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New Delhi Declaration of the Council of SCO Heads of State – 4 july 2023 – http://eng.sectsco.org/documents[/efn_note]
Cette déclaration de l’OCS reste dans la sobriété et ne compte que 2282 mots. On est loin des logorrhées verbales de la déclaration du G7 de Mai 2023 qui compte plus de 25 000 mots et qui cherchent à imposer ses volontés au monde par un bla-bla-bla interminable, abondamment relayé par les médias mainstream mondialistes.
L’Iran, intronisé comme membre à part entière de l’OCS lors de ce sommet n’a pas signé cette déclaration. Il signera la prochaine. La candidature de la Biélorussie a été acceptée pour étude. Celle-ci devrait être validée lors du prochain sommet.
Avant d’entrer dans l’analyse de la déclaration, il est indispensable de se rappeler que l’OCS est une organisation régionale, eurasiatique, à vocation principalement sécuritaire, mais de plus en plus économique ; que cette organisation a été fondée en juillet 2001, deux ans après le bombardement de Belgrade par l’OTAN, sans accord de l’ONU : bombardement qui avait humilié la Chine et la Russie, impuissantes à l’époque.
Allez savoir pourquoi, le statut d’observateur à l’OCS a été refusé aux USA et au Japon en 2005, alors qu’ils avaient fait acte de candidature. Les membres fondateurs de l’OCS ont-ils considéré que les USA et leurs alliés pourraient être bien davantage des fauteurs de troubles et de chaos que des facteurs de sécurité et de prospérité au sein de leur organisation ?
Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’OCS, lire l’article :
Quelques chiffres permettent de positionner l’OCS au niveau de la géopolitique mondiale :
Prenons connaissance des 10 Points clefs de la déclaration du sommet de l’OCS de juillet 2023.
1. Sur la multipolarité et le rôle de l’ONU
Dans une situation de plus en plus compliquée (nouvelles menaces et nouveaux challenges) de nouvelles approches sont requises pour promouvoir une coopération internationale plus équilibrée et efficace : c’est la multipolarité coordonnée par l’ONU, dont les mondialistes ne veulent pas entendre parler, lui préférant l’unipolarité, coordonnée par Washington, au profit des occidentaux, bien sûr.
«Les États membres (de l’OCS) confirment leur attachement à la formation d’un ordre mondial plus représentatif, démocratique, juste et multipolaire fondé sur les principes universellement reconnus du droit international, du multilatéralisme, de la sécurité égale, conjointe, indivisible, globale et durable, de la diversité culturelle et civilisationnelle, mutuellement bénéfique et une coopération égale des États avec un rôle central de coordination de l’ONU».
Le rôle central de l’ONU, et non celui de l’OTAN ou de l’administration néoconservatrice et mondialiste états-unienne, est rappelé à plusieurs reprises dans le texte de cette déclaration. Sur 2300 mots, cette déclaration de l’OCS évoque l’ONU à 8 reprises en soulignant son rôle irremplaçable et central dans la coordination et la direction des affaires du monde.
S’agissant du nombre des références à l’ONU dans le communiqué final de l’OCS, on est très loin des concepts stratégiques de l’OTAN, dans lesquels le mot ONU est largement ignoré et quasiment absent :
1991, 7400 mots 1 seule référence à l’ONU ; 2010, 4800 mots 3 références à l’ONU ; 2022, 4827 mots, 3 références à l’ONU.
Cette différence peut s’expliquer par le fait que les néoconservateurs US qui concoctent les concepts stratégiques de l’OTAN n’ont pas grande estime pour l’ONU et considèrent que les USA, via l’OTAN et le G7, et non l’ONU, doivent jouer le rôle central dans la coordination et la direction des affaires du monde parce que, avec le dollar, l’extraterritorialité du droit US et la force militaire, ils seraient les seuls capables de jouer ce rôle.
2. Sur la désignation d’un adversaire
Les 9 États membres de l’OCS rappelle que «leur organisation n’est dirigée contre personne».
C’est tout le contraire de l’OTAN qui nomme clairement ses deux adversaires (Russie et Chine) dans son dernier concept stratégique 2022 (et la Russie dans tous les précédents concepts).
3. Sur les relations internationales en général
«Les États membres de l’OCS soulignent que les principes de respect mutuel de la souveraineté, de l’indépendance, de l’intégrité territoriale des États, de l’égalité, des avantages mutuels, de la non-ingérence dans les affaires intérieures et du non-recours à la force ou à la menace de recourir à la force, sont à la base du développement durable des relations internationales».
