par Sylvain Laforest
Vous trouverez toujours quelqu’un pour ridiculiser une théorie élaborée en la comparant à «une partie d’échecs en 3D», comme si personne n’était capable de jouer aux échecs en 3D. Or, il est divertissant de constater que Vladimir Poutine mène depuis 2008 une partie d’échecs en 3D pour mettre un terme au mondialisme, l’idéologie maitresse pour dominer la planète d’une toute petite élite internationale composée des banques internationales, grands fonds d’investissements et leurs multinationales. Il ne sert à strictement rien d’observer le monde à travers une loupe politique, puisque le FMI, la BRI, la Banque mondiale, la FED, BlackRock et Vanguard mènent le monde à travers leur contrôle sur les pétrolières, multinationales, pharmaceutiques, médias, ONG et leur porte-parole visible qu’est le Forum économique mondial de Davos. La CIA et l’OTAN n’écoutent pas les présidents et Premiers ministres, ils sont tous à la solde de cette clique mondialiste dont les terminaisons américaines sont le Council on foreign relation et la Commission Trilatérale. Biden, Macron, Trudeau et Scholz sont de simples exécutants, de vulgaires pions sur l’échiquier.
Ainsi, la lutte à mort actuelle entre deux idéologies est strictement économique. Ce n’est pas celle des USA contre la Russie ou la Chine, mais celle des Mondialistes vs les Nationalistes. Le New World Order, qui contrôlait depuis 1944 la civilisation mondiale, est aujourd’hui menacé par ceux qui veulent qu’on respecte la souveraineté et l’indépendance des nations, un mouvement amorcé par un seul homme, Vladimir Poutine. Car voilà, les politiciens nationalistes ne se contentent pas d’être des pions, mais utilisent réellement le pouvoir dont on les a investis. Heureusement, Poutine n’est plus seul, parce qu’il a mené d’une main de maitre sa partie d’échecs en 3D, qui arrive à terme.
Avant de continuer, je justifie immédiatement l’utilisation de l’expression anglaise New World Order, plutôt que la francisée Nouvel Ordre Mondial. D’abord c’est un concept anglo-saxon, pas français. Ensuite, c’est une erreur importante de traduction : le New World Order date de 1944 et coïncide avec la conférence de Bretton-Woods ayant imposé le dollar américain comme monnaie de réserve internationale, suite à la seconde guerre mondiale. Comme essentiellement, le monde transitait de l’empire britannique à l’empire américain, ce qu’on devrait appeler l’Ordre Mondial du Nouveau Monde fut imposé en 1944, et est aujourd’hui menacé par une partie de la planète qui se rebelle.
Pour comprendre l’état du monde en cet automne 2023, on doit posséder une boite à outils complète : clouer une vis avec un marteau n’a jamais rien donné de bon, et en ce moment, la plupart des journalistes et analystes, indépendants tout comme mainstreams, tentent de percer des trous avec un rabot, parce que la plupart ignorent quelques préceptes de base, à la source de TOUTE la géopolitique mondiale actuelle. L’importance primordiale de l’analyse économique sur sa déclinaison politique en est un, et en voici un autre encore plus important.
Un talon d’Achille
Entre 1999 et 2008, Vladimir Poutine a tout essayé pour intégrer la Russie à la communauté internationale, à la seule condition que la souveraineté de la Russie y soit respectée. Le 10 mars 2007, suite à l’annonce du président américain Bush jr que l’Ukraine et la Géorgie devenaient candidats pour l’OTAN, Poutine lance un premier avertissement à l’organisation qui doit cesser ses provocations par son expansion illégitime, puisqu’une promesse avait été faite en 1990 à Gorbatchev que l’OTAN ne s’étendrait pas vers l’est, ce qu’elle n’a jamais cessé de faire depuis jusqu’aux frontières de la Russie. Avec la guerre de Géorgie en 2008, Poutine comprend enfin que jamais la clique mondialiste ne laissera la Russie se gérer comme elle l’entend. Il n’avait que deux options : laisser tomber le peuple russe et livrer son pays aux banques, ou alors, détruire le mondialisme. Chose plus facile à dire qu’à faire, puisque la clique contrôle la création monétaire et l’économie mondiale, et par extension, la plupart des armées du monde.
J’ai l’impression que Poutine a identifié assez tôt dans sa croisade que le talon d’Achille de l’empire des Banques était le secteur du pétrole. Pas les autres énergies, juste le pétrole. Il y a longtemps que l’Occident craint de perdre le contrôle du marché de l’or noir qu’il tenait jadis au creux de la main par les menaces militaires aux pays producteurs. Au début des années ’70, Libye, Syrie, puis un peu plus tard l’Iran, sont sortis de ce contrôle, ce qui activa le Plan B du «réchauffement climatique causé par le CO2» (produit de la combustion du pétrole), et la soudaine importance d’envisager un jour une transition énergétique vers d’autres sources énergétiques pour sauver la planète du brasier imaginaire. Malheureusement pour la clique qui en rêvait au début du Plan B, ils n’ont jamais trouvé une énergie capable de remplacer le pétrole pour les cargos de marchandises, les avions, l’agriculture et les armées. Et ce n’est pas faute d’avoir cherché une alternative, mais à ce jour, le pétrole reste la seule énergie pour faire fonctionner l’économie mondiale, basée sur les transports des biens. Et puis il y a le double problème du pétrodollar : comment justifier la valeur d’une monnaie sur une énergie hors de son contrôle ? Le dollar sans le pétrole, ni l’or abandonné en 1971, est une monnaie de singe. Ah mais, le Canada et les USA sont en haut de la liste des producteurs mondiaux ? Absolument, mais leurs exploitations compliquées sont trop couteuses, elle perd même de l’argent aux États-Unis, où il est plus avantageux d’acheter du pétrole que de le produire. Et ils ne peuvent plus réguler les prix pour rentabiliser leur production. Or, qui contrôle le pétrole contrôle le monde. Soit, tu vends la seule énergie qui fait fonctionner l’économie, soit tu en es un client.
Dans un contexte de cette production Nord-Américaine onéreuse, et de réserves décroissantes aux USA, le château de cartes mondialiste tremble donc sur cette énergie évanescente. Et c’est ici qu’opère la magie du maestro des échecs en 3D, qui se mit en tête de saigner à blanc le mondialisme en lui retirant son sang, le pétrole. Pour y arriver, il lance en 2008 une refonte complète de l’appareil militaire russe qu’il doit rendre quasi-invincible. Au fil de la décennie suivante, la Russie se met à inventer les meilleurs systèmes défensifs que sont les S-400 et Pantsir ; les meilleurs brouilleurs électroniques tel que le Mourmansk-BN ; une panoplie de missiles offensifs hypersoniques inarrêtables, dont les Kinjals et Zircons ; les meilleurs avions et bombardiers de la gamme Soukhoïs ; enfin, les cauchemars nucléaires dissuasifs Sarmat, Avangard et Poséidon qui exposent les flancs de l’Occident sans aucune défense possible. Outre les sous-marins, Poutine n’a pas perdu son temps à fignoler la marine, fleuron et seul avantage notable de l’Occident, car en cette époque de missiles hypersoniques, les porte-avions sont désormais des canards flottants en attente de couler.
En couplant ce réarmement d’une refonte de l’armée russe, étatisant au passage la production des armes pour contrer les coûts prohibitifs qui viennent avec le secteur privé comme celui qui draine les économies occidentales, puis en créant la société privée Wagner, il a bel et bien créé une machine militaire invincible, et souple. D’où son attaque en 3D, bouffant les pions sur trois étages, en permettant aux producteurs de pétrole de gagner leur indépendance, avec la promesse de protéger leurs arrières par la désintégration du contrôle des mondialistes sur ce marché crucial.
Les globalistes attaqués
Les banques internationales ont vu venir le coup et ont tenté de prendre Poutine de vitesse, en lançant dès 2011 le Printemps Arabe dans 9 pays stratégiques, dont la Syrie, l’obstacle principal bloquant le vieux plan d’élargissement d’Israël (The plan for Greater Israel, publié en 1982), soit une métaphore pour la prise de contrôle de presque tout le pétrole de la péninsule arabique par Israël, le mandataire du New World Order au Moyen-Orient. En 2011, la Russie n’était pas encore militairement prête pour intervenir, et Poutine observa avec horreur le sort réservé à Kadhafi, grand nationaliste qui avait préservé la Libye du chaos occidental pendant quatre décennies.
La Russie n’était toujours pas prête en 2014 et il a regardé la CIA faire la révolution en Ukraine et commettre de nouvelles atrocités, dont un massacre à Odessa, les bombardements sur la population du Donbass, et le souffle chaud de l’OTAN qui se rapprochait. Dès l’année suivante, même si la Russie n’avait pas encore complété son nouvel arsenal, Poutine a compris qu’il fallait risquer de perdre sa reine pour empêcher Bashar el-Assad de tomber en Syrie, et le 29 septembre 2015, il s’attaque enfin aux faux terroristes/vrais mercenaires occidentaux que sont ISIS et al-Qaida, mandatés pour mettre la Syrie au diapason occidental. Cette aide déterminante à l’armée syrienne fut un premier coup de pied direct du leader russe sur le New World Order. En empêchant les mondialistes d’écraser la Syrie, Poutine les a empêchés de rassembler tous les derricks d’Irak, Syrie, Koweit et en partie, ceux de l’Arabie saoudite et de l’Égypte, ou en d’autres mots, le contrôle assuré du marché du pétrole. Pour l’Occident, Poutine est devenu l’ennemi juré n°1.
