par B. Michael
Mes chers f&s [frères et sœurs] de la diaspora : je vous interpelle non pas en tant qu’Israélien, mais plutôt en tant que juif. Et je le fais non pas parce que la loi israélienne ne reconnaît pas l’existence d’«Israéliens», mais parce que mon judaïsme m’est beaucoup plus cher que ma citoyenneté ou ma patrie géographique.
Qu’on se le dise tout de suite : le fait que je sois juif ne me rend ni meilleur ni pire que n’importe quelle autre personne sur la planète. Mon judaïsme n’est que le cercle culturel, historique et éthique dans lequel je suis né et dont la préservation m’importe.
Pourquoi est-ce que je vous dérange, mes chers f&s ? Parce que depuis des décennies, l’histoire juive connaît un renversement compliqué et rampant. L’arrogante prétention d’Israël à être le représentant de tout le judaïsme, le leader de tout le judaïsme et le refuge de tout le judaïsme, est progressivement démasquée dans toute sa vacuité. Il ne reste rien non plus de l’illusion sioniste, si ce n’est d’énormes quantités de vilenie, de mensonges, de racisme et d’idolâtrie.
Le «peuple du livre» est devenu le «peuple de la terre», c’est-à-dire un ignorant. Le livre ne les intéresse plus guère, seule la terre compte. L’immobilier. Une étrange secte karaïte a pris le pouvoir, une secte qui n’a retenu de toute la Bible que le Livre de Josué, les commandements de génocide, la permission de piller et les promesses immobilières. Oh, et aussi quelques coutumes superstitieuses et croyances absurdes. Tout le reste a été mis de côté. Ces derniers mois, la révolution s’est achevée. La mutation judéenne que qui règne ici ne nous inflige, à nous Juifs, que disgrâce et corruption.
C’est pourquoi, mes chers f&s de la Diaspora, le flambeau vous est transmis. Désormais, vous êtes les gardiens de la flamme. Vous êtes chargés de prouver l’existence d’une version saine du peuple juif. Vous avez la responsabilité de maintenir une interprétation du judaïsme qui ne soit pas honteuse.
Cette nouvelle tâche qui vous a été confiée à partir de maintenant comporte une grave responsabilité historique, mais sa mise en œuvre pratique est très simple : il suffit de ne rien faire. Restez ce que vous êtes, qui vous êtes et où vous êtes. C’est tout. Il n’y a qu’une seule chose sur laquelle vous devez être très stricts : Vous ne devez en aucun cas «faire l’aliyah». Méfiez-vous de ce piège. Il vous corrompra comme il a corrompu presque tous ceux qui ont été pris dans ses filets. Regardez ce qui arrive ici au gouvernement, à l’éthique, à la religion, à la vérité, à la compassion humaine. Regardez ce qui arrive à l’éducation, à la santé, à la nature, aux personnes âgées, aux pauvres, aux prisonniers, aux membres des groupes minoritaires, aux personnes vivant sous occupation, aux non-Juifs.
N’envoyez pas non plus vos enfants ici en quête de sensations fortes et d’aventures. Ils n’y verront que la haine, le mal, la domination et le racisme. Leurs jeunes âmes auront du mal à surmonter les tentations du pouvoir et de la suprématie. Regardez ce qui arrive ici aux jeunes, aux soldats, aux policiers.
C’est pourquoi, dans votre intérêt et dans le nôtre, restez là où vous êtes. Donnez l’exemple d’un judaïsme normal. Dans votre esprit, voyez Abraham Joshua Heschel et non Bezalel Smotrich. Dennis Goldberg et non Itamar Ben-Gvir. Simone Weil et non Orit Strock. Helen Suzman et non Limor Son Har-Melech. Arthur Goldreich et non Amichai Eliyahu. Yosef Dov Soloveitchik et non Yitzhak Pindrus. Nadine Gordimer et non Galit Distal Atbaryan.
Mais ne faites pas votre «aliyah». Certainement pas maintenant, alors que nous sommes gouvernés par 64 petits Trump. Peut-être un jour. Dans le futur. Disons dans 2000 ans, quelque chose comme ça. Après tout, nous avons le droit d’apprendre quelque chose de deux Temples détruits, de trois royaumes désintégrés, de dix tribus disparues et d’un holocauste qu’un messianiste déplorable nous a infligé ici avec l’aide de son rabbin naïf et ardent.
Rappelez-vous donc : dans le monde orwellien que nous avons créé ici, l’aliyah (l’immigration juive en Israël) est une yerida (déclin). La yerida (dans le sens de quitter Israël) est une aliyah (ascension).
Source : Lire l'article complet par Réseau International
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