Cette phrase s’inscrit en opposition totale à la pratique des relations internationales par les États-Unis.
4. Sur un effort conjoint pour combattre le terrorisme
«Les États membres de l’OCS considèrent qu’il est important de renforcer les efforts conjoints et coordonnés de la communauté internationale pour contrer les activités des groupes terroristes, séparatistes et extrémistes, en accordant une attention particulière à la prévention de la propagation de l’intolérance religieuse, des nationalisme, discrimination ethnique et raciale, xénophobie, idées de fascisme et de chauvinisme».
Cette phrase montre, s’il en était besoin, que les pays de l’OCS sont, eux aussi, confrontés au terrorisme et que la lutte contre celui-ci n’est pas une exclusivité du camp atlantiste.
5. Sur l’ingérence et sur l’instrumentalisation du terrorisme
«Les États membres de l’OCS notent l’inadmissibilité de l’ingérence dans les affaires intérieures des États sous prétexte de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme, ainsi que l’inacceptabilité d’utiliser des groupes terroristes, extrémistes et radicaux à des fins mercenaires».
Cette déclaration montre que les gouvernances des pays de l’OCS ont parfaitement compris et rejettent les méthodes atlantistes mises en œuvre dans toutes les interventions de l’OTAN, notamment depuis 1990.
Rares sont les États qui n’ont pas identifiés ces faux prétextes et instrumentalisations atlantistes dans tous les désordres provoqués par le camp otanien sur la planète depuis l’effondrement de l’Union soviétique, d’autant que, trop sûr de lui, le camp atlantiste multiplie les maladresses et manque de discrétion.
«Nous avons menti, triché, volé (tué ?), c’est comme si nous avions suivi des cours de formation pour apprendre à le faire. Ceci nous rappelle la gloire de l’expérience américaine». (Mike Pompeo, s’exprimant en qualité de ministre des Affaires étrangères US)
«Le Front al Nosra fait du bon boulot en Syrie contre Assad et donc il est difficile de les désavouer». (Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères français)
6. Sur la régulation d’internet et de l’information numérique et la militarisation de l’Information
«Les États membres de l’OCS considèrent qu’il est important d’assurer des droits égaux à tous les pays pour réglementer Internet et le droit souverain des États de le gérer dans leur segment national. Les États membres s’opposent catégoriquement à la militarisation de l’information et technologies de la communication (TIC)».
Là encore, les gouvernances des pays de l’OCS ne sont pas dupes. Elles perçoivent très clairement, comme une majorité des pays du monde, à quel point Internet et les réseaux sociaux sont devenus des armes de guerre dans les mains occidentales qui dominent encore, et contrôlent en très large part, les domaines du numérique et des réseaux sociaux.
Ils réalisent à quel point il peut être facile de manipuler l’information et donc les opinions publiques en censurant les narratifs alternatifs ou en promouvant les narratifs facilitant l’atteinte des objectifs.
C’est encore là une pierre dans le jardin des occidentaux.
7. Sur la lutte contre le trafic de drogue
«Les États membres notent que le trafic illicite de stupéfiants et leur consommation non médicale menacent la sécurité et la stabilité internationales et régionales, le développement économique durable des états, la santé et le bien-être des personnes, ainsi que l’exercice de droits et libertés fondamentaux de l’homme».
L’OCS a parfaitement compris que le trafic de drogue est à la base du financement du terrorisme et le dit plus loin dans sa déclaration. «… et en utilisant le produit du trafic illicite de stupéfiants comme source de financement du terrorisme…»
8. Sur le désarmement nucléaire, biologique et chimique
«Les États membres réaffirment que l’expansion unilatérale et illimitée du système mondial de défense antimissiles par certains pays ou groupes de pays a un impact négatif sur la sécurité et la stabilité internationales. Ils considèrent comme inacceptables les tentatives d’assurer leur propre sécurité au détriment de la sécurité des autres États».
Le lecteur averti ne se demandera pas très longtemps contre quel ou quels États cette phrase de la déclaration de l’OCS est dirigée.
