Du Décalogue transmis à Moïse au mont Sinaï au commandement nouveau laissé par le Christ lors du sermon sur la montagne, l’art pictural a maintes fois représenté ces scènes bibliques dans lesquelles Dieu donne à son peuple des paroles de vie. Nous avons sélectionné ici cinq œuvres qui se démarquent par leur composition ou encore par la place qu’elles occupent dans l’histoire de l’art.
Gustave Doré. Moïse descend du Sinaï, Bible illustrée, 1866.
Cette œuvre du célèbre illustrateur français Gustave Doré relate la fin de l’épisode où Moïse se rend sur le mont Sinaï pour y recevoir les tables de la loi. L’Exode mentionne qu’il serait resté 40 jours et 40 nuits sur la montagne avant d’en redescendre. Moïse occupe la majorité de l’espace pictural pour bien souligner qu’il est le personnage le plus important de l’ensemble. Il tient les tables de la loi dans la main droite et pointe vers le ciel de la main gauche, ce qui indique visuellement l’origine divine de la loi. Le livre de l’Exode (34,27) mentionne: «Le Seigneur dit encore à Moïse: “Mets par écrit ces paroles, car, sur la base de celles-ci, je conclus une alliance avec toi et avec Israël.”»
Le second élément iconographique distinctif servant à identifier Moïse est la présence d’un faisceau lumineux formant ce qui semble être une paire de cornes sur sa tête. La tradition veut que ces cornes représentent la grande sagesse de celui qui est considéré comme le premier des prophètes. Doré a choisi de représenter Moïse au moment où il redescend de la montagne avec le décalogue pour faire part au peuple juif de l’alliance qu’il vient de conclure avec Dieu. Le peuple est pour sa part représenté au second plan, par le groupe de personnages fermant la gauche de la composition.
Anonyme. Moise et Aaron avec les tables de la loi,
Musée juif de Londres, 1692.
Il nous faut avant tout considérer les dix commandements, donc la loi telle qu’elle est révélée par l’Éternel, comme un canevas législatif. Ils sont remis à Moïse afin de réguler la société juive qui vivra éventuellement dans la Terre promise. C’est pourquoi les tables de la loi sont encore à ce jour l’un des symboles les plus importants du judaïsme. Il n’est pas rare que les dix commandements soient également compris comme le point d’origine de l’idée de droit telle qu’elle est véhiculée par nos sociétés modernes, qu’elles soient juives ou chrétiennes. L’œuvre anonyme en question représente bien la place centrale des tables de la loi dans le judaïsme. Moïse, le prophète, et Aaron, le grand prêtre d’Israël, encadrent ici les tables de la loi, dont les inscriptions hébraïques forment la liste des dix commandements. Une nuée d’anges entourant une lumière située en haut de la composition rappelle l’origine divine des tables de la loi.
Nous devons également considérer la remise des tables de la loi à Moïse comme un geste de miséricorde et de bienveillance divine, puisque l’alliance entre l’Éternel, le prophète et le peuple juif a pour but d’ordonner la société humaine qui s’est développée en dehors de l’Éden. Le respect de la loi divine participe donc de la restauration de l’ordre rompu par Adam et Ève, qui ont désobéi à Dieu.
Anonyme. L’adoration du veau d’or, dans Hortus Delicarium,
compilé par Herrade de Landsberg, vers 1180.
Cette enluminure relate l’épisode du veau d’or tel qu’il est décrit dans le chapitre 32 de l’Exode. C’est d’ailleurs ce que l’inscription latine en haut de la composition nous mentionne: «Filii Israel choreas ducunt coram vitulo», qui se traduit par: «Les enfants d’Israël dansent devant le veau.» Les gens du peuple, voyant que Moïse ne redescendait pas de la montagne et le croyant perdu, se mettent à douter de Dieu. C’est ainsi qu’ils décident de faire fondre leurs bijoux en or pour fabriquer une idole qui marcherait avec eux, un «dieu» qui leur serait visible en tout temps.
Le récit biblique rapporte que cette idole prend la forme d’un veau. Cette représentation animalière est loin d’être anodine. Il faut se souvenir qu’à ce moment précis du récit de l’Exode, le peuple juif vient tout juste de sortir d’Égypte et qu’il en est encore imprégné de certaines références culturelles. Bien que la Bible ne le mentionne pas, on peut penser que le veau d’or ait été pour le peuple une tentative malheureuse de judaïser le dieu taureau égyptien Apis.
Le texte biblique est catégorique sur un autre point: à son retour, Moïse, épris de colère devant cette transgression des commandements qu’il venait de recevoir et du peu de foi de ses compatriotes, brise les tables de la loi sur un rocher dans un accès de rage. Encore de nos jours, le veau d’or est le symbole par excellence de l’idolâtrie et des fausses croyances.
Anonyme. Temple de Salomon, dans Miroir du salut humain,
Musée Condé, XVe siècle.
Les tables de la loi, représentant l’alliance entre le peuple juif et l’Éternel, jouissent naturellement d’une considération particulière dès que Moïse les présente aux rescapés d’Égypte. C’est pourquoi une arche est construite pour recevoir les tables afin de les préserver et de les transporter facilement, en minimisant les risques de les abimer. À ce moment, le peuple juif est toujours dans l’errance. Le premier livre des Rois (6,1) mentionne que ce n’est que 480 ans après la sortie d’Égypte que le temple est enfin érigé. Les moindres détails de construction de l’édifice sont décrits dans la Bible. L’enluminure ici représentée, comme toutes les images du Temple, a été réalisée à partir de cette description.
Le rôle du temple construit par le roi Salomon est double. D’une part, il est un rappel sensible de l’alliance. Le temple, par sa position dans la trame urbaine de Jérusalem, vient élever le sentiment spirituel des habitants de la cité. D’autre part, le saint des saints, la partie la plus sacrée du temple, est destiné à faire office de tabernacle. Dieu y descend; l’Éternel y est réellement présent. C’est au centre de cette pièce que l’arche d’alliance contenant les tables de la loi est déposée par Salomon. Ces mouvements, ascendant et descendant, ont donné naissance à un autre symbole juif très important: le sceau de Salomon. C’est ce que nous appelons couramment aujourd’hui «l’étoile juive» et dont chacun des triangles représente un mouvement.
Carl Bloch. Le sermon sur la montagne, Musée national d’histoire
du château de Frederiksborg, 1877.
Le sermon sur la montagne est l’un des tout premiers enseignements publics faits par le Christ. Cet épisode est fort important, puisqu’il porte sur la morale, la vie après la mort et la possibilité pour les croyants d’atteindre la vision béatifique. Bloch représente ici le Christ comme une figure classique d’enseignant. Il est assis sur le rocher et semble tenir un discours à la foule nombreuse rassemblée pour l’entendre. La main de Jésus, pointant vers le ciel, vient signifier l’origine divine des paroles qu’il est en train de prononcer.
Ce passage est relativement court dans le contexte de l’Évangile, mais il n’en demeure pas moins qu’il est central dans l’histoire du christianisme. Sa haute importance vient notamment du fait que le Christ récapitule en un commandement nouveau ceux reçus par Moïse sur le mont Sinaï. L’évangile de Jean (13,34) le rapporte ainsi: «Je vous donne un commandement nouveau: c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres.»
Le Christ, Dieu incarné, explicite l’ampleur de son amour pour les hommes. C’est cet amour qui le mènera à la mort sur la croix pour l’expiation des péchés.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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