Il n’y a pas de liberté sans le courage de la défendre
Il est un temps où le courage et l’audace tranquilles deviennent pour un peuple, aux moments clés de son existence, la seule forme de prudence convenable. S’il n’accepte pas alors le risque calculé des grandes étapes, il peut manquer sa carrière à tout jamais, exactement comme l’homme qui a peur de la vie. -René Lévesque
La fête nationale est le moment privilégié pour affirmer collectivement notre désir de vivre ensemble, notre volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis, pour reprendre les mots de Renan: «C’est l’occasion de réfléchir à notre avenir collectif.»
Il nous en aura fallu du courage pour défendre et conserver notre langue et notre culture, malgré la conquête britannique de 1760, l’abandon de la France et les diverses stratégies d’assimilation du conquérant. Il en aura fallu du courage à nos patriotes de 1837 pour défendre les valeurs universelles de liberté et de démocratie au péril de leur vie. Il en aura fallu du courage depuis 1867 pour défendre notre identité et nos institutions dans le contexte d’un fédéralisme dominateur. De façon plus spécifique et contemporaine, il en aura fallu du courage pour appliquer la loi 101, malgré le chantage économique et les accusations de xénophobie.
Protéger nos valeurs
Le Canada anglais poursuit ses efforts dans la construction d’un Canada multiculturel et officiellement bilingue, fondé notamment sur l’égalité des provinces et les droits individuels consacrés dans la Charte canadienne des droits et libertés.
Le Québec souhaite pour sa part protéger ses valeurs, son identité nationale propre dont la langue française constitue le socle. La loi 96 sur la langue officielle et commune du Québec affirme que les Québécois forment une nation et que le français est la seule langue officielle du Québec. À cet effet, des dispositions ont été ajoutées unilatéralement par Québec à la Loi constitutionnelle de 1867. Ces deux visions du Québec dans le Canada entrent en collision frontale.
Par ailleurs, le spectre de l’assimilation plane plus que jamais. Avec la politique d’immigration massive envisagée par le fédéral, c’est la marginalisation progressive du poids politique du Québec dans l’ensemble canadien qui nous menace. La loi 96 ne constitue qu’une source de fausse sécurité dans le contexte démographique et constitutionnel canadien.
Rapport de force
Même en acceptant de jouer le jeu du fédéralisme canadien, le Québec doit se donner un véritable rapport de force face au fédéral s’il veut un avenir comme nation, ou bien se résigner à disparaître à petit feu. Le refus du gouvernement caquiste de remettre à l’ordre du jour la question nationale relève de l’imprudence.
Il faut éviter le retour à un nationalisme défensif, masochiste et provincial dans un contexte démographique qui condamne le Québec à la marginalisation progressive. Il nous faut davantage que des discours électoralistes sans lendemain. Le peuple doit débattre de cet enjeu existentiel. Mais surtout, il revient aux leaders de la nation d’assumer pleinement leur responsabilité politique à cet égard.
La mise en place d’une Commission spéciale sur l’avenir du Québec proposée par Paul St-Pierre Plamondon apparaît comme une étape essentielle, à ce moment de notre existence nationale. L’Histoire nous donne des rendez-vous qu’il ne faut pas manquer, au risque de disparaître.
La fête nationale est le moment privilégié pour affirmer collectivement notre désir de vivre ensemble, notre volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis, pour reprendre les mots de Renan. «C’est l’occasion de réfléchir à notre avenir collectif.»
Marc Sauvé, retraité, Boucherville
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec