Le 04 août 2023 à 14h28
En décembre 2020, un habitant de Lanfains (22) est décédé après s’être blessé à son domicile, malgré cinq appels au Samu. Une information judiciaire pour homicide involontaire est instruite depuis avril 2022. Les parents du défunt s’impatientent et ont écrit au procureur de Saint-Brieuc.
Une équipe médicale du Samu avait été envoyée au domicile de cet habitant de Lanfains après cinq appels aux secours. (Photo illustration Le Télégramme)
« Nous allons avoir cette année, mon mari et moi-même, 90 et 89 ans… Et le temps passe inexorablement ! », écrivent Josette et Bernard G., au commencement de leur lettre adressée, le 15 juillet, à Nicolas Heitz, procureur de la République de Saint-Brieuc.
Main profondément entaillée
Depuis décembre 2020, ce couple de retraités a indexé sa vie sur les soubresauts judiciaires de la procédure ouverte après le décès de leur fils. Le 13 décembre 2020, Y., âgé de 51 ans et père de deux enfants, décédait, après s’être profondément entaillé la main, entre le pouce et l’index, en voulant séparer, avec un couteau, deux morceaux de viande congelée. Depuis son domicile de Lanfains (22), près de Quintin, le quinquagénaire joint alors le 18. Il est un peu plus de 20 h 30. Son appel est transféré au Samu, qui déclenche une ambulance privée. Cette dernière sera déroutée sur une intervention jugée plus urgente.
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Classement sans suite
Perdant abondamment son sang et ne voyant pas arriver les secours, cet habitant de Lanfains va rappeler, à quatre reprises. Lors du dernier échange, à 23 h 09, il dit ressentir « une douleur insupportable » dans la poitrine. Le Samu engage une équipe médicale. L’ambulance arrive entre-temps. Bien trop tard. Le quinquagénaire est en arrêt cardiorespiratoire. Trois quarts d’heure de massage cardiaque – le défibrillateur ne fonctionne pas correctement – n’y changeront rien. Y. ne peut être ranimé. L’enquête conclut à un décès, « selon toute vraisemblance, dû à une récidive d’infarctus », « sans lien avec la plaie ». Le dossier est classé sans suite, en février 2022.
« Imaginez notre révolte »
Les parents et les frères de la victime sont révoltés par cette issue. « Mon fils a pris conscience, au fil du temps, espérant toujours les secours, qu’il ne s’en sortirait pas. Imaginez notre révolte, nos regrets, notre désespoir ! », écrivent Josette et Bernard G. Ils forment une requête auprès du procureur de Saint-Brieuc et de la cour d’appel de Rennes. Début avril 2022, la cour d’appel les informe que le dossier va être réexaminé. Quelques semaines plus tard, le parquet de Saint-Brieuc ouvre une information judiciaire pour « homicide involontaire » contre X.
« Aucun homme ne peut rester indifférent »
Depuis, M. et Mme G. attendent, accablés et indignés par l’attitude « des personnes responsables du centre d’appels et de régulation de Saint-Brieuc ». « Comment des personnes ayant une responsabilité de vie et de mort sur les personnes en détresse sont incapables de réorganiser un système dangereux et défaillant ? », écrivent-ils au procureur. Ils l’interpellent : « Vous êtes un homme de loi qui a le devoir de garder une certaine distance, mais aucun homme ne peut rester indifférent à la situation présente ».
« Investigations en cours »
Contacté, Nicolas Heitz indique « qu’à ce jour, il n’y a pas eu de mise en examen dans ce dossier d’information judiciaire. Toutefois, les investigations sont en cours afin de permettre la manifestation de la vérité s’agissant des circonstances de ce décès et d’établir d’éventuelles responsabilités ».
Source : Le Télégramme
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