par Alexandre Lemoine
Malgré les défauts de leurs nouveaux avions, les États-Unis font signer des contrats militaires fournissant à l’Europe du matériel défectueux.
Les États-Unis ont donné l’autorisation au Danemark et aux Pays-Bas de fournir des chasseurs F-16 à l’Ukraine depuis leurs réserves après que les pilotes ukrainiens auront suivi la formation appropriée. «Nous saluons la décision de Washington de préparer la voie pour l’envoi de chasseurs F-16 en Ukraine», a déclaré le ministre néerlandais des Affaires étrangères Wopke Hoekstra.
Le ministre danois de la Défense Jakob Ellemann-Jensen n’a pas exprimé d’enthousiasme particulier à propos de la décision de Washington, déclarant que la possibilité de fournir des chasseurs F-16 danois à l’Ukraine sera évoquée avec des alliés proches.
Et on peut comprendre les Danois. Il y a exactement un an, lorsque les premiers chasseurs F-35 sont arrivés dans le pays, il s’est avéré qu’ils étaient défectueux. «Au moins deux des six avions F-35 avaient des défauts de fabrication dans les sièges éjectables… L’erreur était due à un défaut de fabrication du fournisseur Lockheed Martin», a annoncé la radio danoise.
Le ministre de la Défense du royaume Morten Bodskov a déclaré que le Danemark garderait ses chasseurs F-16 en service trois ans de plus que prévu, alors qu’ils devaient initialement être retirés de l’exploitation en 2024, tandis que les nouveaux avions F-35 seront progressivement mis en service. Selon le ministre, la raison d’une telle décision est que «la situation en matière de politique de sécurité en Europe a radicalement changé».
Cependant, la volonté des militaires danois d’avoir dans leur arsenal des chasseurs quelque peu obsolètes, mais néanmoins pas aussi problématiques que les F-35 tant vantés, ne s’est pas réalisée. Les États-Unis ont forcé le Danemark à donner ses chasseurs F-16 à l’Ukraine, et pour avoir quelque chose à voler, ils ont proposé de relancer l’achat de F-35 techniquement défectueux.
En revanche, les États-Unis n’ont pas réussi à forcer la main des Belges. Le 1er août 2023, le ministère belge de la Défense a officiellement refusé de recevoir les premiers chasseurs furtifs F-35A, commandés en 2018 pour remplacer progressivement les F-16, car cet avion continue d’être produit dans une version techniquement défectueuse et nécessite de nombreuses améliorations pour ses composants clés et son logiciel.
Depuis le début de la production du F-35, ces machines ont souffert d’un nombre apparemment infini d’erreurs, écrit Business Insider. En 2021, on a compté 857 défauts techniques dans la conception du F-35, dont certains avaient un «impact critique sur l’opérationnalité» et mettaient en danger la vie du pilote. Lockheed Martin n’a pas corrigé ces défauts et continuait à fabriquer des chasseurs défectueux.
Les F-35 n’ont pas seulement des problèmes avec le logiciel. À la mi-décembre 2022, un chasseur F-35B à décollage court et atterrissage vertical destiné au corps des Marines des États-Unis s’est écrasé au Texas. Le pilote a à peine eu le temps de s’éjecter. Selon les militaires, la cause de l’accident était un «phénomène systémique rare» lié aux vibrations du moteur.
Les principaux concepteurs aéronautiques américains soulignent le vice de l’idée même de faire un avion universel pour toutes les occasions – pour l’aviation, les Marines et les porte-avions. L’un des principaux concepteurs du chasseur F-16, Pierre Sprey, a qualifié le F-35 de «dinde», ce qui en Amérique symbolise un mélange de stupidité et de satiété.
En ce qui concerne la «furtivité» du F-35, elle ne peut être assurée que si l’avion porte toutes ses bombes et missiles à l’intérieur du fuselage. Si les missiles sont sur des supports externes, le chasseur devient visible même pour les radars les plus anciens. Même avec une charge de combat minimale, le F-35 n’est en réalité pas furtif pour les radars russes et chinois, écrit The Daily Beast.
De plus, le F-35 ne peut pas être utilisé dans des conditions d’une puissante défense aérienne ennemie. La seule fois où cela s’est produit, un F-35 israélien a été abattu par un système de défense aérienne soviétique S-200 en service dans la défense aérienne syrienne, a rapporté The Drive, ajoutant qu’Israël n’utilisera plus le F-35 dans les missions en Syrie.
La volonté du Pentagone d’exporter autant que possible de F-35 techniquement défectueux s’explique en partie par les problèmes financiers de Lockheed Martin, car plusieurs milliards de dollars manquent pour produire 2700 chasseurs. Le Pentagone a résolu ce problème en offrant à ce monstre de l’industrie de défense américaine un certain nombre de contrats lucratifs.
Il a été décidé de faire des alliés des États-Unis de l’OTAN les principaux sponsors de Lockheed Martin. Ainsi, l’Allemagne a dû acheter 35 F-35 pour 10,5 milliards de dollars au détriment de son propre secteur de la défense, malgré 875 défauts non corrigés sur le F-35.
La principale erreur des concepteurs américains dans le projet F-35 est le fuselage trop faible, qui ne peut pas voler longtemps à la vitesse supersonique en raison du risque de désintégration. Lockheed Martin n’a pas réussi à corriger ce défaut et a simplement recommandé de réduire au minimum la durée du vol supersonique, c’est-à-dire de changer radicalement la tactique d’utilisation du F-35 et de renoncer à leur principal avantage : l’interception d’objectifs aériens à la vitesse supersonique.
Finalement, une solution a été trouvée en transférant la production de plus de 400 composants du fuselage du F-35 au groupe allemand Rheinmetall, qui a déjà commencé la construction d’une usine à cet effet.
À ce jour, les États-Unis n’ont pas de chasseurs de cinquième génération adaptés à des actions de combat à haute intensité. Le chasseur américain de cinquième génération le plus cher, le F-22 Raptor, commencera à être progressivement retiré du service à partir de 2023 en raison de problèmes avec les caractéristiques opérationnelles.
source : Observateur Continental
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