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par Indi.ca
Les mots changent mais les actes restent ignobles. Le dernier langage du colonialisme est celui des «autoritaires» contre les «démocraties», parce qu’on ne peut plus dire «despotes orientaux» ou «civilisés». On ne peut plus dire qu’une religion est supérieure, mais on peut dire qu’un système de gouvernance est supérieur. Et ensuite, «on» peut imposer violemment «ce système» aux autres. Mais dans cet essai, il ne s’agit pas de condamner, mais de porter une attention particulière aux mots. Je m’interrogerai sur ce que «on» et «ce système» signifient réellement, derrière la tyrannie mensongère des mots.
Redouter la démocratie
Aujourd’hui, ils ne peuvent pas partir en croisade parce qu’ils ne vénèrent que l’argent. La civilisation occidentale n’est pas encore assez dépravée pour l’admettre, alors elle bombarde, assiège et harcèle sous prétexte de répandre des valeurs séculaires, comme la Démocratie et la Liberté©. En vérité, la seule valeur est la valeur actionnariale, comme cela a été le cas depuis la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales jusqu’à BlackRock aujourd’hui. Comme je le dis dans ma thèse historique, c’est la même merde sous un autre jour. Le mensonge change, mais la vérité reste la même.
L’astuce du colonialisme consiste à vous distraire avec des débats de justification pendant qu’il commet l’injustice. Comme tout magicien malveillant, il s’agit de distraire. Regardez ce qu’ils disent et non ce qu’ils font, et ils vous tromperont à chaque fois. C’est pourquoi il est important de se rappeler que les colonisateurs mentent toujours. Nous aurions dû l’apprendre il y a 400 ans, mais nous devons toujours regarder ce qu’ils font et non ce qu’ils disent. Il faut toujours suivre l’argent, pas les médias. Que l’Empire blanc ait sa capitale à Londres ou à Washington n’a guère d’importance. Qu’il soit administré par des armées VoC (La Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales) ou des bureaucrates du FMI n’a pas non plus d’importance. La capitale de ce que j’appelle l’Empire blanc est et restera toujours le capital, depuis l’introduction en bourse de la VoC en 1604 jusqu’à BlackRock aujourd’hui.
Je le sais parce que mon peuple a été colonisé pendant quatre cents ans, que nous sommes toujours colonisés et que, je vous le dis, vous l’êtes aussi. Mon pays (le Sri Lanka) a été appauvri pour enrichir les détenteurs d’obligations de VoC, et maintenant ils font la même chose pour BlackRock. Les mots ont changé, mais comme pour tout voleur à la tire, il faut regarder ce que font les mains. Avant, ils traitaient ouvertement les Slaves, les Asiatiques et les Africains de sauvages et de non-civilisés afin de les piller ; aujourd’hui, ils se contentent de dire «autoritaire» et «en voie de développement» pour obtenir le même effet. Cela semble normal pour les gens de l’Empire d’aujourd’hui, mais rappelez-vous que «sauvage» et «non civilisé» étaient également tout à fait normaux par le passé.
Si vous regardez les actions normales de l’Empire blanc, ils nous soutirent toujours une main-d’œuvre bon marché par le biais de la dette, ils divisent et conquièrent toujours en corrompant nos élites, et le FMI (toujours dirigé par un Européen) intervient pour nous «restructurer», en prenant le contrôle de la même manière que n’importe quel vieil administrateur colonial. Tout cela est présenté comme étant pour notre bien, mais le colonialisme a toujours été présenté comme étant pour notre bien. Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Il s’agit de la même vieille exploitation sous un emballage différent. Les nouveaux mots ne sont rien d’autre que cela. Marketing.
