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Cet article aurait pu s’intituler «Syrie / Russie : De la certitude de la victoire…» mais il est presque indécent de parler de victoire devant tant de douleurs et d’ignominies toujours infligées aux peuples agressés, sur lesquelles nos dirigeants mentent aux citoyens pour repousser la paix alors qu’ils font partie des instigateurs de la guerre, quand ils n’en sont pas le fer de lance.
Des citoyens tellement bombardés de mensonges par les médias officiels que désormais la Syrophobie n’a d’égale que la Russophobie. Mais l’analogie entre ces deux nations ne s’arrête pas là, comme nous le dit le célèbre écrivain syrien Naram Sarjoun [NdT].
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par Naram Sarjoun
Depuis des jours, je repense à ma propre certitude, celle qui vit en moi et avec moi en m’affirmant que la guerre universelle menée contre nous ne sera pas victorieuse.
C’est une certitude du cœur. Elle ne s’explique pas, même si elle semble s’entêter contre la logique. Cette logique qui disait que le taux de survie du pays syrien face à la guerre menée par l’Occident contre nous était quasiment nul, parce que le monde nous a explosé à la figure ; un monde incluant tout l’Occident, tous les Arabes, tous les traîtres, tous les mercenaires, tous les terroristes et tous les opportunistes. Et ce, pendant que des flots intarissables de nouvelles cauchemardesques cherchaient à nous noyer dans le désespoir, et que la confusion frappait le peuple hésitant ne sachant qui croire : la télévision qatarie Al-Jazeera ou la réalité telle qu’il la voyait.
Une scène devant laquelle les salles de réunion des diplomates occidentaux évoquent la Conférence de Yalta, quand les Alliés se partageaient l’Allemagne en répartissant les gains et les territoires que chaque partie occuperait. Les quartiers et les rues étaient divisés entre les Alliés, les experts ayant décidé de la rue qui deviendra la frontière des Américains ou des Soviétiques et du bâtiment sur lequel sera hissé le drapeau des uns ou des autres ; le tout avant même la chute de Berlin, parce que les Alliés étaient sûrs à 100 % de la victoire.
Il en est de même pour la Syrie où les descendants de Sykes-Picot se voyaient partager les rues de Damas et décider laquelle deviendra la frontière américaine, britannique ou israélienne, tout comme ils se voyaient partager les provinces syriennes. Naturellement, il n’y avait pas de place pour l’armée turque car les alliés ne voulaient ni des anciens ni des nouveaux Ottomans. Ils ont utilisé les Turcs pour affaiblir et démanteler la Syrie afin que les forces occidentales y entrent comme en Irak et en Libye en laissant la Turquie se contenter de humer les arômes d’un banquet duquel elle sera exclue.
En d’autres termes, le rôle de la Turquie dans la guerre sur la Syrie est comparable au rôle des Arabes dans la Première Guerre mondiale : désarçonner les Ottomans pour faciliter l’entrée des Britanniques et des Français au Levant. Et, naturellement, les Arabes n’ont reçu que les os du banquet organisé par les Occidentaux une fois leurs objectifs atteints.
Quant à nous, bien que pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous avions à nous battre sur environ 2000 fronts dispersés sur notre territoire contre une guerre hybride associant des armées régulières, des organisations terroristes, des gangs armés et des agents civils d’une cinquième colonne, notre certitude se moquait de tous leurs calculs prédisant notre défaite. Telle la certitude du Prophète lorsqu’il a dit : «même s’ils mettaient le soleil dans ma main droite et la lune dans ma main gauche pour me faire renoncer à cette affaire, je n’y renoncerais jamais…», notre certitude était une révélation de notre âme nous disant qu’ils n’avaient aucun espoir de gagner contre nous. D’autant plus qu’il leur avait échappé une autre logique enterrée sous les décombres de leur propagande et de leur guerre psychologique.
En effet, nous avions conscience que le président Bachar al-Assad bénéficiait de la crédibilité et de l’affection d’une grande partie de la jeunesse syrienne, qu’il disposait de cartes solides du fait de ce qu’il avait accompli dans la confrontation avec les Américains et les Israéliens en Irak et au Liban, que la bêtise et l’inconséquence de l’opposition qui recherchait les ingérences étrangères et incitait à l’occupation de sa patrie suscitaient le rejet et le mépris de la majorité du peuple, que la situation unique de la Syrie rendrait la mission de l’Occident très difficile, que certaines puissances s’inquiéteraient de la réinstallation de l’Occident dans tout l’Orient et qu’elles stopperaient sa cupidité afin de préserver leurs propres intérêts.
C’est cette certitude qui calmait nos nerfs, aiguisait notre vision et emplissait nos cœurs de confiance en nous. Et c’est cette même forte certitude qui m’animait lorsque le monde a répandu la nouvelle d’une tentative de coup d’État en Russie menée par un rebelle : le chef du groupe mercenaire Wagner.
J’ai essayé de m’inquiéter car la Russie est le parapluie de fer sous lequel nous nous abritons au cours de cette guerre. C’est elle qui s’est battue avec nous diplomatiquement, médiatiquement et moralement. Et c’est elle qui s’est battue avec nous sur le terrain. Sa défaite rejaillirait sur nous, tout comme sa défaite a eu un rôle dans la fin de l’Irak, et son absence a eu un rôle dans la défaite de la Libye. Que nous le voulions ou pas, l’armée syrienne s’est battue d’une manière légendaire, mais elle recevait armes et soutien de l’armée russe ; ce qui l’a renforcée et a diminué ses pertes, en plus d’avoir limité l’affrontement aux organisations terroristes et au soutien logistique de l’OTAN et de la Turquie.
