On a tous encore en mémoire l’hécatombe des aînés durant la pandémie, laquelle a suscité un tollé de critiques envers les hauts dirigeants. Eh bien, il appert que le scénario tend à se répéter alors que près de 2300 aînés occupent des lits d’hôpitaux inutilement en attendant d’être transférés en Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD), en réadaptation, en résidence pour aînés, en Ressource intermédiaire ou à domicile avec de l’aide adaptée ou des soins palliatifs.
Devant un tel scénario, force est d’admettre que les aînés sont traités comme les parents pauvres du système de santé au Québec. Et pourtant, les personnes âgées ont collaboré activement à la construction du Québec moderne, et ont en tête tout un bagage de connaissances et d’expériences qu’ils pourraient nous faire profiter de bon gré.
D’aussi longtemps dont je me souvienne, j’ai toujours ressenti extrêmement de sympathie pour les aînés, notamment eu égard à leur vulnérabilité omniprésente. Et quand, de surcroît, notre société civile et étatique exploite cette vulnérabilité, je suis forcé d’admettre que nos hauts dirigeants font preuve d’une bassesse indigne des fonctions qu’ils occupent.
Vieillissement de la population
Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, le quart des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2031 et près du tiers, en 2061. Ce vieillissement démographique s’explique notamment par la forte dénatalité qui a succédé aux baby-boomers, ainsi que par une hausse de l’espérance de vie.
D’ici une vingtaine d’années, la société québécoise sera l’une des plus vieilles en Occident. Après le Japon et la Corée du Sud, le Québec figure parmi les sociétés qui connaissent un vieillissement des plus rapides. En 2011, environ 1 personne sur 6 était âgée de 65 ans et plus. Si la tendance se maintient, ce sera le cas de 1 personne sur 4 en 2031. Toujours en 2011, la proportion d’aînés âgés de 85 ans et plus était de 12 %, alors qu’elle frôlera les 25 % en 2061.
Par ailleurs, il est devenu courant au Québec d’établir une corrélation entre les projections démographiques québécoises et leur incidence sur la fragilité des finances publiques, établissant ainsi un lien direct de causalité entre le vieillissement de la population et l’alourdissement des coûts de santé publique.
À preuve, l’essentiel du discours relatif aux aînés est à peu près obnubilé par le problème singulier de la santé et des coûts qui lui seraient inhérents. Et pourtant, dans les faits, la vaste majorité des aînés de 65 ans ou plus sont autonomes, en bonne santé, engagés dans des activités sociales et sûrement pas le fardeau social et économique auquel on veut bien les associer.
Inclusion sociale des aînés
Au Québec, l’amélioration des conditions de vie, les progrès de la médecine et des soins de santé et l’accès à l’éducation font en sorte que les générations actuelles vivent plus longtemps et en meilleure santé que les générations précédentes. L’accroissement de l’espérance de vie constitue une importante avancée. Une espérance de vie élevée offre de nombreux avantages, tant pour les individus que pour les communautés. Cependant, les perceptions à l’égard du vieillissement ont peu évolué et plusieurs personnes craignent encore de vieillir. Des idées préconçues à l’égard des personnes aînées subsistent et des aînés déclarent encore être ignorés, infantilisés et victimes de préjugés.
En revanche, l’inclusion sociale procure aux personnes aînées un sentiment d’utilité, d’accomplissement et d’appartenance à la communauté. Elle permet aux aînés de demeurer actifs et de continuer à contribuer au développement de la société, selon leurs besoins, leurs préférences et leurs capacités. La participation à la vie sociale favorise l’établissement de liens qui préviennent l’isolement. C’est pourquoi, il est urgent d’agir, notamment par la valorisation des personnes aînées et par la reconnaissance de leur contribution à la société.
Henri Marineau, un aîné de 76 ans, Québec
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