Milices, nation et illusions

Milices, nation et illusions

En 1897, Benjamin Sulte écrit un livre, Histoire de la Milice Canadienne-Française,1760-1897. En pleine gloire du Canadien français, les éloges envers le conquérant anglais ne manque pas. Page après page, phrase après phrase, Sulte se permet d’interpréter l’histoire pour donner de l’importance à son peuple conquis en le nommant rapidement dans son récit vers 1764 déjà de Canadien français alors qu’il n’en est rien. L’aplatvantrisme apparait aux premiers mots de l’écriture.

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«À L’OCCASION des grande fêtes célébrées aujourd’hui même, dans tout l’Empire britannique, en l’honneur du soixantième anniversaire’ du règne de notre Gracieuse Souveraine, nous avons décidé de lui offrir, comme témoignage de notre inaltérable fidélité, un précis de l’histoire militaire

de la-milice canadienne-française, depuis.l’ époque de la cession jusqu’à nos jours. »

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Pour Sulte, la Conquête n’est qu’une cession et la grande histoire de son peuple ne fait que disparaître avec le temps…

Les milices canadiennes-françaises n’existeront que plus tard durant le 19e siècle, pas à la Conquête.

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« Depuis 1763, toutes les fois que la Couronne a eu besoin de recourir au dévouement des Canadiens-français, elle a trouvé autant de soldats qu’elle en a demandé »

«LES débuts’ de la milice ‘canadienne remontent à l’année 1649… …Depuis ce moment la milice a toujours eu sa place marquée parmi nous parce que, sous le régime français; elle tint lieu des troupes royales et, depuis 1760 le plus souvent elle compta comme la principale force du pays. »

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Depuis 1763, des Canadiens français?

Un peu d’histoire

L’Acte de Québec de 1774 permet aux habitants de pratiquer la religion catholique et de faire partie de l’administration sans avoir à prêter le serment du Test. Cette importante concession a pour but de s’assurer la fidélité des habitants canadiens. Elle ne met cependant aucun frein à l’absolutisme du gouverneur britannique.

54 Canadiens contre 126 Anglais selon la liste officielle des fonctionnaires pour 1835, mais le traitement versé en moyenne aux Anglais était également de 58 000 louis, tandis que les Canadiens n’en recevaient en moyenne que 13 500. Même constat du côté des juges, où les juges anglais obtiennent 28 000 louis contre 8 000 pour les Canadiens. Ceci en 1835. Afin d’exposer clairement les demandes des patriotes, Papineau et le Parti patriote font adopter les 92 Résolutions. Désespérant de remporter une victoire électorale contre le Parti patriote et d’ainsi consolider leurs positions dans la colonie, la minorité anglophone commence à envisager d’autres moyens d’action. Après sa déconfiture aux élections de 1834, le parti tory se prépare dès lors à en découdre sur le terrain militaire.

Des agitateurs anglophones orangistes commencent donc à créer des organisations paramilitaires. Contrairement aux patriotes, ces milices ont accès au soutien financier des marchands anglais de Montréal et Québec et peuvent s’entraîner en plein jour, sans crainte de répression par l’armée. Le premier groupe ainsi formé est le British Rifle Corps, ensuite la Montreal British Legion et, surtout, le Doric Club. La volonté des miliciens loyalistes était de pousser à la violence les patriotes afin de pouvoir ainsi justifier l’implication de l’armée britannique.Rappelons que se sont les Anglais accompagnés des milices qui furent la guerre aux Patriotes en 1837-38.

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Les milices canadiennes n’étaient qu’au service des Anglais.

Voici l’interprétation de Benjamin Sulte sur la Rébellion des Patriotes:

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« En 1837, un certain nombre de personnes prirent les armes, dans quatre ou cinq comtés, autour de Montréal; le reste du Bas-Canada né fit aucune démarche, ce qui paralysa l’insurrection. Le gouvernement- fit appel aux volontaires, pour assister les troupes royales,

comme en politique, les « hommes d’une mêne race ne sont pas nécessairement liés au même parti.  Il eut des Canadiens-Français qui prirent fait et cause pour l’administration. L’histoire nous raconte en détail les événements de ces temps agités; elle’ expose avec clarté la situation des rebelles qui s’insurgèrent en petit nombre pour la cause des réformes et qui se trompaient dans leurs calculs…»

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Un homme qui a vécu le rêve de la réussite du Canada, sans lui, ni son peuple. Un homme qui croyait sincèrement à cette fausse égalité imaginaire entre les deux peuples, alors qu’un, voulait rien de moins que la disparition de l’autre, maintes fois annoncés. Sulte voue totale allégeance suite à la Conquête et donne des qualités à son conquérant qu’il n’a pas. Une façon de vivre l’humiliation de la défaite. Pendant que son peuple continue de vivre en Canadien, lui réécrit l’histoire et sous sa plume, deviennent des Canadiens français, comme par magie. Même à la lumière des textes présentés ci-haut parlant bien de Canadiens même dans les années 1835 et après. Benjamin Sulte, un des nôtres qui vécu aux services des autres. En pleine gloire du Canadien français de la fin du 19e siècle, il ne peut faire autrement qu’imaginer qu’un autre appellation aurait pu exister avant.

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«Notre histoire de la milice ne sera pas un hors-d’œuvre lorsque l’on voudra ‘se rendre compte de la part que les Canadiens-Français ont prise aux affaires militaires. La mémoire de Sir George Cartier restera liée à l’organisation actuelle, qui va probablement servir de base aux conceptions du bureau de la guerre, comme elle a ‘servi de’ modèle aux autres colonies. »

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Pour cet homme se faire «Siré»était gage de fonctionnement et d’avancement de sa nation, malgré le triste constat qu’on peut faire de notre nation en cette période de la fin du 19e siècle; date de l’écriture de ce livre.

Sources:

Histoire de la Milice Canadienne-Française,1760-1897, Benjamin Sulte Humblement dédiée à S.M. la reine Victoria, À l’occasion de son soixantième anniversaire de règne, Montréal, Desbarats et Cie, 1897

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rébellion_des_Patriotes

Lionel Groulx, Notre maître le passé, t. 2, pages 78, Éditions 10-10, 1977.

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