Lucien Cerise : Bonjour Evgenia ! Nous avons fait connaissance à Saint-Pétersbourg, en Russie, où j’étais en voyage cette année, mais vous êtes d’origine ukrainienne. Pouvez-vous présenter votre parcours à nos lecteurs français ?
Evgenia Bilchenko : Bonjour, effectivement, je préfère parler en mon nom propre et éviter que l’on parle à ma place. Je suis née en Ukraine et j’ai vécu à Kiev jusqu’à l’âge de quarante ans. Ma grand-mère m’a élevée dans les valeurs de la culture et de la littérature russes. Qui suis-je ? Je suis poète et philosophe. J’enseigne en philosophie moderne et psychanalyse. Avant cela, j’ai soutenu ma thèse de doctorat sur l’histoire de la Russie ancienne à l’âge de trente-deux ans. J’ai été plongée dans les sciences et la littérature pendant toute ma jeunesse. Je suis une fille très livresque. À l’âge de trente ans, j’ai, comme on dit en Russie, « dérapé » : je suis tombée amoureuse d’un brillant poète de la clandestinité et la gentille fille est devenue l’un des chefs de file de la bohème contre-culturelle locale. Mon bien-aimé est mort peu après. En 2014, en plein délire d’idées romantiques, j’ai soutenu l’« Euromaïdan » et la soi-disant « Opération Anti-Terroriste » [nom donné par le gouvernement ukrainien à la guerre civile qu’il lance en 2014, Note du traducteur]. Malheureusement, il n’y avait pas beaucoup d’Ukrainiens pour m’en dissuader : tous mes amis, étudiants et parents soutenaient le Maïdan, et beaucoup sont allés se battre dans les bataillons de volontaires ukrainiens tout en lisant Dostoïevski. C’est schizophrénique : les nationalistes ukrainiens lisaient la littérature russe à l’époque. Seul mon mari est toujours resté citoyen russe et a tenté de me persuader de ne pas partager les convictions de la plupart de mes connaissances. Mais je ne l’ai pas cru. Bien sûr, je n’étais pas nationaliste, ou plutôt, je ne percevais pas ce qui se passait comme du nationalisme, tant cela faisait partie de la chair et du sang de l’histoire ukrainienne depuis 1991. J’étais persuadée que mon « petit peuple » se battait pour sa liberté. C’est ce que pense encore la majorité de la population ukrainienne, et c’est ce que j’appelle la psychose de masse du fascisme libéral. J’ai écrit un poème à la mémoire de ceux qui sont tombés sur le Maïdan et je suis devenue très célèbre : le texte a été traduit dans 23 langues du monde. [1]
En 2015, j’ai visité le Donbass à plusieurs reprises et j’ai réalisé qu’il n’y avait pas de « liberté » ukrainienne, mais que des peuples frères s’entretuaient, et que c’était l’Ukraine, et non la Russie, qui était responsable de cette guerre fratricide, car ce sont les Ukrainiens qui ont attaqué les Russes, et non l’inverse. Ils n’ont pas atteint la Russie, mais ils ont commencé le génocide de leur propre population russe. En bref, j’ai participé à une guerre défensive, mais je suis revenue avec une guerre offensive et j’ai réalisé que les Ukrainiens étaient engagés dans une attaque impérialiste des mondialistes contre les valeurs de la culture russe, parce que la matrice de valeurs russe ne correspond pas à la « communauté internationale ». Depuis lors, je n’ai cessé de mener une guerre de l’information contre le régime ukrainien par tous les moyens disponibles : interviews, publications, messages sur les réseaux sociaux, communication avec des volontaires du Donbass, voyages en Russie, où l’on ne m’a pas pardonné pendant longtemps. Et certaines personnes ne me pardonnent toujours pas à ce jour. Il y a eu mon repentir public, mon discours au Parlement tchèque sur les révolutions de couleur, le travail scientifique, politique et d’information systématique, la psychanalyse sociale, que j’ai d’abord appliquée à moi-même pour sortir du mythe ukrainien. Jacques Lacan et son école m’ont aidée. Il y a eu aussi un travail subversif : j’ai développé mon cas comme une légende, j’ai embelli ma biographie pour que les Ukrainiens m’écoutent, afin que ce que disent les Russes vienne aussi apparemment des « leurs », mais ils ne m’ont toujours pas entendue. Pendant tout ce temps, j’ai continué à vivre dans l’agonie en Ukraine, croyant que c’était la bonne chose à faire. La Russie a commencé à écrire que j’étais la seule à m’être « guérie », me comparant à l’apôtre Paul (Saul). J’ai reçu beaucoup de haine des deux côtés.
En Ukraine, j’ai été gravement persécutée : menaces, détentions, interrogatoires, et même attaques dans la rue, suivies d’un renvoi de l’université et de brimades massives [Evgenia Bilchenko est dans la liste des cibles à abattre du site Myrotvorets, comme l’ont été Daria Douguine et Vladlen Tatarsky, NDT]. Tous mes amis et connaissances m’ont abandonnée. J’ai fini par être totalement isolée. On m’a offert l’occasion de demander pardon pour avoir critiqué la loi interdisant la langue russe et pour avoir dit que l’Ukraine était une colonie américaine. Je ne me suis pas excusée et, en 2021, je suis partie pour la Russie, où je vis depuis deux ans. Je ne me considère pas comme une réfugiée, mais plutôt comme une rapatriée. Au début, j’étais dans un isolement total, en Russie aussi, parce que le masque médiatique est difficile à enlever de la peau, et les médias ont « pris soin » de ma biographie, tout le monde était intéressé à parler de la « fille de Bandera » repentie, tout le monde a impitoyablement falsifié et exagéré mon rôle dans les événements de 2014. Mais j’ai prouvé que l’on pouvait me faire confiance, et je le prouve encore aujourd’hui. J’aime la Russie, c’est ma patrie. Beaucoup de gens ici pensent que j’ai obtenu ce que j’ai obtenu par des connaissances dans les plus hauts cercles du pouvoir russe, mais ce n’est pas vrai. En Russie, si vous travaillez honnêtement, vous pouvez obtenir beaucoup. Je suis partie de zéro. J’ai tout récupéré : mon poste de professeur, la publication de livres, la scène littéraire. Aujourd’hui, je suis une citoyenne russe. J’ai retrouvé ma patrie et j’aide de tout cœur l’Opération Militaire Spéciale. Ne croyez pas tout ce que les médias occidentaux disent sur la Russie. C’est vraiment le dernier bastion de la vérité dans ce monde. Ce n’est pas « l’Amérique ».
Pourquoi étais-je curieux de vous rencontrer ? Parce que j’ai été fortement marqué par la révolution colorée EuroMaïdan qui s’est déroulée chez vous pendant l’hiver 2013-2014. J’ai immédiatement compris que cet événement aurait des conséquences catastrophiques. Or, vous avez vécu les faits de l’intérieur puisque vous étiez sur place pendant les événements. Pouvez-vous nous exposer comment vous avez perçu les événements au début, et comment vous avez évolué ensuite ?
