D’entrée de jeu, laissez-moi vous raconter une anecdote fort révélatrice de la soumission systémique aux technologies qui envahissent littéralement le monde «moderne». Dernièrement, lors d’un voyage d’agrément dans les Antilles, nous étions assis, ma femme et moi, dans le hall de notre hôtel en train de siroter un cocktail. À quelques mètres de nous, prenaient place, selon toute évidence, le père, la mère et leurs deux enfants, tous les quatre les yeux rivés sur leur cellulaire. Lorsque nous nous sommes levés pour aller à la salle à manger quelque trente minutes plus tard, les quatre membre de la famille famille n’avaient pas levé les yeux de leur bidule. Et dire qu’ils étaient probablement là pour passer des vacances en famille…
Dans la foulée de cette dépendance malsaine au cellulaire, le débat est ouvert par les temps qui courent sur la présence ou non du cellulaire à l’école. En ce qui me concerne, la solution est claire, le cellulaire doit être banni de l’école, point final. Cet engin électronique constitue, à mon sens, le plus grand perturbateur d’une saine communication entre la maître et l’élève.
De surcroît, il se faufile sournoisement dans les corridors, à la cafétéria, entre les cours, à la salle de récréation, si bien qu’il s’érige en obstacle impertinent contre le phénomène de socialisation si important, voire crucial, pendant les diverses étapes d’évolution des jeunes.
L’école incarne une mini-société sur laquelle il est toujours possible d’exercer un contrôle. Les gadgets électroniques, tel le cellulaire, vont carrément à l’encontre de la mission de l’école, à savoir ouvrir les jeunes au monde qui les entoure. Par conséquent, le MEQ a, non seulement le pouvoir, mais aussi le devoir de veiller à la poursuite de cette mission. Haro sur le cellulaire à l’école…
Bernard Lagaffe
De toute évidence, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, semble avoir développé une propension naturelle pour «se mettre les pieds dans les plats». Cette fois-ci, en réaction à l’ancienneté qui est responsable, selon le ministre, du fait que les nouveaux enseignants se retrouvent toujours à enseigner à des groupes difficiles, il a avancé l’idée qu’il serait souhaitable de confier aux jeunes enseignants des classes de maternelle 4 ans «qui sont moins exigeantes». «Je pense que ça pourrait être une belle façon de les amener à aller chercher cette expérience-là», a-t-il lancé.
Il n’en fallait pas davantage pour que les réseaux sociaux s’enflamment, notamment de la part d’enseignantes de classes de préscolaire. «Je suis profondément outrée, déçue et gênée par ces propos. Quelle opinion biaisée de notre travail vous avez!…Cessez de faire des commentaires aussi dégradants envers vos enseignants, surtout ceux du préscolaire. Montrez-leur plutôt de la reconnaissance afin de stopper cette pénurie et d’inciter les jeunes à choisir cette profession», peut-on lire.
On se souviendra qu’au printemps dernier, Bernard Lagaffe avait présenté ses excuses aux profs après le tollé soulevé par sa comparaison entre le salaire des députés et celui des enseignants. C’est un secret de polichinelle que Bernard Drainville n’a pas inventé la diplomatie. D’ailleurs, à cet effet, j’avais écrit un billet à l’effet que je ressentais de sérieux doutes sur le fait que Bernard Drainville était l’homme de la situation à titre de ministre de l’Éducation, et qui plus est, dans un contexte de négociation, où il lui faudrait «marcher sur des œufs», ce qui n’est pas, hors de toute, sa «tasse de thé»
Dans un contexte de pénurie de main d’oeuvre en éducation, dans lequel plusieurs enseignants d’expérience tirent leur révérences, débordés par la lourdeur de leur tâche, M. Drainville aurait tout avantage à proposer des mesures suscitant l’attractivité de la profession d’enseignant au lieu de multiplier les gaffes qui le disqualifient carrément aux yeux des enseignants.
Henri Marineau, Québec
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