Je suis nostalgique de l’époque où le nationalisme était, au Québec, associé à la gauche politique. À cause de notre statut minoritaire, nous pouvions nous identifier à d’autres peuples en marche pour la libération.
Aujourd’hui, le spectre politique a changé. Cette année, je n’ai pas osé souligner la Saint-Jean en suspendant un fleurdelisé à mon balcon, de peur que ce soit mal interprété. Je crains d’être associée aux idéologues qui cultivent un sentiment national fondé sur la peur de l’altérité.
Les boucs émissaires
On accuse le gouvernement actuel de faire dans la catho-laïcité. Ce concept traduit un mouvement vers l’équilibre entre les valeurs laïques et l’héritage catholique. Ce projet pourrait être viable à condition qu’il soit véritablement inclusif.
En avril dernier, en plein ramadan, le ministre de l’Éducation a demandé la fermeture de toutes les salles de recueillement aménagées dans certaines écoles publiques. Un commentateur avait célébré cette prise de position. Pour lui, l’aménagement de locaux consacrés à la prière ou à la méditation était l’œuvre de «radicaux» supposément désireux «d’imposer la religion à l’école». Au même moment, le premier ministre faisait l’éloge de notre «bon vieux fond catholique». Le commentateur avait renchéri, attribuant à cet héritage notre capacité à résister au multiculturalisme.
Se mobiliser ensemble contre tous est grisant. C’est une voie facile pour qui souhaite rallier ses troupes. Mais présumer du pire chez les autres, tout en s’attribuant le meilleur, ce n’est ni catholique ni laïque.
Face à l’autre
Les Québécois sont blessés par leur histoire, certes.
Ceux qui ont connu les dérives d’une Église triomphante craignent de devoir se soumettre à des autorités motivées par le fanatisme et la superstition. Les immigrants qui arrivent ici avec un tissu communautaire fort les inquiètent. Ils nous renvoient à nos propres fragilités identitaires. Qu’est-ce qui fonde la nation québécoise? L’attachement au français? L’égalité entre les hommes et les femmes?
Mon christianisme, je le désire comme mon Québec:
lumineux, chaleureux, rassembleur.
Chaque fois que j’accompagne des élèves à l’étranger, ces derniers se trouvent un peu perdus lorsqu’ils doivent parler de leur culture. Ils ont peu à partager, sinon des allusions insignifiantes à la poutine et au sirop d’érable. Les rites qu’ils découvrent les interrogent et les renvoient à un certain vide.
Un christianisme sans Christ ne saurait les combler.
Un feu de joie
Loin de moi l’idée de vouloir imposer le retour des cours de catéchèse. S’il y a une chose que mes cours de théologie m’ont enseignée, c’est que Dieu nous a créés libres, par amour, pour que nous puissions mieux le choisir. Comment une relation bienveillante pourrait-elle se construire sur la coercition? À mes yeux, il en va de même pour les rapports entre les peuples.
Mon christianisme, je le désire comme mon Québec: lumineux, chaleureux, rassembleur. J’aimerais que nous puissions célébrer notre histoire, héritage catholique inclus, sans couvrir d’opprobre ceux qui ne le partagent pas.
De toute façon, les jeunes, ces citoyens du monde que l’on se plait à critiquer, refusent de voir l’autre comme une menace.
Alimentons notre feu de joie. Ils viendront.
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