Les années se suivent et se ressemblent dans le monde de l’éducation. On a assisté à la période COVID avec son lot d’écueils eu égard à l’enseignement virtuel, et maintenant, la pénurie de main d’oeuvre occupe le haut des préoccupations des syndicats à quelques semaines de la rentrée scolaire. Au moment d’écrire cette lettre, c’est plus de 5 000 enseignants qui manquent à l’appel et ce, en excluant Montréal.
En plus du nombre restreint d’enseignants, les syndicats précisent que la main-d’œuvre est limitée dans les services de garde, chez le personnel de soutien et professionnel. Aux yeux de la présidente de la CSN, Caroline Senneville, il est «difficile d’attirer» mais surtout de «retenir» les personnes qui travaillent dans le milieu de l’éducation.
Personnel non qualifié
Face à un scénario aussi catastrophique, les centres de services scolaires (CSS) en sont arrivés à offrir des postes d’enseignants à du personnel non qualifié, et des postes de suppléants à des élèves de cinquième secondaire qui ont pratiquement le même âge que les élèves dont ils doivent assumer une surveillance efficace…
À titre comparatif, vous est-il déjà arrivé d’imaginer une offre d’emploi dans les médias autorisée par le Service de police ou le Service des incendies de telle municipalité recherchant des policiers ou des pompiers non qualifiés? Une hypothèse tout à fait inimaginable et irréaliste, l’engagement de tels candidats mettraient sérieusement en danger la sécurité des citoyens. Eh bien, il faut croire que le monde de l’enseignement n’a que faire des qualifications légales des futurs enseignants, et des inquiétudes des parents qui craignent pour la qualité de l’enseignement prodigué à leur enfant.
À mon avis, la pénurie d’enseignants qualifiés à laquelle nous faisons face est étroitement liée a une carence systémique d’attractivité chez les futurs enseignants qui assistent à des démissions en bloc en fin d’année scolaire quand ce n’est pas pendant l’année scolaire. Et cette nécessaire attractivité va ressurgir quand la lourdeur des tâches des enseignants, notamment liée à la présence croissante des élèves à besoins particuliers, s’estompera grâce à l’intervention de personnels spécialisés qualifiés.
Effets collatéraux chez les élèves
On dit souvent que l’humeur des jeunes est un signe avant-coureur de la température à venir. Dans cette foulée, qu’on le veuille ou non, le climat tendu qui règne dans une école se répercute sur le comportement des élèves, notamment lorsque ces élèves ont comme enseignant une personne n’ayant aucune expertise pertinente en pédagogie. Les jeunes vont rapidement détecter cette lacune et en profiter pour transformer la classe en terrain de jeux, un tel climat laxiste conduisant à un nivellement par le bas des plus malsains.
L’école est une mini-société où l’information, quelle qu’elle soit, véhicule à un rythme effréné, Ainsi, il en va de même de la remise en question de la compétence d’un tel prof, où du manque de contrôle des élèves de la part de tel autre. Depuis des décennies, le MEQ connaissait la pénurie annoncée d’enseignants, et rien n’a été fait pour pallier ce tsunami eu égard à la lourdeur de la tâche qui se profilait pour les années à venir. Au contraire, la tâche des enseignants s’est alourdie sans coup férir de la part du MEQ… Et aujourd’hui, c’est toute une génération de jeunes québécois qui subissent les conséquences incalculables de ce laxisme éhonté!
Henri Marineau, Québec
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec