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par Boris Egorov
Les nazis prévoyaient d’exterminer une partie de la population de l’Union soviétique, et de transformer les survivants en esclaves ou de les déporter dans la partie asiatique du pays.
Le 22 juin 1941, les troupes allemandes franchissaient la frontière occidentale de l’Union soviétique et, ayant réussi à percer les défenses de l’Armée rouge, fonçaient sur Leningrad, Moscou et Kiev. En un laps de temps relativement court, de vastes territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et des États baltes ont été occupés.
Le commandement allemand prévoyait en 1941 la prise de la capitale soviétique, plan qui s’est finalement soldé par un échec. L’année suivante, la Wehrmacht a cherché à obtenir un accès à la Volga, ce qui comprenait la prise de Stalingrad et du Caucase avec ses riches gisements de pétrole.
Mais quel était le but ultime de la «campagne contre le bolchevisme» de Hitler ? Où l’armée allemande devait-elle s’arrêter ? Et quel sort attendait l’URSS en cas de défaite ?
La conquête
Les nazis comprenaient parfaitement qu’ils ne pouvaient pas occuper tous les territoires soviétiques jusqu’à la côte pacifique. «La taille exceptionnelle du territoire de la Russie rend absolument impossible sa conquête totale», a déclaré le maréchal Wilhelm Keitel, chef du Haut commandement de la Wehrmacht.
Après la défaite de l’Armée rouge, qui devait selon les plans des nazis avoir lieu sous 6 à 10 semaines, les troupes allemandes étaient censées atteindre la ligne Volga-Arkhangelsk. Dans le cadre du plan Barbarossa, une «barrière défensive contre la Russie asiatique» devait y être érigée. «La dernière région industrielle restant aux mains des Russes dans l’Oural peut être paralysée avec l’aide de l’aviation», indique le document.
À la suite des succès militaires de la Wehrmacht, cette ligne stratégique a été considérablement repoussée vers l’est, jusqu’aux monts Oural. «La sécurité du Reich ne sera assurée que lorsqu’il ne restera plus une seule unité militaire étrangère à l’ouest de l’Oural ; l’Allemagne assume la responsabilité de protéger cet espace», a déclaré Hitler le 16 juillet 1941.
On supposait qu’une fois privée du pétrole du Caucase (les gisements de pétrole sibériens n’avaient pas encore été découverts), l’URSS disparaîtrait purement et simplement de la carte politique de l’Europe en tant qu’État unifié, ses ruines ne représentant plus aucune menace pour l’Allemagne. Dans le même temps, les Russes perdraient l’Extrême-Orient et une partie de la Sibérie jusqu’au lac Baïkal, qui, selon le plan stratégique Kantokuen, devait revenir au Japon.
Hitler ne comptait pas léser ses alliés européens. Il prévoyait de donner aux Finlandais la Carélie orientale et le territoire de Leningrad, préalablement rayé de la surface de la terre, et aux Roumains la Bessarabie ainsi qu’une partie de l’Ukraine.
Les dirigeants nazis n’avaient pas de conception claire quant à la structure administrative et territoriale des territoires occupés. Certaines régions auraient dû par la suite être directement intégrées au Troisième Reich ; d’autres étaient censées posséder le statut de territoires semi-dépendants, de «colonies militaires», etc.
Entre-temps, des unités administratives – Reichskommissariat – ont été créées sur les territoires occupés, se livrant à leur pillage total. Ainsi, le Reichsmarschall Hermann Goering, responsable de l’exploitation économique des territoires soviétiques, a déclaré : «À l’Est, j’ai l’intention de piller, et de piller efficacement. Tout ce qui peut être utile aux Allemands à l’Est doit être confisqué à la vitesse de l’éclair et livré en Allemagne».
La colonisation
Bien que les hostilités ne soient pas encore terminées et que l’Armée rouge n’ait pas été vaincue, le Troisième Reich planifiait déjà la façon dont il utiliserait «l’espace vital» conquis en vue de sa colonisation par les Allemands. Des projets de germanisation des territoires soviétiques ont entre autres été proposés par l’Office central de la sûreté du Reich, le ministère des Territoires occupés de l’Est, le Front allemand du travail et le Haut commandement de la Wehrmacht.
Le travail de plusieurs institutions a débouché sur le «Generalplan Ost», qui ne nous est parvenu que partiellement. Il y était déclaré que dans les 30 ans qui suivraient la fin de la guerre, il ne devrait rester sur le territoire européen de l’ex-URSS pas plus de 14 millions de résidents, sous contrôle allemand. Les 40 à 50 millions de personnes restantes devaient être réinstallées en Sibérie occidentale. Les peuples baltes (principalement les Estoniens et les Lettons), «éduqués dans l’esprit européen», devaient être soumis à une politique de germanisation.
Sans attendre le début de la «réinstallation», les nazis ont procédé dès les premiers jours de la guerre à la destruction physique des populations «racialement indésirables». Des exécutions massives ont été perpétrées à l’encontre des personnes d’origine juive et tsigane, ainsi que du personnel politique de l’Armée rouge. À la suite d’une famine délibérément orchestrée dans les territoires occupés, jusqu’à sept millions de personnes sont mortes dans les camps de prisonniers et dans le Leningrad assiégé.
Henry Picker, membre du service juridique du quartier général d’Hitler, a transcrit les réflexions du Führer sur la germanisation des territoires soviétiques : «Le but de sa politique orientale est, à terme, de maîtriser cet espace pour le peupler de cent millions de représentants de la race germanique. Avec une ténacité inébranlable, tous les efforts doivent être déployés pour y envoyer un million d’Allemands, puis un autre million, etc. Moins de dix ans plus tard, il compte recevoir un rapport selon lequel au moins vingt millions d’Allemands vivent dans les terres orientales annexées à l’Allemagne ou occupées par nos troupes».
«Dans le cadre de la colonisation de l’espace russe, nous devons fournir aux paysans du Reich des logements exceptionnellement luxueux, a déclaré le Führer en septembre 1941. Les institutions allemandes doivent se trouver dans de magnifiques bâtiments, les palais des gouverneurs. Tout ce qui est nécessaire à la vie des Allemands sera cultivé autour. Aux alentours de la ville, dans un rayon de 30 à 40 kilomètres, s’étendront des villages allemands frappant par leur beauté, reliés par les meilleures routes. Un autre monde, dans lequel les Russes seront autorisés à vivre comme ils l’entendent, surgira. Mais à une condition : nous serons les maîtres».
D’après ce plan, les enfants russes devaient étudier dans des écoles publiques, mais seulement quatre ans. Selon les idéologues nazis, ils devaient savoir écrire leur nom, compter jusqu’à cinq cents, et ressasser que «Dieu exige d’obéir aux Allemands et d’être honnête et travailleur».
Ramenée à un niveau de développement primitif et poussée à la disparition (car privée de soins médicaux de qualité), la population russe devrait être gérée selon le principe «diviser pour mieux régner». «Un Russe du Commissariat général de Gorki doit sentir qu’il est différent d’un Russe du Commissariat général de Toula», a déclaré Erhard Wetzel, employé du ministère des Territoires occupés de l’Est.
L’élaboration de projets de colonisation du territoire de l’URSS s’est poursuivie pendant toute la guerre, même après que les chances de victoire militaire des nazis se fussent évaporées. En avril 1945, alors que l’artillerie soviétique bombardait Berlin, Hitler, assis à son bureau, continuait de maugréer au sujet d’un «espace vital» à l’Est destiné à la nation allemande.
source : Russia Beyond
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