par Haaretz
La Knesset est atteinte de kahanisme malin. Dimanche, elle a promulgué une loi sans rapport avec le coup d’État judiciaire en cours, et dont le processus législatif n’a pas rencontré d’opposition publique ou parlementaire et qui n’a pas valu à ses partisans des cris de «honte à vous !» Pourtant, cette loi n’est pas moins dangereuse pour la démocratie que le coup d’État, et elle prouve que les processus de fascisation battent leur plein.
Cette loi double la peine pour un crime ou délit sexuel dans le cas où il a été commis pour des motifs nationalistes. L’organisation féministe israélienne Haredi Nivcharot a demandé, à juste titre, dans un document de synthèse soumis à la commission de la sécurité nationale de la Knesset, en coopération avec la commission de la Knesset sur le statut des femmes et l’égalité des sexes, alors que le projet de loi était en cours d’élaboration : «Un juif ultra-orthodoxe qui viole une fille de 12 ans cause-t-il moins de blessures ou de dommages qu’un Arabe palestinien qui viole une fille de 12 ans ?» Depuis cette semaine, la réponse à cette question en Israël est «oui».
Une fois de plus, il apparaît clairement que lorsqu’il s’agit de haïr les Arabes, nous sommes bel et bien frères et sœurs. Ce projet de loi, avec son esprit de suprématie juive, a été soumis par les députés Limor Son Har-Melech et Yitzhak Kroizer du parti Otzma Yehudit avec certains de leurs rivaux supposés de l’opposition – les députés Yulia Malinovsky, Evgeny Sova et Sharon Nir de Yisrael Beiteinu. Il est horrifiant de constater que cette loi immorale, qui adapte la peine à la «race» du délinquant/criminel – une peine pour un violeur juif et une autre pour un violeur arabe – est le résultat d’une coopération entre différents partis.
Ceux qui pensaient que seuls les membres du parti Yisrael Beiteinu de Avigdor Lieberman avaient ostensiblement renoué avec leurs habitudes racistes devraient jeter un coup d’œil sur le décompte des voix. Le projet de loi a été soutenu par 39 législateurs, dont les députés de Yisrael Beiteinu et Pnina Tamano-Shata du Parti de l’unité nationale. Seuls sept députés s’y sont opposés, et le seul de ces sept députés à ne pas appartenir à un parti arabe est Gilad Kariv, du parti travailliste. Tous les autres députés du parti travailliste, du parti de l’unité nationale et du parti Yesh Atid n’ont tout simplement pas pris la peine de se présenter au vote.
«Je ne peux pas comprendre les députés de Yesh Atid et du Parti de l’unité nationale, qui savent que cette loi fait partie d’une campagne menée par les forces kahanistes présentes ici, mais qui ont choisi de quitter le plénum», a déclaré Kariv, qui, une fois de plus (comme lors du vote sur l’élargissement de la loi sur les comités d’admission), a prouvé qu’il était le seul homme vertueux de Sodome. «Nous sommes dans une bataille majeure pour stopper cette vague kahaniste, ce tsunami, mais nous nous y opposons uniquement par cette astuce consistant à quitter le plénum», a-t-il ajouté.
Kariv avait raison. Tous ceux qui se disent démocrates mais qui ont abandonné le plénum au moment où la Knesset se comportait comme une foule excitée possédée par un dibbouk du Ku Klux Klan et qui ont ainsi prêté la main à cette abomination par leur silence, ne peuvent pas prétendre avoir les mains propres. Ils sont des partenaires à part entière de ce crime. Il ne nous reste plus qu’à espérer que la Haute Cour de justice sauvera Israël de ses racistes et annulera cette loi raciale.
source: Haaretz via Tlaxcala
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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