Un mois à peine après leur premier voyage commun à Tunis, trois dirigeants européens ont signé, dimanche 16 juillet avec le président Kaïs Saïed, un « protocole d’accord » pour une coopération, en grande partie économique, mais aussi sur les questions migratoires.
Ursula von der Leyen pour la Commission, Giorgia Meloni pour l’Italie et Mark Rutte pour les Pays-Bas avaient proposé, le 11 juillet, ce « partenariat renforcé » à la Tunisie dans un contexte d’augmentation des traversées de migrants en Méditerranée centrale et de problèmes budgétaires importants pour la Tunisie. (RFI)
Sans tomber dans les interprétations les plus farfelues – aujourd’hui on dirait complotistes –, on peut dire trois choses.
1 : La majorité des Tunisiens, du peuple à son président, ne veut plus que leur pays serve de lieu de passage à l’immigration subsaharienne.
2 : L’Union européenne a besoin de migrants comme armée de réserve du Capital, et la Tunisie a besoin d’investissements pour se développer.
3 : Le dirigeant de la Tunisie fait un deal : on laisse passer les migrants, vous envoyez la tune, et on fait tous les deux semblant de lutter contre ce fléau.
Comme par hasard, le nombre de migrants subsahariens traversant la Tunisie croît sans cesse (les interceptions ont a été multipliées par cinq, écrit RFI). Ce qui veut dire qu’il y a un appel d’air européen.
Alors que le président Kaïs Saïed insiste sur le fait que la Tunisie n’est pas le garde-frontière de l’Europe et que le pays ne peut pas accueillir sur son sol des migrants irréguliers, l’accord européen entérine pourtant une coopération renforcée.
Pourquoi penser ça, pourquoi penser que le monde est méchant ? Ce sont les sourires affichés par les trois dirigeants européens qui ont éveillé notre méfiance.
1 : L’ultralibéral néerlandais Rutte, depuis débarqué, mais à la tête d’un pays qui vit entre autres de son paradis fiscal tout en donnant des leçons de morale aux pays du Sud censés être pauvres et paresseux ;
2 : La hyène germanique corrompue Leyen, la va-t-en-guerre-mondiale à la tête de l’UE, prête à mettre les pires coups de poignard dans le dos des peuples européens qui ne l’ont jamais choisie ;
3 : la fourbe Meloni qui a arnaqué les patriotes italiens qui croyaient voter pour l’Italie et contre l’Europe et qui se retrouvent avec la pire des copines de Leyen ;
pour toutes ces raisons, on ne voit pas pourquoi ces trois eurotraîtres mettraient un terme à la guerre migratoire menée contre les nations européennes. Ce milliard, il va servir au contraire à acheter le silence de la Tunisie (le Maroc avait fait de même) pour assurer le passage vers l’Europe des petits soldats du Capital.
Ce protocole d’accord devrait avoisiner un milliard d’euros, indique Pierre Benazet, correspondant de RFI à Bruxelles. Selon Mark Rutte, il s’agit de créer de la croissance, de l’emploi et des perspectives d’avenir pour le pays. Un argument de poids à l’heure où la Tunisie croule sous la dette extérieure et où le président Kaïs Saïed refuse les conditions de l’aide du Fonds monétaire international qu’il considère comme des diktats.
En général, quand des dirigeants corrompus (par le grand Capital) parlent d’humanisme, il faut comprendre profit. Les migrants, même ceux qui coulent dans la Méditerranée, les oligarques néolibéraux n’en ont rien à battre. Ce qui les intéresse, en période de crise du profit, c’est de dénicher du profit pour la Banque et les multinationales en creusant dans les salaires, ce qui explique l’explosion de l’uberisation chez nous (4 euros de l’heure en moyenne pour les livreurs), et de détruire les résistances nationales et sociales dans leurs propres pays.
C’est leur unique programme, le reste, c’est de la littérature pour les gauchistes et les droitistes.
La question subsaharienne en Tunisie
Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation