Vous avez bien lu : il s’agit du titre de RFI sur les primaires en Argentine qui donnent un avant-goût de l’élection présidentielle d’octobre 2023.
Dans la même phrase, le même sujet, on trouve « anti-Système » et « ultralibéral », alors que le Système est essentiellement libéral.
Cette ruse a été l’angle d’attaque de l’électorat par Macron en 2017, mais entre les deux qualités, seul ultralibéral était vrai. Macron n’était ni de droite ni de gauche, car les Français en avaient marre de l’alternance, mais il était totalement aligné sur les directives du pouvoir profond, c’est-à-dire du vrai Système. C’est le Système superficiel, celui des apparences démocratiques ou parlementaires, qu’il dénonçait, et combattait, notamment dans son livre Révolution. Mais Macron n’a rien inventé : avant lui, Sarkozy a piégé des millions de naïfs en 2007 !
Avec ces candidats du pouvoir profond qui brouillent les cartes parce qu’ils révolutionnent la parole politique, mais rien d’autre, l’oligarchie mondialiste renouvelle sa stratégie et maintient son pouvoir. Les Argentins, qui ont pourtant expérimenté dans la douleur la violence des injonctions du FMI en 2001 (avec le gel des dépôts bancaires), remarchent dans le piège. Mais les Argentins comme les Français ont l’air de manquer de mémoire… politique.
Milei a compris le désir de l’électorat qui consiste à taper sur le Système, mais il détourne ce désir (légitime) au profit du pouvoir profond. La méthode est empruntée à Trump ou à Bolsonaro, ce dernier étant un fan de Trump, à ceci près que Trump n’était pas un ultralibéral, mais un capitaliste productif. L’opposant argentin se définit, lui, comme un « anarcho-capitaliste », dont l’une des propositions consiste à « dollariser » l’économie, ce qui est pour le moins très peu révolutionnaire. C’est même une régression vers la politique du FMI des années 2000, où le peso a été indexé sur le dollar, et qui a conduit à des émeutes de la faim et des pillages de supermarchés !
« On gagne 123 euros par mois, dites-moi comment je fais avec ça ? » (2019)
Ce sont les jeunes – la classe des naïfs – qui ont été touchés par le discours « dégagiste » (il veut dégager la classe politique « à coups de pied au cul ») de Milei et qui l’ont hissé à la première place des primaires, ce test électoral grandeur nature avant l’heure, avec un score de plus de 30 %. Milei est suivi de près par le candidat de droite, avec 28 % des voix : les Argentins vont donc manger du dollar et de la rigueur à la fin de l’année, eux qui souffrent déjà d’une inflation terrible. Le tableau du sortant est bien noir :
Le président péroniste sortant Alberto Fernandez, impopulaire, ne se représente pas, et sa succession s’annonce incertaine, après les échecs successifs de son administration, et avant lui celle du libéral Mauricio Macri (2015-2019), à redresser la troisième économie d’Amérique latine. Celle-ci est enferrée entre une inflation à deux chiffres depuis 12 ans (passée dernièrement à 115 % sur an), une dette colossale auprès du FMI, un taux de pauvreté à 40 % et une monnaie, le peso, qui dévisse. (France 24)
Javier Milei, économiste de formation, est un mix entre Bernard tapie et Giorgia Meloni. Sa probable élection en octobre annonce des temps encore plus noirs pour les Argentins. Pour preuve, Milei veut un « plan tronçonneuse » dans les services publics, du Sarkozy (presque) dans le texte !
Le mot de la fin à Lilia Lemoine, candidate aux législatives pour le parti de Javier, interrogée par l’AFP :
Au QG de campagne de Libertad Avanza [la Liberté qui avance, NDLR], les résultats ont été reçus avec euphorie par un public en bonne partie jeune, au son de musique rock. « Les gens en ont marre d’être des victimes, des otages de la caste, d’accepter les choses comme elles sont. Ils accompagnent Milei parce qu’il représente l’espoir d’un vrai changement. »
Vingt ans après la crise de 2001, l’Argentine encore étranglée par la dette
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation