Oslo 30 ans après: De la Norvège…

Oslo 30 ans après: De la Norvège…

«Le message adressé par le monde à Israël était que le nettoyage ethnique de la Palestine était acceptable, en compensation de l’Holocauste et de plusieurs siècles d’antisémitisme en Europe. La Palestine a été détruite en douze mois, mais la Nakba se poursuit depuis 75 ans.» Ilan Pappé, historien israélien.

https://www.madaniya.info/ publie un dossier en quatre volets à l’occasion du 30 me anniversaire des accords israélo-palestiniens d’Oslo qui devait mettre un terme au conflit et déboucher sur la création d’un Etat palestinien indépendant.


NOTE DE LA RÉDACTION

En trente ans, Israël a eu recours à tous les artifices et les subterfuges pour vider de leur substance les accords israélo-palestiniens d’Oslo et de se dégager de ses engagements souscrits par cet arrangement, qui s’est révélé être, rétrospectivement, un piège monumental consistant à obtenir de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) une renonciation à la lutte armée en contrepartie d’un état palestinien. Un état illusoire…à l’état de mirage.

En superposition, Israël a procédé à l’élimination de 50 journalistes et à 430 assassinats ciblés anti palestiniens depuis l’an 2000, ((plus exactement à 2.700 assassinats ciblés depuis l’occupation de la Cisjordanie-Gaza en 1967)).

Rien qu’en 2022, Israël a tué 231 Palestiniens, dont ci joint leurs histoires.

Avec pour objectif constant de décapiter le leadership palestinien et de faire taire la revendication nationale palestinienne. En vain. La revendication subsiste en ce que, selon l’adage bien connu, tant que subsiste un revendicateur, un droit ne se perd pas.

Les principaux dirigeants palestiniens ont été certes éliminés par assassinats extra judiciaires, aussi bien Yasser Arafat, chef de l’Organisation pour la Libération de Palestine (par empoisonnement) que ses deux adjoints Khalil Al Wazir, alias Abou Jihad, N° 2 de l’OLP et chef de sa branche militaire et Salah Khalaf, alias Abou Iyad, responsable des services de sécurité, les deux en Tunisie, de même que les deux chefs historiques du Hamas, Cheikh Ahmad Yassine et Abdel Aziz Al Rantissi.

Le Fatah et Hamas ont ainsi payé le plus lourd tribut à cette hécatombe en ce que les assassinats ciblés concernant la branche palestinienne des Frères Musulmans ont visé aussi bien les deux chefs historiques du mouvement que des chefs militaires à Gaza et en Cisjordanie.

L’amitié tonitruante de l’Émir du Qatar de l’époque, Hamad Ben Khalifa Al Thani, avec le plus pro-israélien des présidents français, Nicolas Sarkozy, et leur partenariat dans la destruction du Monde arabe (Libye, Syrie) ne lui a été d’aucun secours, ni même la visite spectaculaire de l’Émir à Gaza dans une démarche évidente de reconnaissance du fait israélien.

La décapitation de la direction du Hamas, qui avait pourtant rompu, en 2011, sa solidarité stratégique avec la Syrie pour s’aligner sur le Qatar, n’a suscité le moindre commentaire de la part du Mufti de l’Otan basé au Qatar, le prédicateur télévisuel d’Al Jazeera, Youssef Qaradawi, plus prompt à réclamer le bombardement de la Syrie par l’Otan qu’à dénoncer la politique erratique de son souverain et bienfaiteur.


RÉCAPITULATIF

La stratégie de déstabilisation menée par Israël a été constante, sans répit, comme en témoigne la chronologie suivante. Le hasard du calendrier n’est pas constamment fortuit. Il arrive qu’il soit prémédité.

Du raid contre l’aéroport de Beyrouth Khaldé, en  décembre 1968, à la destruction de la centrale irakienne de Tammouz, en juin 1981, pour saluer la victoire du président socialiste français François Mitterrand et  de le dissuader en même temps de poursuivre la coopération franco irakienne dans le domaine nucléaire, à l’annexion du plateau du Golan syrien et de Jérusalem, aux deux invasions israéliennes du Liban, aux raids contre la Tunisie pour éliminer les deux principaux collaborateurs de Yasser Arafat, le responsable militaire, Abou Jihad et le responsable sécuritaire, Abou Iyad, Israël a laissé libre cours à sa furie, avec la caution des puissances occidentales, à la grande satisfaction des monarchies arabes.

L’impunité dont a bénéficié Israël durant cette période a débouché trente ans après  Oslo sur une “démocratie illusoire” gouvernée par des suprémacistes, dans un pays qualifiait jadis d’ ”unique démocratie du Moyen Orient”, désormais accusé de pratiquer des “crimes d’apartheid”. L’extraordinaire connivence occidentale envers l’Etat Hébreu rend d’ailleurs passibles ceux qui se qualifient de “grandes démocraties occidentales” de l’accusation de complicité de crime de sociocide contre le peuple palestinien.

Un bilan morbide digne des pires dictatures à l’arrière plan d’une impunité totale génératrice d’un symptôme de la mégalocéphalite (syndrome de la grosse tête) à l’instar du prédateur hollywoodien Harvey Weinstein et des escrocs  financiers américains,  Bernard Madoff et Marc Rich, l’ami gracié de Bill Clinton.

Et un comportement de parfait ”état voyou”, avec un flot de scandales à retentissement planétaire, de la pratique mafieuse de l’arnaque à la taxe carbone mettant en cause une bande d’escrocs de haut vol franco-israéliens  dont certains se sont réfugiés en Israël pour “échapper à la justice”: Cyril Astruc, Fabrice Sakoun, Michel Keslassy (réfugié en Israël), Eddie Abittan, installé à Ra’ananna près de Tel Aviv, enfin Mardoché Mouly, Claude Dray, Albert Taieb. Une fraude colossale à la TVA sur le marché des «droits à polluer»; En superposition au scandale Pegasus révélant  un système mondial d’espionnage par un puissant logiciel espion de l’entreprise israélienne NSO; Enfin  au scandale Team Jorge du nom de la société qui s’est livrée à une vaste entreprise de désinformation pilotée par une officine israélienne qui vendrait ses services dans le monde entier, dont BFM en a été la cible en France.

La liberté d’expression, fondement de la démocratie, ne saurait constituer une forme d’antisémitisme. Sauf à se mouvoir dans un système totalitaire, nul ne saurait échapper à la critique. Nul ne saurait s’exonérer de toute critique, ni un individu, ni un pouvoir pas plus qu’un état, surtout un état, détenteur du monopole de la violence légitime. Et l’accusation d’antisémitisme ne saurait devenir l’arme de destruction massive pour réduire au sislence toute critique à l’égard d’Israël.

«Ce n’étaient pas les fascistes qui avaient fait sombrer la République de Weimar mais le manque de démocrates. Au XX me siècle, souvenons-nous en, les États ont failli à l’époque du nazisme et du fascisme, en cédant sous la pression de groupuscules minoritaires» (Richard von Weizsäcker, Président de la République fédérale allemande de 1984 à 1994). Fin de la Note

Retour sur cette mystification.


1- De la Norvège

Élève modèle des Etats Unis, la Norvège se présente comme un grand pays humanitariste. Certes, la Norvège est un lieu chargé d’un lourd symbolisme particulièrement. Oslo, sa capitale, le lieu d’attribution du plus prestigieux Prix Nobel, le «Prix Nobel de la Paix», est passé à la postérité pour avoir servi en outre de cadre aux négociations qui ont débouché sur les premiers accords directs israélo-palestiniens, les accords d’Oslo, le 13 septembre 1993. Mais Oslo est aussi le lieu d’un terrible carnage, en juillet 2011, symptôme des dérives de la pensée intellectuelle occidentale en ce qu’il a revélé au grand jour l’alliance entre l’extrême droit européenne et Israël: une imposture morale de l’alliance des descendants des victimes du génocide hitlérien avec les héritiers spirituels de leurs anciens bourreaux. Cf ce lien.

Malgré sa réputation d’exemplarité, la Norvège n’hésite pas à recourir à des pratiques tortueuses, à l’instar des régimes autocratiques qu’elle dénonce tant. la Norvège a ainsi participé au sabotage des gazoducs Nord Stream acheminant le gaz russe vers l’Europe occidentale, selon le journaliste américain Seymour Hersh, prix Pullitzer et auteur des révélations sur le massacre de Mỹ Lai au Viêt Nam ou sur les actes de torture à Abou Ghraib (Irak) ou encore sur la fausse attaque au gaz sarin en Syrie.

Il n’est pas indifférent de noter, dans ce contexte, que le poste de secrétaire général de l’Otan a été occupé par l’ancien premier ministre norvégien Jens Stoltenberg, d’octobre 2014 à septembre 2023, c’est à dire durant la séquence de la Guerre de Crimée puis de la Guerre d’Ukraine. Sans doute en raison du fait que la Norvège, au-delà de sa grande proximité stratégique avec les Etats Unis, dispose de 112 km de frontière maritime avec la Russie, qui constitue en outre l’une des frontières extérieures de l’Espace Schengen. La frontière entre la Norvège et la Russie est la frontière séparant le comté de Finnmark, comté le plus septentrional du Royaume de Norvège, et l’oblast de Mourmansk, oblast de la Fédération de Russie. Située au-delà du cercle Arctique, dans le nord de la Laponie, elle est la frontière terrestre européenne la plus septentrionale.

2- Le plan Ariel Sharon pour le torpillage des accords d’Oslo.

Dov Weisglass, ancien chef de cabinet du premier ministre israélien Ariel Sharon, confirmera dans une interview au quotidien Haaretz, que l’évacuation des implantations de Gaza et du nord de la Cisjordanie avait pour but d’empêcher indéfiniment la création d’un Etat palestinien et cela avec l’accord de Washington. C’est une nouvelle étape du projet d’Ariel Sharon visant à changer la réalité du conflit avec les Palestiniens et qu’il a commencé à appliquer dès son élection à la présidence du Conseil en février 2001. Préparé en détail par le général de réserve Meir Dagan, à l’époque, son conseiller pour les affaires de sécurité, le plan Sharon mis en oeuvre dès son élection à la présidence du Conseil en février 2001 prévoyait dans le détail la neutralisation d’Arafat, «un assassin avec qui on ne négocie pas», et la destruction de l’accord d’Oslo, «le plus grand malheur qui se soit abattu sur Israël». Une opération d’intensité croissante visait à isoler progressivement le président palestinien tant sur le plan intérieur que diplomatique. Cf ce lien

Dépité de n’avoir pas réussi à capturer Yasser Arafat lors du siège de Beyrouth, en juin 1982, Ariel Sharon avait même caressé le projet d’abattre un avion des lignes commerciales qu’il soupçonnait de transporter Yasser Arafat.   Cf ce lien

Viscéralement hostile aux Palestiniens, Ariel Sharon passe pour avoir empoisonné le chef palestinien. Cette thèse a été soutenue par le journaliste israélien Amnon Kapeliouk, auteur notamment d’une remarquable enquête  sur les massacres des camps palestiniens de Sabra Chatila, dans la banlieue du sud-est de Beyrouth,  qu’il avait cautionné en sa qualité de ministre de la Défense et ordonnateur de l’invasion du Liban.  CF ce lien:  l’éclairage d’Amnon Kapeliouk

3- La contribution de Benyamin Netanyahu à l’échec des accords d’Oslo.

Dans une entrevue de 2001, ne sachant pas que les caméras tournaient, Benyamin Netanyahu s’est vanté d’avoir fait échouer les accords d’Oslo au moyen de fausses déclarations et d’ambiguïtés. Il a déclaré: «J’interpréterai les accords de telle manière qu’il sera possible de mettre fin à cet emballement pour les lignes d’armistice de 1967. Comment nous l’avons fait? Personne n’avait défini précisément ce qu’étaient les zones militaires. Les zones militaires, j’ai dit, sont des zones de sécurité; ainsi, pour ma part, la vallée du Jourdain est une zone militaire.» Cf ces liens: Glenn Kessler, «Netanyahu: ‘America is a thing you can move very easily’»,The Washington Post, 16 juillet 2010 (lire en ligne[archive]). Vidéo Netanyahu se vantant d’avoir fait échouer les accords d’Oslo de paix [archive].

4- Retour sur les plus récentes révélations du Haaretz.

Trente ans après la signature des accords d’Oslo, la censure israélienne a autorisé la publication des coulisses de ces négociations par le biais de fuites au journal Haaretz, dont le site en ligne «Ar Rai Al Yom» en a assuré la traduction en arabe, en date du 14 Février 2023.

