Voile et enseignement, jusqu’où ira notre entêtement?

Voile et enseignement, jusqu’où ira notre entêtement?

Lundi, nous participions à la collation des grades de la Faculté des sciences de l’éducation de notre université. Nous célébrions la relève enseignante, tant attendue dans les écoles en cette veille de la rentrée scolaire. Une relève qualifiée, s’étant engagée et ayant réussi un parcours de formation universitaire. Nous vous félicitons, vous qui avez persévéré malgré les obstacles et êtes aujourd’hui fièrement diplômés ! Parmi vous, une dizaine de femmes portant le voile sont montées sur scène, plusieurs accompagnées de leurs jeunes enfants.

Ces femmes, principalement diplômées en éducation préscolaire et en enseignement primaire, ont commencé leur formation avant l’adoption, sous bâillon et avec le recours à la clause dérogatoire, de la loi 21 qui interdit au personnel enseignant des écoles publiques et privées subventionnées de porter un signe religieux. Nous sommes hautement préoccupées depuis l’adoption de cette loi de son impact démesuré sur les femmes musulmanes.

Nous sommes aujourd’hui aussi consternées par notre aveuglement. Qu’est-ce qui est le plus dommageable actuellement pour nos enfants et la société québécoise ? Avoir une enseignante qualifiée qui porte un signe religieux ou avoir « un adulte » non formé en enseignement dans la classe ? Alors que se multiplient les nouvelles alarmantes quant à la pénurie de personnel enseignant et que nous avons urgemment besoin d’elles, nous refusons à ces femmes qualifiées leur place dans le réseau scolaire québécois.

Lundi, nous avons célébré la diplomation en enseignement de dix femmes portant le voile. Mais ce nombre est bien plus élevé. À celles n’ayant pas participé à la cérémonie s’ajoutent celles diplômées en 2019, en 2020, en 2021 et en 2022 n’ayant pas pu bénéficier du droit acquis, celles diplômées des autres facultés des sciences de l’éducation au Québec ainsi que celles ayant obtenu la reconnaissance de qualifications en enseignement acquises à l’extérieur du Canada.

Il faudrait également ajouter les femmes ayant renoncé à entreprendre une formation en enseignement ou un parcours de requalification en raison de la loi et celles ayant décidé de quitter la province pour enseigner ailleurs au Canada. Leur nombre est considérable.

En parlant des enseignantes et enseignants retraités, le ministre Bernard Drainville soutenait plus tôt cette semaine que « chaque enseignant retenu est un gain pour le réseau ». Si c’est le cas, que l’avenir de nos enfants et de notre société nous préoccupe et que nous croyons au principe d’égalité, n’est-il pas temps de permettre à toutes les personnes qualifiées en enseignement d’exercer leur profession ?


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