Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (1)
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Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (5)
Qui a mis fin à la souveraineté de l’Ukraine ? (6)
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par Fabrice Garniron
Retour sur un mythe médiatique
Bellicisme et russophobie médiatiques
La russophobie : de quoi cette passion collective est-elle le nom ? Bellicisme à outrance, haine de l’Autre au nom du Bien, force du préjugé officialisé, surenchères guerrières et bonne conscience inébranlable, indignation sélective derrière les bons sentiments : la russophobie, autant de passions mauvaises encore une fois au rendez-vous de l’Histoire … comme en 14. À cette différence près que les postures haineuses d’aujourd’hui s’accompagnent d’une certitude : celle de ne pas avoir à payer le prix du sang. Et, autre nouveauté, le discours belliciste se déploie tous azimuts, envahit les coins et les recoins de l’opinion, alors que le pays n’est pas occupé, ni menacé de l’être, ni même officiellement en guerre. Étrange situation que cette mise en condition sans la menace qui la justifierait un tant soit peu. Étrange phénomène qu’une rhétorique de guerre sans guerre directe. S’agit-il de solidarité au sens fort du terme ? Non, nous l’avons vu : qu’est-ce que la solidarité avec un pays en guerre, et avec lequel on partage une commune aversion pour la Russie, quand il n’est pas question de payer le prix du sang ? Faudrait-il alors croire qu’il s’agit-il plutôt d’une solidarité à minima consistant à aider le faible supposé, l’Ukraine, contre le fort supposé, la Russie ? C’est sans doute le cas. Sauf que s’il est louable en général d’aider le faible, est-il moral d’encourager, mais de loin, quelqu’un à se battre jusqu’au bout, autrement dit jusqu’à la mort, alors qu’il n’a que très peu de chances de gagner ? Derrière la générosité de façade, transparait finalement un encouragement mortifère à faire payer un prix insupportable à celui qu’on prétend aider, mais tout en restant soi-même protégé. Plus que jamais, c’est le moment de rappeler que le jusqu’auboutisme des planqués a toujours été l’objet du mépris de ceux des tranchées.
Si encourager l’Ukraine à se battre jusqu’au dernier Ukrainien n’est guère moral, l’opinion y est pourtant encouragée par la satanisation médiatique de la Russie. Explicitement ou de manière subliminale, un mot d’ordre manipulateur traverse le champ médiatique : «On-ne-négocie-pas-plus-avec-Poutine-qu’avec-Hitler». Mot d’ordre mensonger et terrorisant, voire terroriste, qui tue dans l’œuf toute initiative individuelle ou collective visant à une solution de compromis. Surtout qu’il s’accompagne de la psychose russophobe attribuant à V. Poutine, nous l’avons vu, des buts qu’il n’a pas. Or, la guerre s’arrêterait instantanément si la neutralité de l’Ukraine et le droit à l’autodétermination des russophones de l’Est et de Crimée étaient acceptées par l’OTAN et Kiev. S’agirait-il d’objectifs frappés du sceau de l’impérialisme, en l’occurrence russe, alors que nombre d’hommes d’États américains ont eux-mêmes dit qu’ils étaient légitimes ?. Encourager Kiev à faire la paix avec un ennemi qui n’a pas de revendications exorbitantes ni illégitimes épargnerait des vies par dizaines de milliers et aurait le mérite de concilier le principe de réalité face aux forces en présence et le courage, celui d’affronter le consensus belliciste. Sans oublier que concilier courage et réalisme permettrait aussi d’introduire ce qui manque cruellement aux va-t-en-guerre, à savoir la compassion l’égard des populations civiles et des soldats de l’armée qu’ils prétendent soutenir. Pour ne pas parler du tribut payé par la partie russe.
Cette solution de compromis n’a toutefois pas l’heur de plaire aux entreprises médiatiques. «L’opinion, ça se travaille» disait Jamie Shea, un ancien porte-parole de l’OTAN. Tout se passe comme si nos médias faisaient en sorte d’épargner à ceux qui vivent dans le confort ô combien précieux de la paix les inconvénients moraux du bellicisme de salon. C’est ainsi que les faiseurs d’opinion ont, pendant plus d’un an, incité à croire à la victoire prochaine de l’Ukraine en répercutant les communiqués triomphants de la propagande kiévienne qui, en effet, ont entre autres avantages, celui d’éviter à l’opinion les tourments de la mauvaise conscience. Comme le dit Jacques Baud : «Si l’opinion savait quel coût humain réel payent les Ukrainiens, ils demanderaient l’arrêt immédiat des hostilités». Raison pour laquelle il faut impérativement dissimuler ce coût inacceptable payé par l’armée ukrainienne et ainsi entretenir, avec la bonne conscience, la mobilisation de l’opinion.
Quant à la question de savoir qui est le fort et qui est le faible, un effort rétrospectif peut aisément montrer que du 22 février 2014, date du putsch, au 24 février 2022, les faibles étaient incontestablement les Russes du Donbass. Et, s’il est vrai qu’après le début de l’attaque russe ils étaient en meilleure posture, ils ont continué à être l’objet de bombardements totalement gratuits du fait des forces ukrainiennes, leur but étant uniquement de terroriser la population civile. Et, loin d’être les «forts» de la propagande médiatique, les Ukrainiens du Donbass et de Crimée restent sous la menace d’une épuration ethnique en cas de victoire ukraino-occidentale. Enfin, faisons remarquer que 31 pays de l’OTAN, dont trois puissances nucléaires, aident Kiev contre la Russie, ce qui devrait pour le moins nuancer la vision d’un conflit où les Russes seraient les «forts» et les Ukrainiens les «faibles». N’est-ce pas d’ailleurs en tant que «forts» que se sont perçus les pays de l’OTAN eux-mêmes, persuadés qu’ils étaient de mettre la Russie à genoux tant militairement qu’économiquement ? C’est donc à coups de poncifs et d’émotions manipulées, de mensonges et d’occultations, que les médias mobilisent l’opinion, dirigent sa solidarité, détournent et captent sa générosité.
Monopole du discours légitime et parti unique
Mais au-delà du bellicisme, ne sommes-nous pas face à une dérive totalitaire ? Certes, une dérive totalitaire, aussi inquiétante soit-elle, ce n’est pas la même chose que le totalitarisme. Sauf qu’une dérive peut en être le prélude, même s’il est vrai qu’on n’interne pas, qu’on ne déporte pas, qu’on n’assassine pas. Une incontestable et heureuse différence. Mais quel que soient les divers sens donnés au terme de «totalitaire», ils ont en commun la prise de possession intégrale des esprits, le refus du débat démocratique et la diabolisation des dissidents, la manipulation des foules et leur fanatisation en vue de la guerre. Il s’applique donc parfaitement au formatage auquel s’emploient les entreprises médiatiques depuis la guerre en Ukraine, même si leur russophobie était présente bien avant. Comment en effet ne pas s’alarmer quand ceux qui ne se reconnaissent pas dans le discours dominant ont peur, peur de le dire sur leur lieu de travail, à leurs amis ou en famille ? Comment ne pas s’alarmer quand l’endoctrinement généralisé et les mensonges médiatiques visent également les enfants, devenus une masse politiquement mobilisable ? Comment ne pas s’alarmer quand tout discours de paix est non seulement interdit d’antenne mais proscrit à presque tous les niveaux de la vie publique ? Comment ne pas s’alarmer face à cette mise au pas de masse, au fanatisme obligatoire, à la déréalisation collective, à l’obligation de penser conforme, à la psychiatrisation des opinions supposées illicites, aux insultes envers les récalcitrants et à l’intimidation des hésitants ? De ce point de vue, le fait que cette dérive totalitaire n’est plus le fait de l’État ni change rien. La dérive en question est aujourd’hui le fait d’une autre machine à formater l’opinion, le «quatrième pouvoir».
Pour imposer son «monopole du discours légitime», le totalitarisme médiatique prospère sur deux impostures. D’abord celle de l’«expertise», qui impose le défilé rituel des vrais ou faux experts. Dûment sélectionnés, ils sont là pour confirmer une ligne éditoriale qui est avant tout politique. Le statut de l’expertise, qui est supposée renvoyer à la neutralité technicienne, entretient l’illusion d’une validation quasi scientifique de choix qui relèvent le plus souvent de la pure propagande. Défilé dont sont exclus, bien entendu, les experts qui pourraient tout aussi «scientifiquement», valider un point de vue contradictoire. Pire, le défilé des experts officiels suggère fallacieusement qu’une expertise différente ne peut même pas exister.
Tout par conséquent est fait pour empêcher que les citoyens puissent réfléchir par eux-mêmes à partir de données contradictoires. Les auditeurs, téléspectateurs et lecteurs semblent être une masse qu’il faut sans relâche «travailler» et garder sous contrôle idéologique par un matraquage continuel. Informer, préoccupation pour le moins lointaine, doit impérativement s’effacer devant le seul objectif qui vaille : mobiliser.
L’autre imposture est celle de la morale. Là encore, la fausse morale a le même rôle que la fausse science de l’expertise : elle doit être instrumentalisée pour imposer, redisons-le, ce «monopole du discours légitime». Depuis la guerre en Ukraine, se vérifie de manière caricaturale une dérive commencée bien avant, celle de médias d’État ou privés, mais subventionnés, qui s’emparent de la morale pour légitimer fallacieusement leur idéologie atlantiste et européiste et exclure les opinions qui la contredisent. Les passages à l’antenne de tel ou telle personnalité non conforme à la doxa n’y changent rien : le «la» est bel et bien donné par les journalistes/idéologues, qui mettent en scène leur rôle de dépositaires du discours légitime. Car le système est si bien rôdé que le discours d’un invité à rebours de la ligne est toujours, quoi qu’il arrive, supposé partisan, alors que celui des journalistes/idéologues de plateau passe d’office pour la voix de l’objectivité et de la raison. Atteignant des sommets de bonne conscience et de complaisance, ils se sont persuadé que les idées auxquelles ils sont hostiles ne peuvent être qu’immorales et à ce titre n’ont pas droit de cité. Une sagesse ancienne incite à se méfier de ceux qui, généralement peu économes en effets de manche, proclament que leurs choix politiques sont réductibles à des choix moraux. Qu’ils le croient, ou qu’ils feignent de le croire, peu importe, on sait que chez eux la morale n’est le plus souvent que le cache-sexe de leurs opinions et un faux-fuyant pour s’éviter les risques du débat. Autant de dérives qui sont celles des entreprises médiatiques, mais à un détail essentiel près : leur discours est le fait de personnes qui sont payées pour le tenir et qui, comme chacun sait, ne le seraient plus du jour au lendemain si elles en tenaient un autre.
Pour entretenir la légende de leur haute valeur morale, ils font montre d’un incontestable savoir-faire, prenant bien soin, à tout propos, de mettre en scène leur intrinsèque bonté, leur hauteur compassionnelle, leur capacité à s’apitoyer sur toute souffrance humaine, voire animale. En réalité, leur compassion est invariablement sélective, toujours fonction de l’identité de la victime, jamais de sa souffrance réelle. La guerre en Ukraine, comme les guerres en Yougoslavie montrent à l’envi ce dont les victimes sont l’objet : d’un tri draconien. Pas plus qu’il n’était question d’émouvoir un seul instant sur le sort des Serbes pendant les guerres en Yougoslavie, il n’est pas question aujourd’hui d’attendrir l’opinion sur celui des russophones du Donbass bombardés. Pendant huit années, rappelons-le, ils l’ont été dans une indifférence médiatique générale. L’émotion médiatiquement construite est impitoyablement conditionnée par les partis pris politiques et idéologiques. On peut être admiratif de ce succès tant il est impressionnant : malgré un certain désamour de l’opinion, nos médias continuent de faire croire à leur magistère moral alors que, toute honte bue, ils ont systématisé depuis des décennies les méthodes du mensonge et de l’occultation afin de fabriquer les consensus pro-guerre.
Moyen torve de protéger les options médiatiques et à faire croire à leur caractère incontestable, le recours à la pseudo science de l’expert ou l’instrumentalisation de la morale servent donc avant tout à conjurer la menace du débat démocratique et à maintenir le degré d’ignorance indispensable pour entretenir le bellicisme de l’opinion. Cynique ou hypocrite, en tout cas mensongère, la synthèse de la morale et de la politique qu’elles prétendent implicitement incarner sert de prétexte à entretenir l’entre-soi idéologique et sociologique, et ostraciser ceux qui ne s’y reconnaissent pas, bref, à conserver leur pouvoir.
Vers le parti unique ?