En février 2022, la Russie était enfin prête. S-400, Kinjals, Zircons, brouillage électronique, artillerie, drones, dernière génération de Soukhoï, Sarmat et Avangard, tout y était. En entrant en Ukraine, Poutine savait qu’il affronterait l’OTAN au complet, qui y investirait argent, équipements et hommes, pour se rendre à l’évidence que face à la nouvelle armée russe, rien de l’onéreux arsenal de l’OTAN ne tient la route. La seule chose que son équipement militaire fait mieux que l’équipement russe, c’est de bruler. Pour les Ukrainiens conscrits qui ne se réclament pas de Stepan Bandera, la débâcle est une indicible tragédie, mais si Poutine avait laissé faire, ce serait une apocalypse qui embraserait bien au-delà de l’Ukraine.
Sabordage économique
Pour les mondialistes, la plandémie de coronavirus fut un prélude nécessaire pour terroriser les peuples et s’assurer de leur obéissance pour quand viendrait le pénible changement d’une démocratie vers le totalitarisme austère prévu au programme du Forum économique. Avec l’abandon d’une partie du pétrole, l’Occident déclenchait du même coup l’autodestruction de ses économies. De plus, l’élimination des petits commerces en faillite favorise à la fois les affaires des multinationales et libère l’espace nécessaire pour la construction de villes 15 minutes, d’autres objectifs des ploutocrates. Toutes les absurdités scientifiques actuelles, que ce soit le réchauffement climatique anthropique, la propagande du véganisme, le plastique dans les océans, la transition aux éoliennes et autres thèmes saugrenus, sont reliés au simple fait que l’occident est devenu client du pétrole, dont elle ne contrôle plus le prix, ni l’approvisionnement. Comme leurs médias perdent massivement le contrôle sur la pensée du peuple, ils n’ont d’autre choix que de sombrer dans le totalitarisme via l’identité numérique et le crédit social, s’ils veulent éviter de se faire lyncher sur la place publique pour 3 ans d’assauts continus contre la population.
Le surendettement massif des nations au nom du soutien pour un virus imaginaire était aussi voulu, pour justifier une relance par le Grand Reset (ou Grande Réinitialisation) des monnaies, incluant l’annulation des dettes nationales en échange de l’abandon de la propriété privée et la création d’une seule monnaie commune crypto, sans papier imprimé, les CBDC. Dans la situation actuelle, cette monnaie n’aurait aucune valeur, car une partie trop importante de la planète ne veut pas de cette réinitialisation de quelques pays ayant volontairement creusé leur tombe et qui n’ont rien pour insuffler une valeur à cette monnaie, même pas la confiance.
La botte secrète de Vlad
Le problème pour l’Occident est que pour fonctionner, le Grand Reset doit être global, et encore une fois, Poutine a paré l’attaque en créant un système économique parallèle au SWIFT, avec l’aide de la Chine et de l’Inde. Plusieurs facettes de ce système économique russo-chinois sont devenues des noms familiers : Coopération de Shanghai, nouvelle route de la soie, les BRICS. Ils travaillent tous dans le même sens, réglant leurs importations avec les monnaies nationales, dans un élan commun de dédollarisation. Le système SWIFT commence sa dérive, plus personne ne veut traiter avec les menteurs occidentaux qui saisissent et sanctionnent au gré des humeurs, et comme la Russie est maintenant la plus forte, les pays n’ont plus peur de sauter la clôture du nationalisme, en devenant des transfuges du mondialisme.
Du côté des producteurs de pétrole, Iran, Venezuela, Algérie et Qatar sont déjà à l’abri, et est venu en 2023 un coup fumant sur l’échiquier, quand l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis se sont mis en tête d’adhérer aux BRICS. L’Occident a perdu ses deux tours. Il ne reste pratiquement qu’à évacuer les USA de Syrie, d’Irak et de Libye pour que Poutine termine de rallier tous les producteurs importants.
