ἓν τὸ σοφόν, ἐπίστασθαι γνώμην, ὁτέη ἐκυϐέρνησε πάντα διὰ πάντων.
La rationalité-connaissance réside en une seule destination ; celle par laquelle tout est déterminé par l’intégralité de la totalité.
Héraclite, Fragments
La fausseté se constitue par une privation de connaissance.
Spinoza, Ethique
Le philosophe dit seulement en son nom : Tout ce qui est pour le Moi est par le Moi. Mais le Moi lui-même dit en sa philosophie : S’il est vrai que je suis et que je vis, il est vrai qu’il existe quelque chose en le dehors de moi qui n’existe pas en moi. Le philosophe en partant des principes de sa philosophie explique comment le Moi peut parvenir à une telle affirmation. Le premier point de vue est purement spéculatif, le second est celui de la vie.
Fichte, Seconde introduction à la Doctrine de la science
Distinguer cette évidence même, ou encore : distinguer l’unité de la pensée et de l’être non pas dans telle ou telle relation, mais absolument en et pour soi-même, par conséquent comme l’évidence en toute évidence, la vérité en toute vérité, comme ce qui est purement su dans tout ce qui est su, c’est se hisser à l’intuition de l’unité absolue et par là-même à l’intuition du con-naître.
Schelling, Exposés ultérieurs
Ici il n’y a qu’à indiquer que l’esprit commence par son infinie possibilité, mais seulement sa possibilité, qui renferme son contenu absolu comme en soi, comme la fin et le but qu’il n’atteindra que dans son résultat, qui est alors simplement sa réalité. Dans l’existence, la succession apparaît ainsi comme un progrès de l’imparfait vers le plus parfait et ce n’est pas abstraitement seulement que l’imparfait doit être conçu comme tel, mais comme un facteur qui contient aussi en soi le contraire de soi-même, comme germe, comme instinct. La possibilité indique tout au moins par ré-flexion quelque chose qui doit réellement se réaliser, et la dynamis d’Aristote est exactement potentia, force et pouvoir. L’imparfait, en tant que le contraire de soi en soi, est la contradiction qui sans doute existe mais est tout aussi bien supprimée et résolue, l’instinct, l’impulsion de la vie spirituelle en soi pour briser l’écorce de la nature, des sens, des éléments étrangers et pour parvenir à la lumière de la conscience, c’est-à-dire à soi-même.
Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire
Le même développement de la pensée, qui est exposé dans l’histoire de la philosophie, est exposé dans la philosophie elle-même, mais dégagé de cette extériorité réciproque, purement dans l’élément de la pensée. La pensée émancipée et vraie est en elle-même concrète, et ainsi elle est Idée, et, en son universalité totale, l’Idée ou l’absolu.
Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques
Le fondement de la critique irréligieuse est celui-ci : l’homme fait la religion, ce n’est pas la religion qui fait l’homme. La religion est en réalité la conscience et le sentiment propre de l’homme qui, ou bien ne s’est pas encore trouvé, ou bien s’est déjà reperdu. Mais l’homme n’est pas un être abstrait, extérieur au monde réel. L’homme, c’est le monde de l’homme, l’État, la société. Cet État, cette société produisent la religion, une conscience renversée du monde, parce qu’ils constituent eux-mêmes un monde inversé. La religion est la théorie générale de ce monde, son compendium encyclopédique, sa logique sous une forme populaire, son point d’honneur spiritualiste, son enthousiasme, sa sanction morale, son complément solennel, sa raison générale de consolation et de justification. C’est la réalisation fantastique de l’essence humaine, parce que l’essence humaine n’a pas de réalité véritable. La lutte contre la religion est donc par ricochet la lutte contre ce monde, dont la religion est l’arôme spirituel.
Marx, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel
L’universalité vers laquelle le Capital se dirige irrésistiblement le fait ainsi apparaître lui-même comme l’obstacle catégorique à cette même tendance à l’universalité, ce qui l’engage donc alors vers sa propre auto-impossibilisation.
Marx, Manuscrits de 1857-1858
Il est évident que nous ne sommes pas à la veille de la Troisième Guerre Mondiale ni de la grande crise d’inter-guerre, qui ne pourra se développer que dans quelques années, lorsque le mot d’ordre de l’émulation et de la paix aura dévoilé son contenu économique : marché unique mondial. La crise n’épargnera alors aucun État. Une seule victoire est pensable aujourd’hui pour la classe travailleuse, la victoire doctrinale. Le but, dans un second temps, est la victoire d’organisation. Ce n’est que dans une troisième phase historique que l’on pourra voir remise sur le terrain de l’histoire la question du pouvoir. Pour ces trois étapes, le thermomètre est la rupture d’équilibre à la charge – d’abord et surtout – des USA et non de l’URSS…
Le cours du capitalisme mondial, publié dans Il programma comunista 1956-1958
L’agitation “antifasciste” ne sert plus qu’à dissimuler l’abandon de toute critique anticapitaliste. Elle constitue l’alibi du totalitarisme consensuel du Capital.
… à l’occasion d’une de nos dernières rencontres, tu m’avais assuré qu’en aucun cas “il ne saurait être question de censurer les débats ni d’interdire un livre en France”.
Mais neuf ans plus tard tu as voté la loi Gayssot !
… Aujourd’hui tu diriges la campagne électorale d’une coalition totalement et absolument soumise à la logique du Capital, qui recycle dans l’antifascisme la plus grande partie de ses déchets.
… L’antifascisme est devenu l’idéologie dominante de l’époque, c’est à dire l’idéologie de la classe dominante. Le reste n’est que du cinéma…
Pierre Guillaume, Lettre ouverte à Lionel Jospin du 25 mai 1997
Source: Lire l'article complet de Guerre de Classe