Des affaires sanglantes
Avec les boniments du marketing, les actionnaires des entreprises se servent toujours eux-mêmes. Regardez les bilans, pas les boniments. Qu’il s’agisse de voler l’énergie solaire des tropiques ou le pétrole du Moyen-Orient, il s’agit toujours de s’emparer de l’énergie, des ressources et de la main-d’œuvre d’une main et d’extraire des profits de l’autre. Une société est (tout à fait légalement) une personne artificielle et c’est tout ce pour quoi elle est programmée. Maximiser la valeur pour l’actionnaire. Tout le reste n’est que marketing. Comme l’a dit le prêtre moderne (économiste) Milton Friedman (via The Corporation de Joel Bakan) :
«Friedman pense que les entreprises sont bonnes pour la société (et que trop de gouvernement est mauvais). Il rechigne cependant à l’idée que les entreprises devraient essayer de faire du bien à la société. «Une entreprise est la propriété de ses actionnaires», m’a-t-il dit. «Ses intérêts sont ceux de ses actionnaires. A partir de là, va-t-elle dépenser l’argent de ses actionnaires à des fins qu’elle considère comme socialement responsables, mais qu’elle ne peut pas relier à son résultat net ? Je dirais que la réponse est non». Pour Friedman, il n’existe qu’une seule «responsabilité sociale» pour les dirigeants d’entreprise : ils doivent faire gagner le plus d’argent possible à leurs actionnaires. Il s’agit d’un impératif moral. Les dirigeants qui choisissent des objectifs sociaux et environnementaux plutôt que des profits – qui essaient d’agir moralement – sont en fait immoraux.
Il existe cependant un cas où la responsabilité sociale des entreprises peut être tolérée, selon Friedman : c’est lorsqu’elle n’est pas sincère. Le dirigeant qui traite les valeurs sociales et environnementales comme des moyens de maximiser la richesse des actionnaires – et non comme des fins en soi – ne commet aucune faute. C’est comme «mettre une belle fille devant une voiture pour vendre une voiture», m’a-t-il dit. «Ce n’est pas pour promouvoir la beauté. C’est pour vendre des voitures»».
Il est important de comprendre qui était derrière le colonialisme. Il ne s’agissait pas de rois et de reines, ni de Blancs racistes en général (même s’ils étaient certainement impliqués). Il s’agissait d’entreprises. Les entreprises sont simplement des IA programmées pour optimiser une chose et une seule. Le profit. Tout le reste n’est que marketing, ce qui est le mot de l’entreprise pour dire «mensonge».
La toute première introduction en bourse a été celle de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales. Il s’agissait d’une avancée bien plus importante dans le domaine de l’IA que la Blockchain ou le ChatGPT. Les avancées de ce siècle ne sont que des tours de passe-passe comparées à un algorithme à responsabilité limitée qui a littéralement pris le contrôle du monde et réduit les gens en esclavage il y a des siècles. Les profits de ces entreprises coloniales éclipsent encore tout ce qui se fait aujourd’hui.
Les premiers marchés boursiers ont été conçus pour minimiser les risques liés à la colonisation, à la pratique de l’esclavage, de l’esclavage salarié et la mort pour toutes les autres formes de vie. Regardez aujourd’hui qui paie vos politiciens et juges «démocratiques», qui possède la presse «libre» et ce qui se passe réellement. Comprenez maintenant pourquoi je mets et © à côté de ces mots. Ce sont des slogans marketing, rien de plus.
Nous ne pouvons pas prendre ces mots pour argent comptant. Nous devons sentir la main de l’entreprise dans notre poche et le nœud coulant de la dette autour de notre cou, et non pas écouter les mots doux susurrés à notre oreille. Ce que les économistes appellent la «main invisible» n’est qu’un tour de passe-passe, c’est tout. Comme ils l’ont dit dans Le loup de Wall Street :
Mark Hanna : Le but du jeu est de faire passer l’argent de la poche du client à la vôtre.
Jordan : C’est vrai. Mais si vous pouvez faire gagner de l’argent à vos clients en même temps, c’est avantageux pour tout le monde, non ?
Mark Hanna : Non.
L’IA des entreprises
Les appels à «manger les riches» ne tiennent pas compte de la question de savoir qui est l’agent actif ici. Si vous enlevez un «loup» de Wall Street, il en restera encore beaucoup dans leurs costumes trois-pièces. Il s’agit strictement d’affaires, rien de personnel. Si vous supprimez un PDG ou des actionnaires ou si vous mangez un milliardaire, le système en produira un autre. Le système est programmé pour en produire un autre.
