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par Gilbert Doctorow
Ce soir, l’émission News of the Week de la télévision publique russe a commencé par un documentaire de 30 minutes sur les relations russo-polonaises depuis la fin de la Première Guerre mondiale et pendant la période de la guerre civile russe, lorsque le gouvernement du maréchal Pilsudski a arraché d’importants territoires au contrôle de la Russie. Il traite également en détail du comportement bien documenté de la Pologne en tant qu’agresseur et occupant des territoires tchécoslovaques, lituaniens, ukrainiens et biélorusses avant le début de la Seconde Guerre mondiale et jusqu’à ce qu’Hitler envahisse la Pologne.
Ce reportage s’articulait autour du discours prononcé vendredi par Vladimir Poutine devant le Conseil de sécurité de la Fédération de Russie, qui a été partiellement diffusé à cette date. Des extraits de ce discours ont été utilisés pour introduire certains passages du documentaire.
Rappelons que vendredi, Poutine a expliqué comment et pourquoi nous pouvons nous attendre à l’entrée officielle en guerre d’une force militaire conjointe polono-lituanienne-ukrainienne qui sera officiellement présentée comme défendant la souveraineté de l’Ukraine en occupant l’Ukraine occidentale. Cependant, Poutine a décrit cela comme une force d’occupation qui, une fois installée à Lvov et en Ukraine occidentale, ne partirait jamais. Il s’agirait en fait d’une répétition de la vente des intérêts ukrainiens aux Polonais et de la cession de territoires à la Pologne, telles qu’elles ont été perpétrées par leur chef Symon Petlioura en avril 1920 et qu’elles sont maintenant répétées dans les accords secrets entre les présidents Zelensky de l’Ukraine et Duda de Pologne.
Cependant, ce n’est pas la seule agression polonaise imminente annoncée par Vladimir Poutine vendredi. Il a déclaré que la Pologne avait également des visées sur le territoire du Belarus. Le documentaire diffusé ce soir a étoffé cette remarque et nous a rappelé les territoires bélarussiens dont la Pologne s’est emparée par la force au XXe siècle lorsqu’elle en a eu l’occasion. Il a également pointé du doigt les combattants bélarussiens à l’étranger qui seront utilisés par la Pologne pour lancer son offensive contre Minsk depuis le territoire polonais, ainsi que l’armement qu’ils reçoivent des États-Unis et des pays membres de l’OTAN.
En ce qui concerne les visées polonaises sur l’Ukraine, Poutine n’a pas indiqué quelle serait la réponse de la Russie. Mais en ce qui concerne le Belarus, il a déclaré directement vendredi que tout acte d’agression contre le Belarus serait considéré comme une attaque contre la Russie et que la Russie répondrait avec toute la force militaire dont elle dispose. Il a averti Varsovie de réfléchir aux conséquences de ses actes.
Le discours de Poutine de vendredi semblait s’adresser à Varsovie. Le programme de ce soir était clairement destiné au grand public russe, afin de le préparer à l’éventualité d’une guerre russo-polonaise dans un avenir proche.
Ce point a été mis en évidence par la visite du président du Belarus, M. Loukachenko, à Saint-Pétersbourg. Cette visite s’est déroulée en grande pompe. Les deux présidents se sont rendus aujourd’hui à Kronstadt, dont ils ont visité l’église principale, foyer spirituel de la marine russe. Ils ont également visité le nouveau musée de la marine russe, sur le point d’être inauguré, et sa pièce maîtresse, le premier sous-marin nucléaire russe, réponse du pays au Nautilus américain de l’époque. Ils ont également discuté des menaces militaires et politiques qui pèsent sur leurs pays respectifs. Ces discussions se poursuivront demain de manière inopinée au palais Konstantinovski, à l’extérieur de Saint-Pétersbourg. La raison de ces consultations approfondies ressort clairement des remarques faites par Loukachenko à la presse lors de sa rencontre avec Poutine, à savoir que les services de renseignement militaire du Belarus ont suivi de très près le renforcement massif des forces polonaises, y compris des chars, des hélicoptères et d’autres équipements militaires lourds, à plusieurs endroits près de la frontière du Belarus.
Ce soir, l’émission News of the Week a expliqué au public russe que les nouveaux plans agressifs des Polonais ne sont mis en œuvre que parce qu’ils sont convaincus que l’Oncle Sam les soutient. Et ils ont nommé la personne qui incarne ce lien comme étant l’ancien ministre des Affaires étrangères de Pologne Radoslaw Sikorsky (2014-15), qui est aujourd’hui membre du Parlement européen et délégué responsable des relations avec les États-Unis. Une photo des dernières réunions de Sikorski avec des responsables du Pentagone et avec Joe Biden et ses conseillers a été diffusée à l’écran. Pour ceux qui s’interrogent sur les opinions politiques de Sikorsky, il convient de rappeler qu’il est l’époux de la journaliste néoconservatrice Anne Applebaum, qui déteste la Russie et qui est très connue du public américain pour ses chroniques régulières dans le Washington Post.
D’après les talk-shows russes de ces derniers jours, il est facile de comprendre la lecture que fait le Kremlin de la guerre par procuration qui se déroule actuellement en Ukraine et autour de ce pays : Washington constate que la contre-offensive ukrainienne est un échec total qui a coûté la vie à des dizaines de milliers de membres des forces armées ukrainiennes et a entraîné la destruction d’une grande partie des équipements occidentaux livrés à l’Ukraine au cours des derniers mois. Au lieu de rechercher la paix, Washington cherche à ouvrir un «second front» en utilisant la Pologne à cette fin.
Une réponse possible de la Russie à toute action contre le Belarus a également été évoquée sur les ondes : s’emparer du corridor de Suwałki qui relie Kaliningrad au Belarus en traversant le territoire polonais. La prise de contrôle de ce corridor aurait pour effet d’isoler les États baltes de la Pologne et de mettre ainsi leur sécurité en péril.
La conclusion inéluctable des dernières nouvelles est que les politiques incendiaires de Washington et l’escalade continue du conflit ne peuvent garantir la défaite de la Russie. Au contraire, elles pourraient bien conduire à l’effondrement total de l’alliance de l’OTAN une fois que sa valeur militaire aura été discréditée de telle sorte que les propagandistes les plus créatifs de Washington ne pourront ni l’ignorer, ni l’occulter.
source : Gilbert Doctorow
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