Au faîte de sa puissance, le pouvoir médiatique parait être devenu un ersatz de pouvoir ecclésiastique, pourvoyant au besoin de croyance d’une société atomisée et en proie au vide religieux. D’où la croyance ombrageuse ou quasi fanatique qu’il suscite chez ceux qui tombent sous son influence. Il y a un demi-siècle, l’«honnête homme» pensait qu’il était de son devoir de confronter les points de vue, de diversifier les sources pour comprendre le bruit du monde. Pas les adeptes contemporains du pouvoir médiatique. Eux sont convaincus que la parole médiatique suffit pour connaitre le Juste et le Vrai. Ce pouvoir prescrit et proscrit, sépare le bon grain du Vrai et du Bien de l’ivraie du Faux et du Mal, suscite et flatte un communautarisme médiatique bien-pensant au nom de «valeurs» dont il serait le détenteur et gardien. Sauf que la réalité du monde médiatique ne ressemble guère à ce qu’il est supposé incarner. Car une entreprise médiatique est d’abord une entreprise économique, et le plus souvent assez peu sociale. Les «journalistes vedettes» sont payés des sommes exorbitantes pendant que les autres sont nombreux à être en situation précaire. Mais du haut en bas de l’échelle, personne n’ignore, à la place qui est la sienne, ce qu’il convient de dire et surtout de ne pas dire. Le plus souvent même, leurs employés sont suffisamment bien sélectionnés et formatés idéologiquement pour n’avoir pas l’idée d’une quelconque initiative individuelle à rebours de la ligne. Ceux qui sont en haut de la hiérarchie n’y ont aucun intérêt : pourquoi tueraient-ils la poule aux œufs d’or ? Quant à la «piétaille» journalistique précarisée, elle n’a aucune envie de pointer ou re-pointer au chômage. Lorsque l’information, qui est supposée avoir un rapport privilégié à la vérité, à l’objectivité et par conséquent à l’honnêteté intellectuelle, est soumise à pareilles contraintes idéologiques et pécuniaires, nous ne sommes plus exactement dans l’univers angélique de courageux défenseurs de «valeurs» mais plutôt dans un monde de corruption officialisée. La thèse éculée selon laquelle les médias seraient «indépendants» et donc «objectifs» est donc à prendre avec toute l’ironie du monde. Ils dépendent de l’État, qui les subventionne, et du pouvoir économique et financier, qui les crée et les contrôle. Une situation qui, on en conviendra, n’est guère favorable à l’«indépendance» et à l’«objectivité». Sans compter qu’elle est historiquement inédite.
Rappelons qu’en mars 1944, le programme du Conseil national de la Résistance recommandait solennellement que dans la France libérée un certain nombre de mesures d’urgence soient prises pour «instaurer (…) un ordre social plus juste». Pour y parvenir, il fallait que soit assurée «la liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères». On nous accordera que ce n’est pas trahir l’esprit de ce texte que d’étendre aux médias d’aujourd’hui ce que le CNR voulait voir appliqué à la presse. Or, nous en sommes plus loin que jamais : aujourd’hui, 80 ans après, les entreprises médiatiques sont organiquement liées à la fois à l’un et aux autres. Leur importance est telle aujourd’hui qu’elles sont devenues un parti qui n’en a pas le nom. Un parti qui oblige les partis officiels à composer en permanence avec son pseudo magistère pontifiant et dictatorial. Comment expliquer autrement que des chefs politiques, comme Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen, qui avaient l’un et l’autre des positions équilibrées sur la question ukrainienne, en tout cas différentes du consensus fabriqué des médias, soient devenus inaudibles ? La réponse n’est guère difficile : leur silence ne s’explique que par la peur de perdre les suffrages de leurs électeurs, qui sont comme les autres massivement sous influence médiatique. Tout chef politique sortant des lignes définies par le parti de la guerre, celui des médias, serait immédiatement sanctionné par lui et perdrait de son influence, quand il ne serait pas diabolisé et excommunié. Un risque que seuls des hommes politiques électoralement faibles peuvent prendre. Avec le parti médiatique, les partis traditionnels deviennent accessoires. C’est un parti aux mains d’une oligarchie, qui échappe à tout contrôle démocratique, qui s’impose à l’ensemble des partis politiques, qui façonne dans le sens du bellicisme l’opinion publique et dont dépend la politique étrangère de la France. C’est le premier «parti» de France, détenu par moins de dix milliardaires. Il n’est pas loin d’être un nouveau genre de «parti unique».
L’homo médiaticus
Quelles perspectives pour la paix ? Un constat réaliste n’incite pas à l’optimisme et rappelle que les espoirs de paix sont aussi minces que les torts occidentaux sont considérables. Surtout que nos médias attisent sans discontinuer l’esprit belliqueux de l’opinion et persévèrent dans leur présentation quasi délirante du conflit, notamment en soustrayant à la connaissance de l’opinion tout ce qui pourrait lui permettre non seulement de le comprendre mais d’envisager une perspective de paix. On constate tous les jours les dégâts de cette propagande dès qu’on est confronté à un Occidental sous son influence. En faire le portrait-robot n’est en effet pas difficile : il est le plus souvent viscéralement antirusse alors qu’il ignore tout des principales étapes du conflit et de sa genèse. Son point de vue se limite le plus souvent à quelques formules, étonnamment identiques du bas en haut de l’échelle de l’instruction, et comme apprises par cœur. Invariablement convaincu que la passion antirusse tient lieu d’argument, toute critique de l’information officielle des médias suscite le plus souvent son agressivité. Et l’on constate aussi invariablement que la guerre en Ukraine commence pour lui le 24 février 2022 et qu’il ne sait rien de ce qui s’est produit avant. Quant à ce qui s’est passé après, ce qu’il en sait se limite presque toujours à l’écoute des bulletins des chaines d’infos. Il n’a par conséquent jamais entendu parler du putsch de Maïdan de février 2014, ni du massacre sous faux drapeau avec ses centaines de victimes, ni de la conversation piratée entre Catherine Ashton et Urmas Paët révélant qui étaient les auteurs du bain de sang. Pas plus qu’il n’a entendu parler de la conversation entre les Américains V. Nuland et Pyatt décidant de la composition du gouvernement de l’Ukraine, ni des décisions officielles de réhabilitations de nazis ukrainiens, ni du discours de Porochenko à Odessa vouant ses concitoyens du Donbass et leurs enfants à vivre sous terre s’ils continuaient à soutenir les «séparatistes». Pour ce consommateur de médias, ces Ukrainiens du Donbass ne semblent d’ailleurs même pas exister. Bref, il est probable que si des torts aussi accablants que ceux résumés ici avaient été le fait des Russes, cet Occidental en aurait été dûment informé par les entreprises médiatiques…
Foulant aux pieds toute déontologie de l’information, notamment la Charte de Munich, les médias semblent n’avoir finalement pour rôle que d’alimenter l’hostilité publique à l’égard de la Russie et d’occulter tout ce qui pourrait l’atténuer. Un quelconque récapitulatif un tant soit peu neutre des évènements est donc exclu. Rarement le mot de bourrage de crâne, inventé pendant la 1ère Guerre mondiale, a été autant d’actualité. La propagande a donc atteint son but aussi bien, sinon mieux, qu’elle aurait pu le faire dans un contexte totalitaire : l’opinion n’est pas loin d’être possédée.
Pour entretenir la flamme russophobe, nos médias, du haut de leur prétendu anti nationalisme, dénoncent aujourd’hui un regain de nationalisme en Russie. Il serait toutefois erroné d’interpréter ces postures comme relevant d’un anti nationalisme de principe. Car les mêmes médias flattent sans état d’âme ni vergogne le nationalisme ukrainien, un nationalisme dont la virulence raciste est sans équivalent en Europe depuis la fin du IIIème Reich. Nous avons vu qu’il puise dans le passé nazi avec la glorification officielle d’un collaborateur de la shoah, Stepan Bandera. Personnage qui est loin d’être seul à bénéficier des honneurs officiels. Car dans plus de soixante villes ukrainiennes, des noms de rue, des plaques commémoratives, des statues, des écoles rebaptisées, rendent hommage à d’autres activistes ukrainiens complices de l’extermination aux côtés des nazis. Aussi nombreux et accablants qu’ils soient, ces faits n’empêchent toutefois pas les médias d’ironiser en invoquant la sempiternelle «propagande russe» à propos de tout ce qui rappelle l’allégeance actuelle des dirigeants kiéviens aux nazis ukrainiens du passé. Ils préfèrent présenter ce nationalisme comme une réaction légitime aux visées «néo impériales» de la Russie, épouvantail systématiquement brandi pour alimenter les fantasmes russophobes.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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