L’OCS se prononce aussi pour la résolution des conflits par la diplomatie, pour la reprise des conférences de désarmement, pour la démilitarisation de l’Espace, pour la destruction effective de tout armement chimique, pour le contrôle des armements, toujours sous l’égide de l’ONU, et il s’oppose à la création d’organismes de substitution venant en concurrence avec ceux de l’ONU.
Là encore, il s’agit de pierres dans le jardin des mondialistes qui cherchent clairement aujourd’hui à se substituer à l’ONU.
9. Sur l’économie et la finance
«Les États membres insistent sur l’importance de poursuivre l’amélioration et la réforme de l’architecture de la gouvernance économique mondiale, … Ils rappellent que l’application unilatérale de sanctions économiques autres que celles approuvées par le Conseil de sécurité de l’ONU sont incompatibles avec les principes du droit international et qu’elles ont un impact négatif sur les pays tiers et les relations économiques internationales».
«Les États membres se sont prononcés en faveur de la mise en œuvre de la feuille de route pour une augmentation progressive de la part des monnaies nationales dans les règlements mutuels par les États membres intéressés».
Sans surprise, l’OCS se prononce pour la réforme de l’OMC, contre les sanctions unilatérales généralement appliquées par l’occident pour soumettre les récalcitrants à son hégémonie, pour l’augmentation des transactions commerciales en monnaies nationales, donc contre l’utilisation systématique du dollar.
10. La nécessaire stabilisation de l’Afghanistan
et l’aide à lui apporter pour y parvenir sont longuement évoqués. En revanche, le problème de la Palestine n’a pas été abordé alors qu’il l’était, jusqu’à présent, dans toutes les déclarations finales des sommets des chefs d’État de l’OCS.
Est-ce à dire que, pour l’OCS, le basculement du monde en cours et l’avènement d’une multipolarité coordonnée par l’ONU aideront naturellement à résoudre cette question très importante pour la paix au Proche Orient et dans le monde ?
***
En conclusion, l’OCS marque très nettement des approches opposées à celle de l’OTAN, dans sa vision de l’organisation et de la marche du monde.
Mais l’OCS n’est qu’une organisation régionale limitée à l’Eurasie. Elle ne prétend pas avoir une vocation mondiale, ni étendre son rôle au-delà des limites géographiques qu’elle semble s’être fixé. Elle est, sur ce point, très différente de l’OTAN, organisation régionale à l’origine, limitée à l’Atlantique Nord, qui est, depuis 1990, sortie de ses limites pour s’attribuer une vocation mondiale.
Les campagnes menées par l’OTAN aux Proche et Moyen Orients sont très largement sorties de la zone d’application prévue au traité de l’Atlantique Nord. Plusieurs de ces interventions ont été conduites sans accord de l’ONU, sous des prétextes mensongers avérés. Il est à craindre d’ailleurs que les USA cherchent à entraîner ses partenaires de l’OTAN dans une croisade anti-chinoise au sujet de Taïwan, reconnue partie intégrante de la Chine par l’écrasante majorité des pays de notre planète, au point que cette île chinoise n’est pas reconnue par l’ONU et n’en est donc pas membre.
Aujourd’hui, une autre organisation internationale, à vocation mondiale, se pose en challenger de l’occident global (OTAN – AUKUS – G7) au moins sur le plan économique et financier : ce sont les BRICS qui souhaitent l’avènement d’un monde multipolaire et qui refusent l’ingérence permanente tous azimuts et tous prétextes des grandes alliances occidentales.
Le sommet annuel 2023 des chefs d’État des BRICS se tiendra du 22 au 24 août prochain en Afrique du Sud. Les annonces faites à ce sommet pourraient bien être décisives pour l’avenir de la planète avec un élargissement qui pourrait permettre aux BRICS de creuser l’écart économique et démographique avec l’occident otanien et de montrer qu’une autre marche du monde est possible hors de la soumission aux USA. L’annonce de la création d’une monnaie nouvelle pour les échanges inter-BRICS et les adeptes du monde multipolaire pourrait bien sonner le glas pour le dollar US et surtout l’extra-territorialité du droit US qui lui est attachée, et précipiter un déclin «occidental» déjà bien entamé.
C’est en tout cas ce que souhaite aujourd’hui une forte majorité des habitants de la planète qui refuse la soumission aux intérêts et aux lois US. Sur le long terme, il est de plus en plus clair que les pays occidentaux vont y perdre beaucoup et les pays membres de l’UE probablement plus que les USA.
Dominique Delawarde
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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