Les terrains de grande tension ou de pré-guerre se multiplient dans le monde. Après la ligne de forces du Donbass, qui a explosé en 2022 après 8 ans de montée, les lignes de forces de Taïwan et du Sahel sont proches du basculement dans un vrai conflit.
Les membres de la Cédéao – nichée dans un Nigeria qui veut rafler la mise au sud Niger –, qui ne sont pas chauds pour un premier grand conflit intra-africain, menacent actuellement le Niger d’une intervention. On sent que la France et les États-Unis, qui ne peuvent pas intervenir directement de manière coloniale, sont derrière cette pression sur la nouvelle gouvernance nigérienne.
Traitée de « junte » par les médias occidentaux, elle n’est ni pire ni meilleure qu’un pouvoir inféodé aux impérialismes occidentaux, comme le précédent gouvernement dit démocratique du président Bazoum. Tout dans cette affaire pue l’hypocrisie, et les pays qui voudraient s’engager, Nigeria en tête, dans un conflit au Niger, trouveront le Burkina et le Mali en face d’eux, soit un éclatement de la première union africaine, qui aura vécu, dès sa première crise.
Le marché est clair : ou l’Afrique éclate sous la pression américano-française, ou elle se rebiffe, à la manière du trio Niger-Mali-Burkina. La Guinée vient de rejoindre le clan des putschistes, que l’on pourrait requalifier de clan des indépendants, même si certains leur prêtent un fond de russophilie. Or, en ce qui concerne le Niger, il n’en est rien : le putsch des militaires est bien une affaire intérieure. Qu’ensuite la Russie en profite, c’est une autre affaire.
L’axe Bamako-Conakry-Ougadougou
Les pays issus de putschs, Burkina, Mali et Guinée, se sont déjà rapprochés autour de l’idée d’une fédération. Ils sont sanctionnés économiquement par la Cédéao, qui veut les voir revenir à un ordre constitutionnel, c’est-à-dire avec des dirigeants élus. Or, en Afrique, comme le dit Lugan, l’élection n’est souvent qu’une affaire d’ethnomathématique, donc pas vraiment démocratique, sauf si le nombre fait loi. De plus, les conflits armés l’ont montré, ce ne sont pas forcément les ethnies les plus nombreuses qui sont les plus puissantes (voir le Rwanda après 1994).
La Russie, sans coup férir, remporte actuellement la mise, puisque les trois pays frondeur de la Cédéao ne sont pas contre un rapprochement sécuritaire avec Moscou. Pour l’instant, à Niamey, les manifestants ne réclament que le départ des troupes françaises, qui comptent 1 500 hommes dans le pays, pas encore l’arrivée des troupes russes !
Mais l’ambassade de France a été attaquée, sur le modèle américain en Iran lors de la Révolution de 1979, cette année de tous les basculements géopolitiques.
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Le terrorisme en Afrique : l’arme actuelle de l’OTAN pour attaquer la Russie
par Lucas Leiroz
Il existe un continuum d’événements depuis l’intervention russe en Syrie et le coup d’État en Ukraine, qui culmine avec le détournement actuel des armes de l’OTAN vers les terroristes en Afrique.
En 2014, suite aux politiques de dé-russification mises en place par le Maïdan, une guerre civile a éclaté dans ce qui était alors l’est de l’Ukraine – qui fait aujourd’hui partie de la Fédération de Russie – aboutissant à la séparation de Donetsk et de Lougansk. Dans ce conflit civil, plusieurs militants salafistes de l’État islamique se sont alliés aux forces ukrainiennes, comme l’ont rapporté les services de renseignement russes et comme l’ont admis les agences de presse occidentales et les autorités européennes.
L’objectif était alors de tenter d’amener la Russie à concentrer ses efforts sur le Donbass et de l’empêcher de lancer une intervention d’envergure en Syrie. Mais le plan a échoué. La Russie est restée inerte en Ukraine jusqu’en 2022, puis est intervenue efficacement en Syrie en 2015, annihilant l’ISIS et le réduisant à quelques milices sans grande puissance de feu.
