Par Jean-Pierre BERNADAC, président de Place d’Armes
Quels enseignements tirer de ces émeutes ?
Après une semaine de violence il m’est apparu essentiel de faire le point sur les émeutes qui ont suivi la mort du jeune Nahel.
Mais pour commencer je veux rappeler cette phrase :
« Si rien n’est entrepris,le laxisme continuera à se répandre inexorablement dans la société, provoquant, au final une explosion et l’intervention de nos camarades d’active dans une mission périlleuse de protection de nos valeurs civilisationnelles et de sauvegarde de nos compatriotes sur le territoire national. »
Elle fut écrite il y a plus de deux ans dans la « lettre dite des Généraux ».
Ce qui est notamment prémonitoire dans cette phrase c’est le verbe « se répandre ». Car la différence entre les émeutes de 2005 et celles que nous venons de subir tient à l’intensité des contacts, à la dispersion géographique des cibles et à des coups de main contre de nouveaux objectifs choisis par les casseurs comme les mairies, les commissariats les gendarmeries ou certains commerces de luxe.
À ce jour il y a eu plus de 2300 interpellations en France. Soit un chiffre presque comparable avec celui de 2005 alors qu’ à cette époque les violences avaient duré trois semaines.
En 2005, 149 membres des forces de l’ordre avaient été blessés pendant les 24 jours d’émeutes. Il y en a eu près de 250 rien que dans la nuit de jeudi 29 juin et 79 dans la nuit du 30.
Ces chiffres considérables se comprennent car les émeutiers, utilisant les réseaux sociaux et les portables pour communiquer, étaient plus nombreux et n’ont pas hésité à utiliser des armes pyrotechniques redoutables (mortiers d’artifice) ce qui leur a permis d’arriver au contact des forces de l’Ordre et même de les faire reculer.
En 2005 La Fédération française des sociétés d’assurance estimait les dégradations entre 200 et 250 millions d’euros. Celles de cette année ont occasionné selon des premières données du Medef un milliard d’euros de dégâts. Ceci simplement pour les entreprises, auquel il faudra ajouter les attaques de 39 locaux de police nationale, de 16 casernes de gendarmerie et de 119 bâtiments publics.
La carte géographique des émeutes de 2023 s’est considérablement élargie, si on la compare à celle de 2005.
On observe de nombreux incidents dans le cœur des grandes villes (projet de pillage de Louis Vuitton sur les Champs Elysées) mais aussi dans des dizaines de villes de taille moyenne ou de petites villes d’habitude très calmes. Ainsi à Montargis des dizaines de commerces ont été vandalisés, quatre immeubles sont partis en flamme et une pharmacie s’est effondrée suite à l’incendie.
Tous ces éléments montrent bien que l’intensité des violences de 2023 est nettement supérieure à celle de 2005. Si elles ont été moins longue dans le temps c’est que les grands frères sont intervenus pour y mettre un terme car eux privilégient le marché de la drogue ce qui a permis de minimiser l’impact du chaos. Cette réduction de durée est-elle due à un arrangement fortuit ou programmé entre les dealers et le gouvernement, nous en saurons certainement plus dans quelques mois ?
Maintenant que les émeutes sont « temporairement » terminées, que va-t-il se passer ?
Que va décider le gouvernement pour que ces troubles ne se reproduisent pas dans 3 mois ou dans 2 ans ?
Comme d’habitude il va remettre de l’argent dans les quartiers prioritaires. Rappelons que l’Etat a déversé 15 milliards de francs pour un pacte de relance de la ville en 1996, 20 milliards de francs pour les quartiers difficiles sous Jospin, 30 milliards d’euros pour la réhabilitation des logements sociaux avec Borloo, un milliard, cinq ans plus tard, pour lutter contre le chômage des moins de 26 ans, et 9,6 milliards d’euros au titre de la politique de la ville en 2019. On le voit tout cet argent n’empêche pas le mal être d’une jeunesse « racisée » qui méprise la France et l’Etat notamment à travers sa Police.
Pour ce qui est du fond, il faut être conscient que le gouvernement ne prendra aucune mesure énergique car sa politique repose sur le « en même temps », sur un centriste extrême caractérisé dans le domaine sécuritaire par une mollesse infinie. Macron petit télégraphiste de l’UE ne frappera jamais du poing, comme ces homologues européens. Sa politique sirupeuse du politiquement correct l’amène à voir l’extrême gauche non comme un adversaire mais comme un concurrent. Quant aux associations islamistes il suffit de voir avec quelle bienveillance elles sont traitées par l’Union Européenne pour découvrir qu’elles sont intouchables. Tous les politiciens actuellement au pouvoir sont convaincus que le progrès et le sens de l’histoire sont inexorablement du côté du mondialisme. Ce que reproche sur le plan social et sociétal la Macronie à la NUPES ce n’est pas d’avoir tort mais c’est d’avoir un timing trop rapide dans ces récriminations. Or cette mollesse conjoncturelle de l’Etat elle est méprisée, utilisée et commentée ironiquement par les bandes des quartiers et les milieux islamisés.
Il n’y a pas besoin d’être devin pour conjecturer que les prochaines révoltes engendreront des émeutes encore plus violentes sur le territoire national. Dans ces conditions il n’est pas utopique de voir apparaitre des règlements de comptes entre pro et anti-français. La guerre d’Algérie et son lot d’attaques meurtrières sera-t-elle demain le schéma que des insurgents pourraient prendre comme modèle ? N’oublions jamais que plus de 15 000 kalachnikovs et autres armes de guerre sont illégalement en France et que le prix d’une arme à feu au marché noir dans les zones de non droit est compris entre 1000 et 2000 €, ce qui représente bien peu en investissement pour des narcotrafiquants qui gagnent plus de 3 milliards par an.
Nous franchirions alors le stade ultime nous menant à la guérilla dont parle Laurent Obertone dans son livre.
Guérilla qui se terminera sans une reprise en main implacable par une partition ethnique de notre nation ou même pire par la disparition totale de la France.
Aussi je le redis encore une fois avec force :
L’absence de répression est la pire forme de l’oppression car elle revient à laisser les honnêtes citoyens, souvent plus vulnérables, seuls face à la barbarie !
Jean-Pierre Fabre-Bernadac
Président de« Place d’Armes »
Source : Place d’Armes
Source: Lire l'article complet de Profession Gendarme