capture vidéo Clément Lanot
Deux jours après la tragique décès de Nahel, un adolescent de 17 ans neutralisé par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine) après avoir refusé d’obtempérer, les quartiers de la région parisienne se sont enflammés lors de la nuit de mercredi à jeudi.
Les violences ont atteint un niveau sans précédent, plongeant de nombreux secteurs dans un climat d’extrême violence, comme en témoignent les déclarations de Matthieu Valet, membre du syndicat indépendant des commissaires de police, lui-même blessé lors d’une embuscade cette nuit-là. Voici un premier bilan des incidents.
À Paris, une violence d’une intensité inédite
Dans la capitale, des actes de violence d’une intensité inégalée ont été difficilement maîtrisés par les forces de l’ordre, rapporte un commissaire de police. Aux abords de la Porte d’Orléans (XIVe) ainsi que dans les quartiers Flandres et Archereau (XIXe), environ cinquante individus hostiles ont jeté des mortiers et divers objets en direction des policiers. Les forces de l’ordre ont également été prises pour cible par des projectiles lancés depuis les fenêtres des immeubles.
Dans le quartier Raymond Queneau (XVIIIe), une trentaine de personnes ont incendié les locaux de la BAPSA (brigade d’assistance aux sans-abri). Les pompiers sont parvenus à maîtriser l’incendie. Par ailleurs, plusieurs poubelles ont été incendiées et des tentatives d’incendie de caméras de vidéosurveillance ainsi que des tags anti-police ont été recensées.
Des scènes similaires se sont déroulées dans les quartiers de Balard, Beaugrenelle et Falguière du XVe arrondissement. Des tirs de mortiers, des incendies de poubelles, des dégradations de terrasses de cafés et des caméras de vidéoprotection ont été signalés, selon les déclarations de Philippe Goujon, maire (LR) du XVe. Ces incidents ont impliqué des groupes de jeunes, dont la majorité étaient des mineurs qui se sont dispersés à l’approche de la police, précise l’élu.
Plus de 110 véhicules incendiés dans les Hauts-de-Seine
Les violences urbaines se sont généralisées dans le département où vivait Nahel, avec plus de 110 véhicules incendiés. Deux policiers, deux gendarmes mobiles et quatre sapeurs-pompiers ont été légèrement blessés lors des affrontements. Trente-quatre individus ont été interpellés à la suite de ces événements.
À Nanterre, dans la cité Pablo-Picasso, les pompiers ont été victimes de jets de projectiles alors qu’ils intervenaient sur des incendies de véhicules entre 23h20 et 4h45. À 22h45, l’école de la rue des Aubépines a été incendiée. Vers 23h50, le poste de police municipale de Meudon a été dégradé par les flammes, avec un véhicule en feu placé devant le bâtiment. Une agence bancaire à proximité a également été détruite à 1h20. À Clamart, rue Boileau, une rame du tramway a été consumée par les flammes à 23h50. Enfin, un groupe de personnes a commis des actes de vandalisme en pénétrant dans le commissariat de Gennevilliers.
En Seine-Saint-Denis, un policier de La Courneuve grièvement blessé
Plus de cinquante interpellations ont eu lieu en Seine-Saint-Denis, avec des actes de violence dans toutes les communes du département. Selon un fonctionnaire, les forces de l’ordre ont utilisé leurs armes de défense à de nombreuses reprises, rendant impossible le comptage des munitions utilisées.
La brigade anticriminalité a arrêté six personnes, dont deux incendiaires pris en flagrant délit alors qu’ils tentaient de mettre le feu au commissariat de Bagnolet. Un policier de La Courneuve a été grièvement blessé par un jet de pavé lors de l’attaque du commissariat. Il était en urgence absolue. Les policiers municipaux ont tiré à trente reprises en l’air au Bourget pour se défendre lorsqu’ils ont été attaqués.
Dans le Val-de-Marne, plusieurs institutions prises pour cible
La mairie de Valenton a subi des dégradations, avec des vitres brisées et un début d’incendie. La mairie de Villeneuve-le-Roi a également été incendiée et vandalisée, tout comme le poste de police de Cachan. Le centre pénitentiaire de Fresnes a été attaqué par une vingtaine d’individus portant des bidons d’essence, mais le personnel pénitentiaire a réussi à les repousser. Les Restos du Cœur et une crèche à Limeil-Brévannes ont été partiellement incendiés. La crèche devrait pouvoir rouvrir ses portes ce vendredi, tandis que le local associatif est désormais inutilisable. Le centre d’examen de Villejuif a également été endommagé. Les vitres de la mairie de La Queue-en-Brie ont été brisées.
Neuf personnes ont été interpellées à Vitry-sur-Seine pour des embuscades, des tirs de mortiers et le pillage d’un magasin Lidl. Lors d’une embuscade, un commissaire de police a été blessé au visage par un jet de bouteille.
Ce jeudi en fin de matinée, les maires du Val-de-Marne ont publié un communiqué dans lequel ils appellent à un retour au calme immédiat. Ils dénoncent les violences urbaines « inacceptables et incompréhensibles » qui ont principalement visé les services publics et les acteurs de terrain.
Dans les Yvelines, des tirs de mortiers contre le commissariat de Trappes
Le commissariat de Trappes, déjà régulièrement pris pour cible, a été la principale scène des tirs de mortiers et de l’assaut de jeunes, souvent masqués et parfois âgés de 14 ans ou moins. Les hostilités ont débuté vers minuit avec l’incendie de poubelles devant les portes du commissariat dans une tentative de les forcer à céder. Plus tard dans la nuit, le supermarché Carrefour Market a été visé. Malheureusement, le rideau de fer de ce magasin, situé au cœur des Merisiers, n’a pas réussi à le protéger, et des dizaines de jeunes ont saccagé les rayons de ce supermarché principalement fréquenté par les familles du quartier.
Source : Actu Forces de l’ordre
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