Et, soit dit en passant, l’OTAN a évité une ingérence militaire directe en Syrie, comme ce fut le cas en Irak et en Libye, car certains de nos alliés étaient susceptibles de se joindre à nous. En effet, l’Occident ne savait pas comment réagiraient le Hezbollah, l’Iran ou la Russie pour lesquels la perte de l’armée syrienne aurait été un désastre, alors qu’une guerre globale devenait de plus en plus probable en cas de confrontation directe avec leurs armées sur le sol syrien. Autant de calculs inexistants lors de l’invasion de l’Irak et de la Libye.
Cependant, malgré la propagande occidentale consistant à laisser croire que la rébellion du chef de Wagner signifiait la fin de la Russie et de Poutine, je n’ai pas réussi à m’inquiéter. Bien au contraire, la même certitude m’a saisi en insistant sur une écrasante victoire russe. D’autant plus que les rebelles étaient sans couverture aérienne et que leurs convois auraient pu être pulvérisés sur les routes, comme ce fut le cas des convois de l’armée irakienne se retirant du Koweït, lorsqu’ils ont été attaqués sur la route de la mort par l’aviation américaine, en dépit de l’accord préalable sur un retrait sans risque de frappes.
De plus, il était clair que le mouvement rebelle était rejeté à tous les niveaux et même sur les réseaux sociaux, parce que le patriotisme de Poutine est la source de son respect par le peuple russe ; lequel, au cas où il aurait douté de la justesse de la décision de guerre en Ukraine, a vu de ses propres yeux que l’Ukraine est en réalité le fer de lance de l’OTAN sur le flanc de la Russie. Ce qui signifie que Poutine avait raison de juger qu’il valait mieux mener une guerre préventive que d’attendre que l’Ukraine se renforce et devienne un membre de l’OTAN.
L’échec rapide de cette rébellion qui a captivé le monde mais s’est évanouie en un éclair, a non seulement renforcé Poutine et sa légitimité, mais a aussi délivré un message à tous ceux qui pensent imiter le féroce chef de Wagner qui a tenté sa chance mais a rapidement échoué, non par manque de couverture aérienne, mais faute de pouvoir susciter l’enthousiasme du peuple russe ou d’entraîner la défection de ses soldats et officiers.
Ce qui s’est passé le Samedi 24 juin 2023 décidera de la guerre et, peut-être, poussera Poutine à écouter les propositions de certains contestataires au sein de l’armée qui s’opposent aux frappes limitées sur l’Ukraine, au maintien de ses institutions gouvernementales intactes, dont la résidence présidentielle de Zelensky, et aussi au fait de laisser les aéroports ukrainiens recevoir les Occidentaux et leurs avions. Parmi ceux-là, certains veulent se comporter à la manière des Américains en frappant sans vergogne et sans pitié avec la victoire rapide pour unique calcul.
Autrement dit des extrémistes russes qui veulent tout brûler et qui voudraient que Poutine s’engage à intensifier le feu et à forcer les Ukrainiens à se rendre pour que la guerre soit résolue au plus vite, quels que soient les dommages subis par les infrastructures et les villes ukrainiennes. Dans leur esprit, l’Occident s’inclinera, se tiendra loin du feu et ne risquera pas une guerre nucléaire que tout le monde redoute.
Finalement, ce qui se passe en Ukraine est comparable à ce qui s’est passé en Syrie vu le souci de l’armée russe d’épargner autant que faire se peut la vie des civils et de se limiter à infliger les pertes à l’armée ukrainienne, à son infrastructure et à son soutien logistique. Et cela, parce que contrairement aux contestaires, Poutine veut maintenir ne serait-ce qu’un fil d’amitié avec le peuple ukrainien dont une grande partie penche encore du côté de la Russie, bien qu’elle ne soit pas russe mais ukrainienne.
D’autre part, les nazis ukrainiens parrainés par les États-Unis sont comparables aux nazis islamistes qui ont fait la guerre à la Syrie sous les auspices des mêmes parrains. En effet, les nazis ukrainiens ont réussi à prendre le pouvoir et ont immédiatement commencé à semer la discorde entre les Russes et les Ukrainiens, tout comme les nazis islamistes ont tenté d’attiser les conflits sectaires partout où ils se sont installés en Syrie et en Irak. Ce qui fait que Poutine voit le conflit avec l’Ukraine comme une guerre entre régions russes et, comme ce qui a eu lieu en Syrie, il cherche à réintégrer les Ukrainiens dupés ou égarés et non nécessairement à tout brûler.
En poursuivant la comparaison, nous pouvons dire que l’Ukraine est pour la Russie ce que le Liban est pour la Syrie. Au Liban, il y a des forces vives, patriotes et libératrices, mais il y a aussi des familles liées aux États-Unis, dont les agents ont accaparé le pouvoir suite à un coup d’État en 2005, comme cela s’est passé avec Zelensky. En d’autres termes, tout comme les laquais libanais ont participé à la guerre contre la Syrie suite au coup d’État de 2005, les laquais nazis ukrainiens ont travaillé à fomenter la guerre suite au coup d’État de 2014.
Finalement, sans le savoir, le chef de Wagner a offert à Poutine une épée de feu et à ses contestataires une force qui leur était interdite. Par conséquent, l’après Wagner sera différent de ce qui l’a précédé et Poutine ne sera plus gêné dans sa volonté d’assainir la situation.
source : وحي اليقين: روسيا باقية ولاتهتز .. فاغنر وهديتها المحرجة لبوتين ..
Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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