Vaincus en Syrie, les terroristes d’ISIS se sont dispersés dans diverses régions et l’Afrique a été l’une des destinations les plus souvent choisies. Territoire riche en ressources naturelles, avec plusieurs pays en proie au chaos institutionnel et une politique de sécurité faible, le continent africain est devenu la cible des milices extrémistes. Nombre de ces groupes étaient effectivement issus des rangs de l’État islamique au Moyen-Orient, mais un grand nombre d’entre eux étaient des terroristes locaux recrutés par des organisations qui avaient simplement adopté le «label» de l’État islamique.
C’est ainsi qu’a commencé une course au terrorisme en Afrique. J’ai écrit à ce sujet tout au long des années 2020 et 2021. À l’époque, j’ai expliqué sans détour comment les organisations terroristes «abandonnaient» le Moyen-Orient et pariaient sur la possibilité d’un califat africain. Jusqu’alors, je m’étais concentré sur l’analyse du cas du Mozambique, où les terroristes ont fini par dominer de vastes pans de territoire, y compris des installations minières. Je souligne cette publication que j’ai réalisée pour le média d’État chinois CGTN en 20211, exposant comment la Russie et la Chine pourraient conjointement stopper la progression du terrorisme au Mozambique.
Le temps a passé et certaines choses ont changé sur la scène africaine. Les États locaux ont commencé à comprendre que pour stopper le terrorisme, ils devaient investir dans la même stratégie que les Syriens : la coopération militaire avec la Russie. Depuis 2018, le groupe Wagner opère régulièrement en Afrique, à la fois pour combattre directement et pour former les forces locales. Ces activités se sont intensifiées ces dernières années et ont ouvert l’horizon du contre-terrorisme africain.
Cette prise de conscience a stimulé la coopération au-delà de la sphère militaire, atteignant un biais politique pertinent. À partir du Mali, une série de révolutions pro-russes et anti-françaises ont commencé à émerger en Afrique, principalement dans la région extrêmement stratégique du Sahel – une bande horizontale de 700 km de largeur, reliant l’Atlantique à l’océan Indien et le Sahara à la savane, désignée par les experts comme le «Heartland» de l’Afrique.
Jusqu’à présent, pour l’Occident, la présence militaire de la Russie en Afrique, bien que malveillante, n’était pas d’une grande importance stratégique, l’OTAN s’attachant à alimenter les conflits ailleurs. Le lancement de l’opération militaire spéciale l’année dernière a toutefois allumé une nouvelle balise stratégique pour l’Occident en Afrique.
Compte tenu de l’épuisement des forces armées ukrainiennes et de l’impossibilité d’impliquer directement les troupes de l’OTAN dans le conflit, l’Occident se préoccupe désormais de la manière de continuer à distraire et à épuiser la Russie tout en se préparant à son véritable objectif : la confrontation militaire avec la Chine – qui est considérée comme une cible faible si elle ne reçoit pas d’aide de la part de la Russie.
En ce sens, en plus de fomenter la violence en Eurasie, l’Occident encourage désormais l’émergence de guerres par procuration contre la Russie dans le Sahel africain, où il s’attend également à une plus grande participation de la France, puisque Paris contrôlait la région jusqu’à ce que les gouvernements locaux demandent l’aide de la Russie.
Pour l’Occident, ce plan repose sur trois valeurs stratégiques essentielles :
• Faire reculer la Russie et, dans une moindre mesure, la Chine (qui possède des entreprises dans toute l’Afrique) ;
• Créer une terre brûlée en Afrique, quelle que soit l’issue des confrontations, ce qui mettrait un terme aux possibilités de développement de l’Afrique dans un monde multipolaire ;
• Occuper par des forces supplétives la région du Sahel, le «Heartland» qui permet de dominer le reste du continent africain.
C’est pourquoi, depuis l’année dernière, plusieurs dirigeants africains ont signalé la présence d’armes de l’OTAN sur leur territoire. Ces armes sont transportées à l’étranger sous prétexte d’aider Kiev, mais dans la pratique, elles arrivent dans des centres de distribution et sont acheminées vers plusieurs destinations différentes, toutes conformes aux intérêts stratégiques américains.
L’Afrique est la nouvelle cible. C’est ce qu’a dénoncé M. Traore, le président du Burkina Faso, dans son discours en Russie. L’OTAN fournit des terroristes africains pour faire éclore des guerres par procuration au Sahel. Preuve de ce que j’ai dit en avril dernier, les dérives de l’armement de l’OTAN ne sont pas seulement le résultat de la corruption ukrainienne, mais d’une volonté délibérée de l’OTAN d’armer les terroristes sur d’autres flancs.
En fin de compte, une fois de plus, l’Occident s’appuie sur le terrorisme pour attaquer la Russie. Et cela ne tend pas à avoir des résultats différents de ceux observés jusqu’à présent, mais il est dommage de savoir que tant que tout ne sera pas résolu militairement, de nombreuses vies africaines seront sacrifiées.
source : Nova Resistencia via Euro-Synergies
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Le nouveau narratif médiatique est que le Niger est désormais un épicentre mondial du terrorisme (!!!)
Par Andrew Korybko – Le 2 août 2023
Peu de gens dans le monde ont entendu parler du Niger avant le coup d’État militaire de la semaine dernière dans ce pays enclavé d’Afrique de l’Ouest, et encore moins auraient pu le situer sur une carte. Pourtant, les médias menteurs dominants (MSM) veulent maintenant faire croire à tout le monde que le Niger est soudainement devenu un épicentre mondial du terrorisme. Ce récit n’est rien d’autre qu’une guerre de l’information visant à effrayer le public pour qu’il soutienne l’invasion de ce pays par la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et dirigée par le Nigeria, qui devrait débuter dans le courant du mois.
Il s’agit en fait du dernier conflit par procuration dans la nouvelle guerre froide entre l’OTAN et la Russie.
Le public occidental ne comprend pas les raisons géostratégiques pour lesquelles le bloc militaire de son camp s’ingère dans cette partie de l’Afrique et pousse le pays le plus peuplé du continent à envahir son voisin du nord. C’est pourquoi les MSM racontent que le Niger s’est soudainement transformé en un épicentre mondial du terrorisme, car ils espèrent que leur public cible sera tellement effrayé qu’il soutiendra aveuglément la ligne de conduite que leurs gouvernements décideront finalement d’adopter pour résoudre ce problème.
Voici trois exemples très médiatisés où les MSM diffusent ce récit de propagande nouvellement inventé :
- Voice Of America : Les coups d’État dans la région du Sahel font de la place aux groupes terroristes : Analystes
- The Economist : Pourquoi le cauchemar au Niger est un problème qui concerne le monde entier
- Associated Press : Le coup d’État au Niger ne fera qu’enhardir les extrémistes, selon un ancien combattant djihadiste
Ils affirment tous qu’une armée distraite et une dissidence populaire conduiront à une recrudescence du terrorisme.
Pour développer brièvement, la première moitié de ce produit de guerre de l’information fabriqué artificiellement allègue que les forces armées des États régionaux après le coup d’État sont trop concentrées sur la conservation du pouvoir et l’élimination des rivaux qu’elles créent par inadvertance un espace pour l’expansion des terroristes. Quant à la seconde, elle implique incroyablement que des manifestants pro-démocratie supposés pacifiques seront bientôt tellement radicalisés par le régime militaire qu’ils se transformeront en une masse extrémiste violente qui constituera ainsi une menace imminente pour le monde entier.
