Elle ne t’aime pas, elle ne se soucie pas de toi et elle ne te connaît pas. Mais son équipe fait semblant de le savoir, en créant une image de fausse empathie et d’intérêt, en séparant le bon grain de l’ivraie. Le phénomène prédateur de la machine marketing de Taylor Swift, qui consiste à aspirer les fans, a de quoi impressionner. Laissant de côté le genre de musique qui finira par être mise en boîte comme un simple souvenir de l’histoire, Swift est devenu un phénomène d’entreprise, une bête Mammon d’une grande ampleur et d’une grande envergure. Et comme la plupart des phénomènes d’entreprise, ils ont tendance à être prédateurs.
Un aspect central de la machine Swift est l’utilisation d’un système de vente de billets destiné à acheminer les billets vers les fidèles fans. Les fans les plus fidèles, pour ainsi dire, sont un groupe malheureux, bien que dévoués [à la chanteuse], illusionnés et faciles à satisfaire. Comme des dévots assoiffés de culte, ils doivent montrer leurs couleurs en promouvant essentiellement la marque de commerce Swift. L’achat de produits liées à la star est primordial. Ils sont tenus de s’épancher et de baver sur les réseaux sociaux à propos de leur objet d’adoration [Taylor Swift]. Ce qu’il leur donne une bien meilleure chance d’obtenir des billets de concert en prévente.
En 2017, cette pratique était déjà observée par des personnalités telles que le leader de Shikari, Rou Reynolds.
« Le plus écœurant, c’est que cette exploitation ultra-capitaliste des fans se cache sous un vernis de moralité – l’arrêt des tickets bots / touts [robots de billets / rabatteurs] . » Selon Reynolds, « les bots/racoleurs trompent les fans en revendant des billets à un prix plus élevé. Elle ne les arrête pas, elle les remplace. Elle escroque ses propres fans.
Cette escroquerie dure depuis un certain temps. Et les fans, en tant que personnes indulgentes et manipulées, sont prêts à l’ignorer. Il faut mettre cela sur le dos du rabougrissement émotionnel dû à la pandémie mondiale, aux angoisses, à l’écoute permanente de l’œuvre de Swift. C’est pour cette raison même que la figure pop gagne plus de 13 millions de dollars à chaque tournée « Eras » (300 millions de dollars ont été récoltés sur 22 concerts [dates]), et cela devrait rapporter quelque chose comme 1 milliard de dollars lorsque la tournée se terminera à Londres. l’année prochaine.
Il est rapporté que Swift facture 254 $ par billet (cela varie selon le lieu et l’échelle), un chiffre qui semble dérisoire devant les montants de revente qui peuvent atteindre, littéralement, des milliers de dollars. La voir jouer videra votre portefeuille d’un montant deux fois supérieur à celui de sa tournée «Reputation» de 2018, ce qui signifie que la chanteuse a dépassé l’augmentation moyenne de l’industrie de 37 $ pendant cette période. Le marché secondaire des reventes, qui est parfois facilité par des promoteurs distribuant directement les billets aux intermédiaires [brokers], connaîtra des prix faramineux par le biais des points de vente tels que Stubhub. Pour un spectacle dans une salle de Minneapolis, les billets Swift allaient de 900 $ à 12 000 $.
La principale caractéristique du modèle commercial Swift est qu’elle propose différents écarts de prix et qu’elle les exploite sans aucune pitié. À l’instar d’une compagnie aérienne cherchant à attirer un type particulier de clients en échange de peu de choses, elle propose des billets de type standard, sans intérêt, des options d’arrière-scène. Puis viennent les « packages VIP » présentés de manière attrayante qui incluent des bibelots, des affiches, des sacs fourre-tout (vous êtes fiers de vous ?).
Pour les types de personne au tempérament sensible et au cœur tendre, qui se réjouissent à l’idée d’avoir un meilleur accès à leur reine (héroïne), cela rendra forcément les portefeuilles beaucoup plus faciles à dérober. Et cela commence à se savoir. Des personnes telles que @AirlineFreak (oui, ne révélez pas votre vrai nom) ont raconté avoir parcouru environ 8 600 miles [13840,36 kilomètres] aux États-Unis pour un concert et d’avoir écrit sur Reddit [site web communautaire américain de discussion et d’actualités sociales] en avouant avoir payé une somme astronomique de « 3 500 $ pour 2 billets de section médiane pour la première partie de la soirée à ATL.[2 mid-section tickets for ATL night 1] ” Bien qu’il s’agisse d’une dépense importante, le fait de voir Swift en valait certainement la peine. On a ce que l’on mérite.
Swift connaît certainement une ou deux choses en matière d’argent. C’est du moins l’impression que nous avons. Elle a renoncé à un accord de parrainage avec la bourse de crypto-monnaies FTX, désormais en faillite, d’une valeur de 100 millions de dollars, préférant placer son argent dans un fonds commun de placement de créneau. La source de cette information est le gestionnaire de fonds spéculatifs Boaz Weinstein , qui connaît le père de la chanteuse, Scott, lui-même ancien agent chez Merrill Lynch. Si on peut faire confiance aux gestionnaires de fonds spéculatifs quels qu’ils soient, Weinstein insiste sur le fait que Swift « investit dans des fonds à capital fixe à prix réduit ».
L’accent a été mis sur le fait de transférer le problème de la tarification de Swift à ces diaboliques sites de vente de billets à la sauvette. en laissant entendre qu’elle est en quelque sorte innocente face à la bête même qu’elle a contribué à créer. Un article de CHOICE publié à la fin de juin dernier, décrivait la situation de la manière suivante : « Des forfaits VIP limités aux spectacles de Swift à Sydney et à Melbourne ont été mis en vente lundi. Les escrocs n’ont pas tarder à exploiter la forte demande, cherchant à revendre les billets à des prix excessivement élevées. »
C’est exact, mais la véritable raison pour laquelle de tels frais sont jamais envisagés doit reposer sur les fans abrutis qui alimentent l’exploitation de l’industrie du divertissement de Swift. Oubliez la crise, les budgets plus maigres, les catastrophes climatiques. Une certaine chanteuse veut votre argent.
Dr Binoy Kampmark
Image en vedette : affiche promotionnelle pour la tournée de concerts de Taylor Swift « The Eras Tour » (sous licence Fair Use)
Lien vers l’article original:
The Taylor Swift Exploitation Machine, 27 juillet 2023
Traduit par Maya pour Mondialisation.ca
Source : Lire l'article complet par Mondialisation.ca
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