Comme je l’ai dit, j’ai d’abord perçu ces événements comme une révolte pour la justice sociale, comme une sorte d’« événement-vérité », pour reprendre les termes d’Alain Badiou, lié à une rupture radicale avec le monde de la violence et de l’hégémonie. Je faisais partie des gens ordinaires : paysans, étudiants, petits bourgeois et braves gens qui étaient utilisés par les politiciens pour être ensuite détruits en tant qu’excédent spontané. Ils étaient manipulés par l’Occident collectif, qui les opposait aux Russes, jouant sur les vieux traumatismes ethniques des Ukrainiens, et les attirant avec des symboles de plaisir et de consommation. Toutes les forces de la guerre de l’information ont été déployées : dures, douces, rusées. Lorsque j’ai perdu mes illusions sur le Maïdan, j’ai pensé pendant un temps que le Maïdan lui-même était spontané et que seuls ses résultats avaient été récupérés par les oligarques et les nationalistes, mais il m’est ensuite apparu clairement que toute la révolution colorée – du début à la fin – était une performance bien pensée du monde occidental à la périphérie de la civilisation russe. J’ai commencé à étudier le séminaire d’Alain Badiou du 12 mars 2014 où il parle de Maïdan, titré par un média russe « Courir en circuit fermé ? » (« Бег по замкнутому кругу ? »), et la doctrine du choc de l’essayiste canadienne Naomi Klein, qui a révélé comment le libéralisme utilise les nationalistes du monde entier pour son propre profit géopolitique et économique dans le cadre de guerres hybrides et de conflits civils. Dans notre cas, il s’agit de la confrontation de l’Ukraine avec la Russie. Je pense que je connais maintenant absolument tout sur les révolutions de couleurs, étape par étape. Comment les plateformes internet de procuration sont créées, comment les mèmes sont lancés, comment les redondances sont nettoyées, comment les choses reviennent à la normale… Et c’est plus effrayant à l’intérieur qu’à l’extérieur, parce que la violence n’est pas toujours explicite, qu’elle n’a pas besoin d’être démantelée, et qu’elle est elle-même un démon insidieux de séduction et de tromperie. En Russie, j’ai publié deux livres sur les révolutions de couleur et, en général, sur le mondialisme contemporain : La violence sentimentale du libéralisme : du choc au kitsch, qui a remporté le seul prix russe de recherche philosophique en 2022, et Les idoles du théâtre : un long au revoir, qui a déjà été présenté en 2023. [2]
Pendant notre discussion à Saint-Pétersbourg, vous avez dit que les néo-nazis ukrainiens, les bandéristes, sont en fait des punks. Cette observation est frappante. Je sais que vous avez étudié Jacques Lacan. Dans le cas des bandéristes, il y a une dissociation totale entre le Réel et le Symbolique. Ils passent leur temps à dire quelque chose, « protéger la race blanche », dixit Andriy Biletsky dans son article de 2007, et à faire le contraire, puisqu’ils tuent des Blancs par milliers. [3] Autrement dit, la parole n’est plus articulée sur du réel, sur quelque chose d’objectif. C’est le principe de la psychose, la subjectivité en roue libre, toute-puissante, sans limites. Les nazis ukrainiens sont-ils des psychotiques ?
Le nazisme ukrainien est une forme de schizophrénie sociale moderne. Et je pense qu’il ne s’agit pas d’une rupture comme celle d’Althusser, où le Réel et le Symbolique sont dissociés, mais d’une suture lacanienne – une combinaison de l’incongru dans une coquille dense et impénétrable : le Réel, l’Imaginaire, le Symbolique. Ou, comme le rappelle la structure du mythe de Roland Barthes : le signifiant, le signifié et le signe. L’essence de la psychose ukrainienne est que la couture symbolique de son mythe combine des récits incongrus : libéralisme et nationalisme, cosmopolitisme et ethnicisme, valeurs européennes modernes de protestation personnelle et chimères collectives quasi-religieuses de sang et de terre. Les deux histoires sont subordonnées au même hégémon : le mondialisme. Il existe une sorte de paradoxe légitimé dans l’esprit de l’Ukrainien moyen : l’état d’esprit traumatisé et « recousu » embrasse aussi bien les valeurs de McDonald’s que celles du djihad. Le néonazisme ukrainien ayant été préparé par le monde libéral occidental, qui déclare ouvertement le contraire, il était nécessaire de fusionner les récits, de les assembler. Toute couture craint les espaces vides. Et ces vides ont été comblés par une terrifiante perversion de la liberté : le multiculturalisme postmoderne. En effet, dans une société où chacun s’amuse à sa manière, pourquoi les néonazis ukrainiens ne s’amuseraient-ils pas à tuer des enfants russes ? Cela semble monstrueux. L’esthétique est devenue le masque du mal absolu. L’idole du pluralisme est devenue le fil conducteur entre l’idée libérale du marché éternel et l’idée ethnique de la guerre éternelle. Il en résulte un marché libre, un marché de la guerre, qui achète toutes les idées politiques, non seulement de droite mais aussi de gauche. En termes lacaniens, le Symbolique est ici le multiculturalisme, l’Imaginaire est ici le nationalisme, et le Réel est ici le mondialisme. Un éclectisme monstrueux associe le néonazisme ukrainien au style de la contre-culture gauchiste occidentale, qui a longtemps été le pouvoir, l’hégémonie de la « classe créative ». C’est ce que j’appelle la violence sentimentale. Il s’agit de l’émergence d’un nouveau totalitarisme, brouillé et diffus, parfois drapé dans autre chose. C’est pourquoi je n’ai pas été surprise de voir des radicaux de droite lire activement Gilles Deleuze et d’autres penseurs de gauche, combinant dans leur cerveau les monstres ethniques et les émeutes de la Sorbonne en mai 1968. Au fil du temps, cependant, les universités ukrainiennes ont commencé à bannir progressivement le marxisme, et aussi particulièrement la psychanalyse. Les nationalistes ukrainiens la craignaient comme le feu et l’ont remodelée de toutes les façons possibles à la manière américaine. La schizophrénie consiste aussi dans le fait que les personnes qui ont élevé leur traumatisme au rang de culte idéologique refusent d’y réfléchir.
Le libéralisme est également un culte de la subjectivité, donc de la démesure, l’hubris en grec. On observe d’ailleurs de nombreuses sympathies et affinités entre le mouvement LGBT et les bandéristes. Inna Sovsun, députée LGBT du parlement ukrainien, soutient le régiment Azov. Viktor Pylypenko, du bataillon « Donbass », a créé un syndicat des soldats LGBT. Pouvez-vous commenter ces convergences apparemment contradictoires ?
J’explique ces contradictions par la même raison : le libéralisme occidental utilise le néonazisme ukrainien comme une arme contre la Russie. Slavoj Žižek dit que les perversions obscènes sont l’autre face de la culture militaire, le réel caché sous le symbolique. Toutefois, je ne serais pas aussi catégorique que M. Žižek. Toutes les armées n’ont pas des homosexuels comme revers nécessaire de la virilité militaire. C’est plutôt que toute culture militaire cache certaines passions chtoniennes et érotiques sous des symboles sublimes, comme les Vikings ou les Mousquetaires. Une telle ambivalence est effrayante pour le commun des mortels, mais elle est tout à fait organique pour l’histoire de la culture mondiale. Un homme en guerre peut danser au-dessus du chaos comme une étoile filante, il peut combiner l’amour de sa patrie et l’amour de l’aventure. L’Ukraine a perverti l’archétype du militaire et celui de l’aventurier. Dans le cas ukrainien, il s’agit de l’une des manifestations les plus laides et les plus immorales de la passion. Au lieu de la passion de la victoire – la passion de la mort. Au lieu de l’amour – le culte des pathologies de l’amour. L’armée ukrainienne a perverti l’assemblage militaire traditionnel de qualités sublimes et tragiques en une union de deux vices : ethnique et sexuel. Je les appelle dans mon nouveau livre les « idoles du clan » et les « idoles des cavernes ». Même dans la culture antique, où l’homosexualité était légalisée, il n’y avait pas une telle vénération, une telle sacralisation de la dépravation comme en Ukraine. Il est monstrueux que cela se produise dans un monde qui connaît le christianisme depuis plus de deux mille ans. En même temps, je ne sous-estimerais pas les Ukrainiens dans la guerre de l’information. En Ukraine, les technologies politiques [version russophone de l’ingénierie sociale, NDT] savent comment justifier et promouvoir toutes les pathologies, tous les vices, en utilisant la terminologie la plus récente et les stratégies les plus modernes. Ce n’est pas sans raison que d’éminents spécialistes occidentaux de l’analyse de l’information, de la psychologie et de la géopolitique travaillent dans les services de sécurité ukrainiens.
Mon voyage en Russie m’a apporté la confirmation définitive que l’Occident libéral était un immense hôpital psychiatrique, dirigé par des fous ! Le transsexualisme, c’est-à-dire l’automutilation du corps, est l’une des formes de la psychose et est aujourd’hui enseigné aux enfants dans les écoles en Occident. Toutes les pathologies mentales et sociales sont au pouvoir en France et en Occident. Ce qui n’est pas le cas en Russie. Cela recoupe à peu près la division du monde entre capitalisme et communisme. Comment expliquer que le communisme et la société russe qui en est sortie soient en meilleure santé mentale que les sociétés qui n’ont connu que le capitalisme et le libéralisme ?
Je vais tenter de l’expliquer. Transsexualité, trans-esthétique, transphobie, tous ces types de « trans » sont le désir incontrôlé par lequel le capital occidental tente de dominer le monde. Chez les Russes, la transgression en tant qu’instrument de la volonté de puissance perd son pouvoir. Car le communisme, comme le christianisme, dont la Russie est issue sur le plan civilisationnel, est ce qu’on appelle la « cinquième politique », après la tyrannie, la démocratie, l’oligarchie et la ploutocratie. L’Occident a connu les quatre : le pouvoir des dictateurs, le pouvoir des marchands, le pouvoir des démagogues et le pouvoir de la foule. Platon disait que la démocratie serait la pire des politiques car elle conduirait inévitablement à la tyrannie. C’est ce qui s’est passé avec le pluralisme occidental, qui cache les nationalismes les plus fous et les prétentions mondialistes. Derrière chaque bonbon occidental se cache un autre poison local, et derrière chaque rouge à lèvres mondial se cache du sang ethnique. Le multiculturalisme n’existe pas : il s’agit d’une manipulation mondialiste visant à justifier la perversion et le mal. Tolérer le mal, c’est trahir le véritable événement, c’est trahir le bien, c’est renier le Christ. Le communisme a, dans une certaine mesure, repris le christianisme et enseigné les mêmes choses que l’orthodoxie russe, mais sous une forme laïque : solidarité, volontarisme, collectivisme, sacrifice, amour, justice, liberté réalisée, devoir. Le monde occidental ne fait que parler de liberté, mais il n’est pas libre : il est complètement dépendant de ses désirs et de ses maîtres qui dirigent ces désirs. La Russie n’a pas voulu s’agenouiller devant la société du désir, elle est restée une société de droit et n’a donc pas besoin de la démocratie libérale occidentale. Le mondialisme néolibéral est la pire forme d’esclavage, une forme de mal rampant et transparent. Par conséquent, pour nous, Russes, nos traditions ne sont pas du tout un fondamentalisme ignorant, mais une manière de résister au monde global de l’Occident collectif. Nous sommes passés par le prémoderne, le moderne et, dans les années 90, le postmoderne. Nous avançons, non sans difficultés, non sans craintes, mais nous avançons. L’Europe, en revanche, reste dans la postmodernité par inertie, c’est-à-dire dans une société de désir effréné, un spectacle de mort recouvert de chansons douces sur le confort. Les films de Tarantino le montrent bien, comme ceux de Lynch, de Kusturica, de Stone. Il est temps pour l’Europe de dire adieu aux idoles transnationales américaines. L’Europe a été plus libre tout en restant traditionnelle. J’ai toujours aimé l’école française de philosophie : pour moi, Lacan et Badiou ne sont pas des mots vides de sens, ce sont de grands génies de la pensée. Mais aujourd’hui, l’Europe, en la personne de ses élites, s’est vendue aux mondialistes et se trahit elle-même. Cela vaut pour la droite comme pour la gauche. Les élites corrompues ne se soucient pas de la vie des gens ordinaires, elles ne se soucient pas de la justice de classe. Elles ne se soucient pas non plus des traditions nationales authentiques ; elles transforment toute culture nationale en une attraction touristique. C’est pourquoi je pense que les ailes libres de gauche et de droite de l’anti-mondialisme en Occident, si elles existent encore, devraient s’unir pour préserver la vie humaine en Occident et ne pas être accablées par le mondialisme.
Merci Evgenia pour ces analyses de très haut niveau, et à bientôt !
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