Par Moon of Alabama – Le 10 juillet 2023
La secrétaire d’État au Trésor, Janet L. Yellen, s’est rendue en Chine. Elle a tenté de faire pression sur la plus grande économie du monde sur plusieurs points.
Yellen, en Chine, critique le traitement des compagnies étasuniennes – NY Times, 7 juillet 2023
Yellen demande à la Chine d’augmenter ses investissements dans le financement de la lutte contre le changement climatique – NY Times, 7 juillet 2023
Les États-Unis augmentent la pression sur la Chine pour combattre la crise mondiale du Fentanyl – NY Times, 7 juillet 2023
Aucun de ces sujets n’est dans l’intérêt de la Chine. Aux États-Unis, les entreprises chinoises sont mal traitées. Les investissements climatiques financés par les États-Unis dans les pays étrangers, qui sont peu nombreux, s’accompagnent généralement d’exigences extraordinaires supplémentaires qui profitent au pays donateur plutôt qu’au pays bénéficiaire. La Chine procède différemment. Le fentanyl n’est pas un problème mondial, mais plutôt un problème spécifique aux États-Unis, dont les causes sont des problèmes sociaux généraux que la Chine et d’autres pays ont évité d’avoir.
La dernière demande de Mme Yellen était encore plus folle. Elle a appelé à un virage complet de la Chine vers des politiques néolibérales :
“J’ai insisté sur nos préoccupations concernant les pratiques économiques déloyales de la Chine“, a déclaré Mme Yellen, citant les obstacles à l’accès des entreprises étrangères et les problèmes liés à la propriété intellectuelle. Elle a ajouté qu’un système plus orienté vers le marché libre en Chine “ne serait pas seulement dans l’intérêt des États-Unis et d’autres pays. Il serait également meilleur pour l’économie chinoise“.
La Chine en serait-elle là aujourd’hui si elle avait privatisé son système bancaire et ses entreprises publiques ? La Chine serait-elle plus riche si elle avait laissé les fonds vautours américains racheter et mettre en faillite des entreprises chinoises ? Aurait-elle réussi à sortir 800 millions de ses citoyens de la pauvreté si elle avait suivi les conseils économiques des États-Unis, du FMI ou de la Banque mondiale ?
La réponse à ces questions est bien sûr un “non” catégorique.
Je ne comprends pas pourquoi Mme Yellen pense pouvoir impressionner la Chine en lui conseillant un “système plus axé sur le libre marché“, alors même que les États-Unis bloquent les investissements chinois, sanctionnent les entreprises chinoises et limitent les ventes de certains produits à la Chine.
La visite de Mme Yellen n’a rien donné. Elle a eu quelques entretiens avec des responsables chinois, mais n’a rien obtenu. Elle a fait la leçon et a formulé des exigences que personne en Chine ne sera disposé à satisfaire.
Les Chinois, quant à eux, ne semblent pas impressionnés par sa prestation :
Mme Yellen a mentionné à plusieurs reprises que les États-Unis recherchaient une concurrence saine avec la Chine plutôt qu’une approche de type “le gagnant prend tout“. Si cela peut sembler une bonne chose, la clé réside dans la définition d’une “concurrence saine“. S’agit-il d’une compétition à l’américaine dans laquelle l’appétit géopolitique des États-Unis est satisfait tandis que la Chine coopère inconditionnellement ? Ou bien est-elle fondée sur le respect mutuel, la coexistence pacifique et la coopération gagnant-gagnant ? La cause première des difficultés rencontrées dans les relations entre la Chine et les États-Unis réside dans la perception erronée qu’a Washington de la Chine. Si la question du “premier bouton” n’est pas abordée, les idées et les souhaits, aussi merveilleux soient-ils, ne resteront que des châteaux remplis d’air.
Si les États-Unis n’acceptent pas la Chine sur un pied d’égalité, les relations entre les deux pays ne s’amélioreront pas. Les États-Unis ne pourront croître avec la Chine que s’ils acceptent que la Chine est différente d’eux-mêmes et qu’elle a sa propre voie vers le développement.
Comme aucun de ces deux points de vue n’est dominant aujourd’hui, une nouvelle détérioration des relations, largement au détriment des États-Unis, est la perspective la plus probable.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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