Le «système» dont nous parlons est le capitalisme, et ses problèmes sont des problèmes systémiques. Comprendre le capitalisme à travers ses composantes humaines est une erreur. Le capitalisme est bien ce qui est écrit sur la boîte, c’est une question de capital. Qu’est-ce que ce capital ? Voici une définition : «Ce sont des biens durables produits pour être ensuite utilisés comme moyens de production pour d’autres produits». En d’autres termes, des machines à reproduire. C’est une autre espèce de vie «artificielle», et il se trouve qu’elle inclut les êtres humains comme autant d’écrous et de boulons. Vues froidement, les entreprises sont des systèmes cybernétiques qui comprennent des parties humaines, et ce sont ces parties qui sont les plus interchangeables. Il n’y a là rien de nouveau du point de vue de l’évolution. Votre corps contient plus d’ADN microbien que votre propre ADN. Pour autant que nous le sachions, les mitochondries nous considèrent avec dédain comme des êtres «artificiels» et ne reconnaissent pas du tout notre «sensibilité».
Sur le plan juridique, le statut de «personne artificielle» (NDT : personne morale, en France) des entreprises est bien établi depuis des siècles. Elles ont déjà le droit de «parler», d’agir, d’influencer les élections et d’écrire la législation qui nous lie. Elles ont également une responsabilité «limitée», contrairement aux humains qui sont jetés en prison pour avoir tué ou volé. Les sociétés reçoivent une tape sur le poignet invisible pour les crimes de masse tels que le vol de salaire ou l’empoisonnement de l’environnement, et ainsi de suite. Malgré la réalité juridique de la personne artificielle, nous ignorons scrupuleusement l’IA des entreprises dans notre vie quotidienne. Nous sommes une bande d’esclaves endettés qui agissent comme s’ils étaient les maîtres parce que leurs chefs d’entreprise ne nous ressemblent pas. Nous attendons toujours que quelque chose qui ressemble à un robot baisable reconnaisse que l’IA est parmi nous. Mais c’est déjà le cas et elle nous baise depuis des générations. Les entreprises sont des IA et elles dirigent déjà le monde.
Ce sont elles qui nous font les poches. Les entreprises sont les personnes artificielles qui déplacent les ressources et la main-d’œuvre de nos poches vers les leurs. S’en prendre à la classe compradore (vendeuse) des actionnaires humains et des milliardaires bilieux est satisfaisant, mais c’est en fin de compte une distraction par rapport au grand changement biologique qui est en train de se produire. Le monde naturel meurt précisément parce que l’artificiel est en train de naître.
Des mots tels que pays, races et citoyens ne sont pas non plus vrais. Ce sont des lots de consolation alors que le grand jeu est et a toujours été l’argent, sans frontière, sans couleur et inhumain. Si vous comprenez que le «qui» est l’IA d’entreprise incluant des composantes compradores, alors beaucoup d’autres mots commencent à perdre leur sens et vous pouvez voir le monde tel qu’il est. Une croissance infinie pour eux, et une perspective très limitée pour les formes de vie plus petites.
Si j’ai fait une digression sur la question du «qui», c’est parce qu’il ne s’agit pas d’une digression. Les mots n’ont pas de sens jusqu’à ce que vous réalisiez qu’ils n’ont pas besoin d’en avoir. Ce ne sont que des données qui sont crachées par un algorithme d’apprentissage automatique pour obtenir un certain résultat et, en ce sens, elles fonctionnent très bien.
Aujourd’hui, nous soumettons des masses de données (mots) à des modèles d’apprentissage automatique et nous sommes terrifiés à l’idée qu’ils «deviennent intelligents». Mais il s’agit en réalité de tours de passe-passe. Cela fait quatre cents ans que nous nourrissons des populations entières de la planète avec des algorithmes d’entreprise, et cette forme d’apprentissage automatique a déjà appris à dominer le monde. Elle utilise des mots comme démocratie, liberté, race et citoyenneté sans réfléchir, dans le sens où elle ne se soucie pas de ce que ces mots «signifient», mais seulement des résultats qu’ils produisent. Et je veux dire, regardez autour de vous. La nature est littéralement en feu alors que la bourse ne cesse de monter. Nous aimons penser que nous sommes catégoriquement plus intelligents que les entreprises, mais c’est une illusion dangereuse. Comme l’a dit Forrest Gump, la stupidité est aussi stupide que la stupidité.