Le bulldozer multipolaire travaille sur plusieurs plans : après que Russie, Inde et Chine aient tous boudé la COP-21 de Glasgow en 2021, il devient de plus en plus difficile pour l’Occident de maintenir son narratif réchauffiste, alors qu’une partie du monde ne fait plus semblant de sauver la planète. Si vous doutez de l’implication de la Chine, sachez que Xi vient officiellement d’abandonner les Accords de Paris sur le climat (juillet 2023), handicapant l’histoire officielle du réchauffement de la planète par le CO2, ce carbone instrumentalisé pour démolir la vie des gens qu’on veut plonger dans un totalitarisme orwellien. Les pays du BRICS ont choisi de continuer à développer leurs économies avec la seule ressource disponible pour les transports, le pétrole. Leur motivation est loin du mondialisme imposé par l’impérialisme militaire, mais cherche la prospérité engendrée par la coopération. Les BRICS ont choisi la réalité et l’humanité.
L’Afrique se soulève
Le tsunami de nationalisme engendré par la dextérité géopolitique de Poutine est en cours et gonfle comme voile au vent. Le cas tout récent du renversement de la marionnette occidentale au Niger, au moment exact où se tenait le sommet Russie-Afrique, est symptomatique des temps : la Russie est en train de rallier trois continents presque entiers à sa cause. En voyant l’Asie, l’Afrique et l’Amérique du sud lui filer entre ses doigts, annonçant la fin-finale de la colonisation, la clique mondialiste perd après le pétrole le restant des ressources qu’elle pillait chez autrui. Les anciennes colonies ne craignent plus les dettes du FMI, parce qu’il y a maintenant une porte de sortie et qu’elles se savent protégés. Si vous doutez encore de la peur que provoque l’arsenal militaire et nucléaire russe aux mondialistes, consultez vite la liste d’une trentaine de pays ayant déjà signifié leur intérêt pour joindre le nouveau système économique russo-chinois.
Tout au long de sa partie en 3D, Poutine a fait les bons choix. Désormais, les gouvernements occidentaux sont placés devant un mur, et pour l’abattre, ils n’ont d’autre choix que d’abandonner l’idéologie mondialiste et le système économique érigé en tyrannie mondiale par les banques internationales et autres ploutocrates, pour monter dans le train multipolaire économique des nationalistes, où autonomie et souveraineté seront respectés. Ils doivent sacrifier reine et roi pour survivre. L’alternative est de risquer la révolution des peuples en les enfonçant dans un marasme social et un trou économique dont les banques ne se sortiraient jamais. Mais que faire des dettes ? On n’a qu’à couper le fil avec les banques, qui seront emportées par le poids des dettes qu’elles ont provoquées, et faire ce qui est à la mode du côté de la multipolarité, c’est-à-dire opter pour des monnaies nationales.
L’empire du mensonge n’a plus de plan B ni C, ni D. L’Occident est isolé, son armée est nue, ses missiles désuets, ses médias en disgrâce et ils perdent la main sur toutes les ressources qui abreuvent sa richesse factice. Sous des pressions internes qui ne veulent plus d’un plan de destruction économique sans résolution possible au bout, les gouvernements mondialistes des Young leaders du FEM tombent ; Ardern en Nouvelle-Zélande, Sanchez en Espagne, Rutte au Pays-Bas et les autres suivront. Et on devra les remplacer par de vrais nationalistes, pas des mondialistes déguisés à la Giorgia Melloni. Si Trump pouvait déloger les Démocrates en 2024, ce serait le clou final sur le mondialisme, entrainant son wokisme, son réchauffement imaginaire et son lent génocide médical des peuples dans la poubelle de l’histoire.
Désormais, vous pouvez prendre avec un grain de sel les multiples analyses géopolitiques qui distinguent les intérêts politiques des USA de ceux de l’UE, ou qui disent que «Biden défend à Zelensky de négocier» ; ce sont des attributs de la même ploutocratie, qui elle-même veut sacrifier l’Europe pour renflouer sa reine, américaine. Et puis, tout ce qui ne tient pas compte dans son cadre analytique de ce que Poutine a accompli via le pétrole est de la bouillie pour les chats. Et le plus tragique est que même si ça devient aussi évident que les yeux dans le visage, à peu près personne n’a encore compris. C’est le précepte de base à tout ce qui se passe aujourd’hui en 2023, et c’est pourquoi Bobby Fisher a décidé de ne pas jouer la partie de retour. Poutine a une avance militaire insurmontable et il n’attendra certainement pas que le complexe industriel militaire américain le rattrape : cette fois, il n’arrêtera pas tant que l’Occident ne couche son roi. Si ça ne vient pas après l’Ukraine, il continuera, et à quelques coups de l’échec et mat, il serait bien fou d’abandonner sa croisade.
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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