«Israël nourrissait de vives préventions à l’encontre de Yasser Arafat et cherchait à le contourner en aménageant de canaux secrets de négociations, dont le chef de l’OLP ignorait l’existence», écrit notamment le quotidien israélien. Shimon Peres, à l’époque ministre israélien des Affaires étrangères, qualifiait M. Arafat de «renard» dont il doutait de son «sérieux» dans sa recherche de la paix. «Peux-t-on compter sur lui?» demandait avec insistance M. Perez à ses collaborateurs.

Uri Sapir, directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, jugeait, quant à lui, M. Arafat, «étrange, risible et coupé des réalités». Le 28 juillet 1993, lors d’une discussion privée, il s’adresse ainsi à ses collaborateurs: «Nous traitons avec un renard. Je suis inquiet. Cet homme est-il sérieux? Je ne veux pas en être une victime», exprimant la crainte de l’échec des négociations, en ce qu’«un tel échec serait embarrassant pour moi, car cela apporterait la preuve que la délégation israélienne et moi-même sommes des idiots ayant fait preuve de naïveté». Dix jours plus tôt, se confiant au médiateur norvégien, Tari Larsen, Shimon Peres lui confiera: «Beaucoup nous conseille de ne pas négocier avec Arafat, car  il n’est pas possible de lui faire confiance. Il change constamment d’avis alors qu’il devrait inspirer confiance», a ajouté M. Perez.

Selon Uri Sapir, Ahmad Qorei, qui sera par la suite le premier ministre palestinien de l’Autorité palestinienne, et son adjoint Hassan Asfour, présentaient Yasser Arafat comme une «figure symbolique, mais dont l’égoîsme suscite néanmoins la pitié». «Il est exagéré de dire que Yasser Arafat est une personnalité centrale du mouvement palestinien, en ce que sa centralité est quelque peu exagérée, ne faisant pas preuve de réalisme dans le domaine économique, sans la moindre indulgence envers ses censeurs», a-t-il ajouté.  Et de conclure: «Arafat est un personnage étrange, risible, égoïste, à qui fait défaut la concentration».

Paradoxalement, d’autres documents dévoilés par Haaretz, révèlent un autre aspect de la personnalité du chef palestinien: «Arafat excerce une influence marquante sur le leadership palestinien et sur l’ensemble du peuple palestinien. Il dispose d’un pouvoir illimité capable de créer ou d’interdire un événement sur la population palestinienne; le seul en mesure de mettre de l’ordre dans les rangs palestiniens», est-il écrit.

Se référant à de hautes personnalités palestiniennes, Uri Sapir soutient que ses interlocuteurs lui ont donné à savoir que «le rôle historique de Yasser Arafat était d’assurer le retour du pouvoir palestinien en Cisjordanie et Gaza. Une fois cet objectif réalisé, ses successeurs guidés par le pragmatisme envisageraient plus facilement la coopération avec les Israéliens».

Un document en date du 27 juillet 1993, mentionnant l’avis du conseiller juridique de la délégation israélienne, Yoel Singer, qualifie Ahmad Qorei d’un «homme intelligent, rusé, qui ment à tout le monde pour parvenir à ses fins, au point que Shimon Perez se demandait comment pouvait-il faire confiance à un tel homme».

Haaretz assure qu’un des documents secrets attribuent à Ahmad Qorei l’assurance que le Droit au retour, un droit fondamental de la revendication palestinienne, serait caduc ipso facto dès lors qu’Israéliens et Palestiniens parviendraient à un accord permanent. «N’ayez pas de crainte sur ce point» aurait confié M. Quoreih à ses interlocuteurs israéliens.

Dans un autre document, Shimon Peres propose que Gaza se transforme en Singapour avec la perspective  que l’enclave palestinienne devienne «La Suisse du Moyen Orient». Shimon Perez de même que le premier ministre Itzack Rabin étaient opposés au retour de Yasser Arafat dans les territoires palestiniens occupés avec le titre de chef de l’OLP, suggérant la modification de son titre et qu’il renonce à son titre de chef du combat palestinien. Ils obtiendront gain de cause: Arafat retournera en Cisjordanie avec le titre  de «Président de l’Autorité Palestinienne»

René Naba
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Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca

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