Credit Suisse… victime des euro-atlantistes ?

Credit Suisse… victime des euro-atlantistes ?

par François Meylan

UBS, repreneur, dans l’urgence, de Credit Suisse, vient de renoncer aux mesures de soutien mises en place par la Confédération helvétique et par la Banque nationale suisse (BNS) pour faciliter le rachat. Cette transaction inédite, lancée en seulement quelques heures, un dimanche fatidique de mars dernier, lorsque la banque aux deux voiles a dû faire face à une grave crise de confiance, a généré au total 730 millions de francs pour l’État et pour l’institut d’émission. À en perdre son latin. Les actionnaires ont été floués et les obligataires spoliés et les autorités helvétiques en auraient profité pour faire un profit extraordinaire… Vive l’image du pays et vive la confiance.

De surcroît, que la nouvelle UBS (UBS + Credit Suisse) résilie le contrat de garantie contre les pertes, à concurrence de 9 milliards de francs, conclu avec la Confédération, ainsi que le contrat de prêts sous forme de liquidités de 100 milliards au maximum garantis par l’État et conclu avec la Banque nationale suisse (BNS), laisse place à deux autres interrogations : Credit Suisse était-elle vraiment dans une si grande difficulté ? Et si oui pourquoi ce n’est pas directement à cette banque qu’on a accordé les facilités et les garanties étatiques auxquelles l’UBS vient de renoncer ?

Selon la Direction de cette dernière, la décision de se passer des aides de l’État intervient après «une évaluation complète» du portefeuille d’actifs non essentiels de Credit Suisse, soit les actifs à risque. Ainsi, la réponse est donnée : la seconde banque du pays n’allait pas si mal.

Questionné, un ex haut cadre qui suit de très près le dossier et qui souhaite conserver l’anonymat me répond, en substance :

«C’est une évidence que le CS ne devait pas tomber. Et il faut parler des AT1 de 17 milliards qui ont été annulés alors que les actionnaires passent habituellement à la caisse avant les détenteurs obligataires des AT1 qui ont été annulés en application du droit de nécessité. Et que penser des milliers de suppressions d’emplois ? Et comment se fait-il que les actionnaires du Credit Suisse n’ont pas pu se prononcer sur cette fusion qui leur a été imposée en application du droit de nécessité ? Force est de reconnaître que la législation suisse too big to fail n’a servi à rien ! UBS a payé seulement 3 milliards de francs pour acquérir CS qui affichait encore au 31/12/2022, 45 milliards de fonds propres ! Cherchez l’erreur. C’est une monstrueuse arnaque ! La banque a été torpillée, euthanasiée. Certes, l’établissement avait à subir une importante crise de liquidités mais il était solvable».

Dans le même temps, la Banque nationale Suisse (BNS) a pour sa part décidé, à la demande d’UBS et en concertation avec le département fédéral des Finances (DFF), de lever au 11 août les accords de prêts d’aide sous forme de liquidités destinés à Credit Suisse qui a entièrement remboursé au 10 août dernier les prêts d’aide supplémentaires sous forme de liquidités.

«L’aide sous forme de liquidités octroyée par la BNS a atteint un montant maximum de 168 milliards de francs et a permis aux deux banques de disposer des liquidités nécessaires également après le rachat», souligne l’institut d’émission.

La Confédération encaisse 200 millions

«Les mesures d’urgence visant à préserver la stabilité financière prennent donc fin, et la Confédération et les contribuables n’encourent plus aucun risque lié à ces garanties. En outre, celles-ci ont rapporté à la Confédération des recettes de l’ordre de 200 millions de francs», relève le département fédéral des Finances (DFF).

Dans le détail, la banque aux trois clés a ainsi payé 40 millions de francs à la Confédération dans le cadre de la garantie et Credit Suisse a versé un total de 214 millions, dont 61 millions à l’institut d’émission et 153 millions à l’État. L’ex-numéro deux bancaire a par ailleurs versé une prime de risques de 476 millions à la banque centrale helvétique.

«Je ne vous cache pas que je suis soulagée» par l’annonce d’UBS, a mis en exergue la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter lors d’une conférence de presse, tout en critiquant les mauvaises décisions des dirigeants de Credit Suisse ayant provoqué sa vente à son principal concurrent.

Le DFF a rappelé que Credit Suisse a traversé une crise de confiance «aigüe» en mars dernier. Le Conseil fédéral, la BNS et l’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma) ont dû intervenir dans l’urgence pour protéger l’économie suisse. Le 19 mars, le Conseil fédéral a adopté un train de mesures rendant possible le rachat de Credit Suisse par UBS. Grâce à une acquisition rapide par UBS et aux mesures d’accompagnement étatiques, il a été possible de stabiliser durablement le système financier, rappelle le DFF.

Mais de quel système financier parle-t-on ? Celui de la place financière suisse ou celui des spéculateurs anglo-saxons ?

Par ailleurs, la ministre Keller-Sutter a relevé que le paiement des liquidités mises à disposition d’UBS pour faciliter le rachat de Credit Suisse est un «signal fort» pour les marchés financiers. Les investisseurs ont en effet applaudi cette décision et l’action UBS a terminé en forte hausse de 4,7% à 20,32 francs, ce vendredi 11 août, dernier jour de cotation de la semaine.

«Si cette annonce n’est pas une surprise, la décision intervient plus tôt que prévu, nous ne l’attendions que pour le début 2024», affirme l’analyste Michael Klien de la Banque cantonale de Zurich (ZKB). Et d’ajouter : «Il s’agit d’un développement positif, car il signifie que le marché considère que le profil de risque de Credit Suisse et de la nouvelle UBS est désormais plus favorable qu’au moment de la repris.».

Vengeance des euro-atlantistes et trahison ?

Il n’est de secret pour personne que Credit Suisse bénéficiait d’une solide expérience auprès de la clientèle russe. Celle-ci fut importante pour la banque. Une posture qui ne manqua pas d’agacer tant les technocrates de Bruxelles que les lobbyistes de Washington.

Aussi, on apprenait le 31 juillet dernier, qu’une quantité de clients privés internationaux vont devoir trouver une nouvelle banque. Le journal zurichois NZZ am Sonntag ajoute que la mesure concerne surtout les clients russes. Selon le dominical, UBS veut se séparer de 50-75% des clients de la banque aux deux voiles. Selon elle, ces affaires sont problématiques. Quant à savoir de quels clients russes on parle, ce n’est pas clair, selon ce média. Credit Suisse s’occupant jusqu’ici de ses clients fortunés russes à partir de la Suisse mais aussi de relations offshores.

Rappel de la scène du crime…

Dimanche 19 mars 2023, seulement quelques heures ont suffi, sous la pressions des marchés financiers internationaux et des spéculateurs en particulier, à mettre à mort un établissement bancaire de la renommée mondiale comme Credit Suisse – avec 50 000 employés. Ce dimanche restera assurément un jour très sombre pour la place financière helvétique. La majorité d’entre nous met plus de temps pour changer de voiture. La Suisse, en moins d’un siècle, est passée de huit grandes banques à une seule. La tendance est lourde. CS était l’arbre qui cachait la forêt. Aujourd’hui, UBS n’est pas plus en sécurité. Rien n’empêche non plus qu’un état souverain doive disposer d’une grande banque. La Suisse n’a déjà plus, par exemple, de compagnie aérienne.

Pour le pays et pour notre image en général la débâcle du Credit Suisse marque un avant et un après.

Les questions fusent : avec une ligne de crédit illimitée de la part de la BNS n’était-il pas possible de sauver la banque ? Montrer aux marchés que tout le pays était derrière sa elle ? Suspendre la cotation boursière de l’action le temps nécessaire pour un retour au calme. Comment se fait-il que le mercredi précédent, par le biais d’un communiqué commun, la BNS et la FINMA nous assuraient que l’établissement était solidement capitalisé ? Qu’adviendra-t-il des 50 000 employés ? Qu’en est-il de la responsabilité du régulateur et des auditeurs ? Et le volet politique ? Notre souveraineté n’a-t-elle pas été, une nouvelle fois, bradée au profit de nos compétiteurs ? Quant aux attaques sous les formes de diffamations, de rumeurs et de fausses nouvelles qui ont été diffusées, entre autres, sur réseaux sociaux dès octobre 2022 à l’encontre de la banque comme l’a révélé la présidente du conseil d’administration de la FINMA Marlene Amstad de qui venaient-elles ? Notons que cet élément a été confirmé en Assemblée générale, à Zürich, mardi 4 avril dernier, par Ulrich Körner, Chief Executive Officer (CEO). À ce propos, une plainte pénale sera-t-elle déposée ? Quid de la Loi sur l’infrastructure des marchés financiers (LIMF) du 19 juin 2015 ?