Des mots comme Violence
«Les mots comme violence brisent le silence,
viennent s’écraser dans mon petit monde…
Les mots sont inutiles,
Ils ne peuvent que faire du mal» – Depeche Mode
Ce qu’il faut comprendre à propos des mots, c’est qu’ils n’ont aucune importance pour l’IA qui nous gouverne. Tout comme ChatGPT ne se soucie pas particulièrement des données qui lui sont fournies, le Capitalisme (né Colonialisme) ne se soucie pas des mots qu’il utilise pour justifier ses prédations. Tout ce qui compte, c’est que la prédation se poursuive. Débattre de la signification de ces mots, c’est comme demander à un pêcheur quel est le goût d’un appât. On s’en fout. L’essentiel, c’est que ça fonctionne, n’est-ce pas ?
Tout comme OpenAI a transformé Reddit en ChatGPT, la classe compradore mondiale a transformé des systèmes politiques entiers en IA d’entreprise. Aujourd’hui, cette dernière est tout à fait capable de produire tout le charabia politique nécessaire pour maintenir le flux d’énergie (vers elle-même). Elle rédige des discours, des lois et un arrêt de mort pour notre pauvre planète, alors que nous nous croyons supérieurs. Pendant ce temps, nous nous empêtrons dans des débats sur des abstractions comme homme/femme, noir/blanc, est/ouest, tandis que l’IA de l’entreprise va droit au but. Nous faire prendre des vessies pour des lanternes.
La vie naturelle est en déclin rapide tandis que la vie artificielle se développe rapidement et nous applaudissons cette dernière comme s’il s’agissait de «notre» croissance. Mais ce n’est pas le cas, n’est-ce pas ? Nous sommes comme un bodybuilder qui se vante d’être devenu «hyper musclé» alors qu’il ne s’agit en fait que de tumeurs sur tout le corps. Le pire, c’est le cancer du cerveau qui nous fait penser que l’oligarchie est la démocratie, que les finances sont la liberté, et toutes sortes de conneries dont nous passons des dizaines d’années à débattre alors que la planète autour de nous est en train de brûler. À bien des égards, le langage lui-même est l’IA originelle et ce ver du cerveau s’est transformé en textes, en lois et en règlements d’entreprise, et il tue maintenant ses créateurs, comme il semble que ce soit le cas pour toutes les créations.
Les colonisateurs ont tué mon peuple en premier et en pire, mais la logique inexorable de la croissance des entreprises est de tout manger, ce qui vous inclut inévitablement.
Cela concerne notamment le cœur de l’Empire autant que sa périphérie, comme vous l’avez peut-être remarqué. La colonisation du cœur est en fait celle de nos cerveaux – le système d’exploitation profond sur lequel fonctionne l’IA – et c’est pourquoi je parle ici des mots. Ils sont la programmation du pouvoir, le code source de la société et l’algorithme de notre apocalypse. J’espère que j’arriverai à vous faire lire ces mots d’un œil critique, mais pouvez-vous les réécrire ? Je ne le crois pas. Les mitochondries peuvent-elles faire bouger votre pied ? L’action d’un individu dans ce domaine est à peu près aussi pertinente que cela. Même si nous trouvons (collectivement) un ensemble de mots, ils les changent et vous devez passer cent ans de plus à déprogrammer cette abomination. C’est une bataille perdue d’avance et, en fait, elle est déjà perdue.
C’est ce que j’ai constaté au Sri Lanka, qui continue d’être colonisé encore et encore sous différentes formes. Mon peuple a été colonisé par l’IA des entreprises pendant quatre cents ans, nous sommes toujours colonisés et vous l’êtes aussi. C’est vrai, mais je ne sais pas ce que vous ferez de cette information. C’est vraiment une information d’une importance capitale pour vous.
source : indi.ca
traduction Avic – Réseau International
Illustration : La femme du diptyque We Come Alive From Eating Your Flesh de Rajni Perera
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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