Ironiquement, bien qu’il dirige Voice of America, le gouvernement américain ne croit même pas à la propagande de ce média ni aux affirmations connexes véhiculées par ses pairs, comme le prouve la décision prise mardi de suspendre les formations antiterroristes avec le Niger. S’il y avait la moindre chance que l’un ou l’autre des facteurs susmentionnés risque de transformer le Niger en un épicentre mondial du terrorisme, alors il serait hors de question que les États-Unis risquent leur propre sécurité et celle de leurs vassaux régionaux en laissant cette menace s’envenimer.
En conséquence, soit le gouvernement américain a accidentellement signalé que toutes ces déclarations alarmistes sont de la propagande sans fondement, soit il montre au monde qu’il préfère cyniquement que le Niger devienne/demeure un épicentre mondial du terrorisme plutôt que de lutter conjointement contre ce fléau avec ses forces armées après le coup d’État. Comme il n’y a pas de vérité dans le second scénario brandi par les MSM, la première explication est la seule crédible, ce qui confirme que de telles affirmations ne sont que des mensonges destinés à dissimuler des motifs géopolitiques.
Pour être honnête, il y a une part de vérité dans leur allégation selon laquelle la combinaison des échecs militaires et de la pauvreté systémique joue un rôle dans l’accélération de la propagation du terrorisme dans les pays en développement, mais cela est imputable à une formation occidentale médiocre/insincère et au néocolonialisme français, respectivement. C’est précisément en raison de ces facteurs interconnectés et des conséquences régionales de la guerre de l’OTAN contre la Libye en 2011 que le terrorisme a explosé dans le Sahel et a ensuite préparé le terrain pour les récents coups d’État militaires patriotiques.
Ces changements de régime visent à réorienter les priorités de leurs forces armées et à rééquilibrer les liens de leurs pays avec l’Occident et la France afin de résoudre les problèmes correspondants qui ont entraîné une détérioration aussi radicale de leur sécurité et de leur situation économique au cours de la dernière décennie. Si aucun effort sérieux n’avait été fait pour contrecarrer ces tendances au Mali, au Burkina Faso et maintenant au Niger, l’existence même de ces États aurait été inévitablement menacée avec le temps.
Leurs dirigeants militaires sont sincères dans leur objectif déclaré de lutte contre le terrorisme, non seulement parce que cela correspond à leur dévouement patriotique aux intérêts nationaux de leurs pays, mais aussi parce que c’est dans l’intérêt de leur institution, puisque ce sont eux qui se battent en première ligne contre ce fléau. Sans améliorer leurs capacités associées, ce à quoi Wagner les aide comme expliqué ici et ici, leurs camarades continueront à mourir en vain et la menace qui pèse sur leurs familles ne cessera de croître.
En conclusion, prétendre que le Niger est désormais un épicentre mondial du terrorisme est une véritable infox, mais on attend des MSM qu’ils amplifient au maximum ce faux récit pour tenter d’effrayer le public et l’amener à soutenir l’invasion prévue de ce pays par la CEDEAO, soutenue par l’OTAN et dirigée par le Nigéria. Cette approche risque toutefois de se discréditer si elle déclenche de mauvais souvenirs de la soi-disant “guerre mondiale contre le terrorisme” en rappelant au public à quel point il est devenu sceptique à cet égard à la fin de l’époque Bush Jr.
Andrew Korybko
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
« L’Empereur Macron » menace les manifestants nigériens de répression violente
Décidément, la France officielle, incarnée par le pouvoir autocratique de Macron, gouverne uniquement par la répression policière violente. Le despotique pouvoir macronien ne tolère aucune manifestation de colère politique. Aucun mouvement de protestation sociale. Les manifestations et les protestations sont systématiquement réprimées dans le sang par ses forces de l’ordre.
L’espace public français, comme les Gilets jaunes, les protestataires contre la réforme des retraites et les jeunes prolétaires des quartiers populaires insurgés début juillet 2023 peuvent en témoigner, résonne régulièrement des coups de matraque, des lancements de Flash-Ball, des tirs de balles réelles tirées à bout portant. Contre les manifestants, la police française utilise régulièrement des armes de guerre. Preuve de l’acharnement de ces forces de l’ordre à charger et à mater violemment les manifestants. En outre, les charges sans sommation, les tirs de balles en caoutchouc et de grenades se multiplient notablement. Une chose est sûre, en France cette barbarie policière n’est nullement contingente mais structurelle, systémique. Elle reflète la banalisation des répressions policières, sources d’accroissement des tensions entre les « citoyens » excédés et l’État policier discrédité et délégitimé.
En effet, ces dernières années, en France aux multiples revendications socioéconomiques ou politiques ou écologiques des manifestants, l’État répond, avec toujours plus de férocité, par la répression sanglante. En France « démocratique », les répressions policières prennent des formes férocement brutales. Qui plus est, les forces de l’ordre usent de moyens coercitifs et répressifs hautement sophistiqués. La police s’appuie sur un armement toujours plus impressionnant et technologique pour défendre l’ordre établi. Outre l’exhibition effrayante d’un redoutable équipement répressif à la technologie militaire meurtrière effroyablement développée (Robocop), l’État n’hésite pas à déployer des milliers de policiers lors d’une simple manifestation pacifique. Manière épouvantable d’intimider et de terroriser les manifestants.
La militarisation des fonctions policières, autrement dit l’application des techniques d’entraînement et d’intervention répressive militarisées, induit inéluctablement une logique de violence. En France, il existe une corrélation entre l’introduction de la force paramilitaire comme technique de maintien de l’ordre, notamment par l’adoption d’équipements militaires (casques, boucliers, genouillères, armes létales, etc.) et l’augmentation du degré de violence employée dans les opérations de maintien de l’ordre. Les forces de police militarisées, matérialisées par leur déploiement inégalé de techniques et d’équipements militaires, induisent une véritable logique de guerre.
À cet égard, il est utile de relever que pour l’État français, puissance impérialiste en voie de radicalisation, la gestion du maintien de l’ordre à l’intérieur de son espace public, avec comme dessein l’opération de contention des foules et de neutralisation d’éléments turbulents des classes populaires, s’inscrit dans le même esprit que ses interventions militaires à l’extérieur des frontières. C’est la même logique dominatrice et répressive qui est à l’œuvre.
La classe dirigeante française impérialiste a objectivé le concept de guerre permanente et globale à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. Pour la belliqueuse classe dominante française pétrie de cynisme, lancer des LBD ou des grenades de désencerclement contre les manifestants et lâcher des bombes contre les populations en Syrie ou en Afghanistan, avec tous les dommages collatéraux inhérents à ce genre d’interventions militaires, relèvent de la même logique de gouvernance despotique et répressive.
Dorénavant, au regard de l’État impérialiste français les frontières entre gestion policière et militaire du maintien de l’ordre ont éclaté. La distinction entre militaires et policiers s’estompe. Ces deux corps constitués armés remplissent les mêmes missions guerrières de combat indifféremment contre l’ennemi extérieur et intérieur. La distinction entre police et armée tend à s’amenuiser, surtout à notre époque où les frontières entre l’ennemi intérieur et extérieur se volatilisent.
Pour l’État impérialiste français, les interventions militaires à l’extérieur, notamment en Afrique, ont toujours constitué un terrain inégalé d’expérimentation. Car ces interventions jouissent de conditions d’entraînement et d’aguerrissement sans égal dans l’Hexagone. Et l’opération Sentinelle offre une préfiguration grandeur nature de la mission de l’armée dans le maintien de l’ordre en France. En cas de tensions sociales graves, l’armée, armature de l’État, chargée non seulement de la défense contre les ennemis extérieurs, peut assurer le maintien de l’ordre contre les menaces provenant de l’intérieur du pays. Comme l’histoire de France nous l’a démontré, le recours à l’armée devient inévitable dès lors que les tensions sociales s’exacerbent.
Aujourd’hui, la menace de répression contre les manifestants ne pèse pas seulement contre les Français, mais également contre les Africains, comme au temps du colonialisme. Avec Macron les frontières de la répression transcendent l’Hexagone.
La radicalisation du gouvernement Macron est telle qu’il vient de menacer les citoyens libres nigériens qui ont exprimé légitimement, dans leur pays souverain, leur colère contre la politique impérialiste devant l’ambassade de France. Ce rassemblement de la population nigérienne dénonçant l’ingérence de la France semble déplaire à l’empereur Macron.
Pour rappel, dimanche matin, à Niamey des milliers de manifestants soutenant les militaires putschistes ont convergé devant l’ambassade de France pour dénoncer la politique impérialiste de l’État français. Certains ont scandé des slogans et brandi des pancartes « exigeant le départ des forces occidentales », notamment françaises. « Nous sommes ici pour exprimer notre mécontentement à l’égard des ingérences de la France dans les affaires du Niger. Le Niger est un pays indépendant et souverain, donc les décisions de la France ne doivent avoir aucun impact sur nous », a déclaré Sani Idrissa, qui faisait partie du cortège des manifestants.
Aussitôt, l’empereur Macron a fustigé ce rassemblement des nigériens organisé dans leur propre pays. L’empereur Macron a prévenu les protestataires nigériens qu’il « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger, tout en menaçant les manifestants nigériens, en cas de violences, de « répliquer de manière immédiate et intraitable ».
Macron emploie la même rhétorique comminatoire qu’il avait utilisée récemment contre les jeunes prolétaires des quartiers populaires insurgés début juillet en France.
En tout cas, la population nigérienne est prévenue : la réplique répressive de l’État impérialiste français sera immédiate et intraitable.
L’Empereur Macron ira-t-il jusqu’à verrouiller les réseaux sociaux du Niger pour museler la dissidence ? Pour neutraliser les protestataires nigériens ? Sanctionner financièrement toutes les familles nigériennes pour n’avoir pas empêché leurs progénitures de se révolter contre la politique impérialiste de l’État français ? Instaurer un état d’urgence, un couvre-feu à Niamey ? Envoyer au Niger les BRAV-M, ces braves policiers motorisés autorisés à écraser dans le sang les manifestants ?
Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna a déclaré sur RTL : « La France comme toujours protège ses ressortissants, la situation cet après-midi est plus calme mais nous sommes extrêmement vigilants. (…). Des mesures de précaution sont prises et elles seront renforcées si c’était nécessaire ».
Probablement compte-elle dépêcher des forces de l’ordre à Niamey pour réprimer dans le sang les manifestants nigériens.
Nous savions par Clausewitz que « la guerre n’est que la continuation de la politique par d’autres moyens ». On découvre avec l’État impérialiste français que la répression militarisée internationale sera dorénavant la continuation de sa gestion sécuritaire intérieure.
Pour conclure, force est de constater, comme le relève un observateur algérien, que pour la France « il y a les « bons manifestants » qui œuvrent pour couler leur pays et soutenir les intérêts de l’ancienne puissance impériale, comme en Libye, et les « mauvais » manifestants, qui luttent pour se libérer des puissances impérialistes, notamment la France ». Pour rappel, la France avait orchestré et instrumentalisé les manifestations des Libyens, allant jusqu’à organiser l’assassinat du leader et chef d’État africain, Mouammar Kadhafi. D’après des sources publiées en 2012 dans deux journaux européens, le Corriere della Sera et le Daily Telegraph, ce serait « certainement un agent français » qui serait derrière la mort de Kadhafi.
La France impérialiste, radicalisée, pour préserver ses intérêts, ira-t-elle jusqu’à orchestrer l’exécution des chefs putschistes nigériens, voire commettre un bain de sang contre la population rebelle nigérienne ?
Khider MESLOUB
Source : Numidia Libérum
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