Votre serviteur a participé à la dernière assemblée générale des actionnaires, mardi 4 avril 2023, qui s’est tenue à la Hallenstadion, à Zürich – Oerlikon et a pris la parole – intervention filmée – pour questionner sur les points évoqués ci-dessus. Concernant les manipulations de cours, le volet pénal reste de la compétence de l’État et de la justice a souligné le président du conseil d’administration du Credit Suisse Alex Lehmann. Rien de moins sûre. Les investisseurs ne l’entendent pas de cette façon. Le «20min.ch» nous apprend que Migros porte plainte contre la FINMA. Des investisseurs de Singapour souhaitent porter plainte contre les autorités suisses nous rapportent la «RTS». De son côté, le cabinet d’avocats Kessler Topaz Meltzer & Check a porté une plainte collective pour tromperie auprès du tribunal de district de New Jersey, relatait le «Blick.ch» le 6 avril dernier. L’affaire Credit Suisse est loin d’être terminée. Toutefois, il s’avère toujours très compliqué de réveiller un mort. Et tout a été fait par le gouvernement et la Direction de l’UBS pour procéder à l’absorption du rival au pas de charge et ne pas permettre de situation de retour.

Sur le plan de la politique intérieure, le débat est ravivé…

Saluée par les partis politiques suisses, l’abandon des garanties par UBS jette le doute sur l’exactitude des informations concernant la situation financière de Credit Suisse lors de sa reprise, selon le parti politique de droite UDC, et sur le «plan de sauvetage choisi».

Le chef du groupe parlementaire UDC et conseiller national Thomas Aeschi a défendu dans un tweet la décision de son parti de rejeter les crédits d’engagement pour UBS. Comme nous le pensions, la situation financière du Credit Suisse en mars 2023 était «manifestement bien meilleure» que telle qu’elle avait été dépeinte, a-t-il écrit. Il est «regrettable qu’une Finma dépassée et qu’un Conseil fédéral peu courageux n’aient pas pu assurer que la Suisse conserve ses deux grandes banques».

Les Vert-e-s sont eux aussi sceptiques. S’ils ont salué la décision d’UBS de renoncer aux garanties étatiques, ils ont estimé qu’elle «remet en question le scénario de sauvetage choisi par les autorités ainsi que l’absence d’alternative» mise en avant par Mme Keller-Sutter. Soulignant que les risques pour les contribuables subsistent. Dans ce sens, le conseiller national fribourgeois Gerhard Andrey a indiqué que son parti continuera d’oeuvrer au parlement, notamment dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire (CEP) qui sera présidée par la sénatrice fribourgeoise Isabelle Chassot : pour réduire les risques socio-économiques et écologiques que représente pour la place financière la nouvelle UBS.

Pour sa part, le co-président du parti socialiste Cédric Wermuth voit dans cette résiliation du contrat de garantie par UBS une «manoeuvre pour empêcher toute demande de régulation de la mégabanque et pouvoir supprimer des postes de travail avec moins de résistance».

De surcroît, en cette année d’élections fédérales – renouvellement du gouvernement le 22 octobre – le sujet devrait rester au centre des débats. Ne serait-ce que pour évaluer la réelle résilience et la force morale des autorités helvétiques qui viennent de démontrer, lors de trois crises, leur incapacité à résister aux pressions des grands laboratoires pharmaceutiques, au cours de l’épisode de la Covid-19, quand il faut affronter la Commission européenne et ne pas brader sa sacro-sainte neutralité face à la guerre en Ukraine ou encore quand il s’agit de défendre la deuxième banque du pays qui souffrait momentanément de fakes news, de manipulations de cours et de spéculateurs anglo-saxons de ventes à découvert.

Rappelons, que toutes les crises financières majeures ont comme origine l’Occident : affaire LTCM ; Madoff ; UBS, Lehman Brothers etc. et etc.

Que va encore perdre le peuple suisse lors de la prochaine grande crise ? Sa liberté ? Un autre fleuron de l’économie ou définitivement sa neutralité ?
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Source : Lire l'article complet par Réseau International

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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