « d’investissements générationnels [qui] créeront des milliers d’emplois dans l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques ».

Des États-Unis au Québec

 

Engagé à la fois dans un effort de réindustrialisation et d’accélération de sa transition verte, Washington a récemment déployé de généreux programmes de subventions, notamment dans l’électrification des transports. Cela force maintenant ses partenaires commerciaux, comme le Canada, à développer à leur tour des politiques similaires, ne serait-ce que pour ne pas voir toutes leurs compagnies prendre le chemin des États-Unis.

Le phénomène s’observe aussi au Québec, où le gouvernement Legault a notamment accordé, en mai, un prêt-subvention de 152 millions pour un projet d’usine de production de matériaux de batterie de GM à Bécancour, dans le Centre-du-Québec, auquel le gouvernement fédéral octroie presque le même montant (147 millions). Les deux gouvernements ont répété l’opération le mois dernier en accordant chacun 322 millions d’aide financière à un autre projet d’usine de matériaux de batterie prévu dans la même région. Cette fois, l’usine sera construite par un consortium formé de l’américaine Ford et des coréennes EcoProBM et SK On.

Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, avait alors laissé entendre que les gouvernements récupéreraient leurs billes en retombées diverses en moins de 10 ans.

« Je n’ai pas l’intention de ne faire de cadeaux à aucune entreprise, avait déclaré le premier ministre François Legault. Il faut que ce soit donnant donnant. Si je donne 1 $, il faut que je ramasse plus que 1 $. »

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Source : Lire l'article complet par Le Devoir

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