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par Kaddour Naïmi
Un média de l’oligarchie française (arrêtons de parler de «France», pour ne pas considérer le peuple de France dans le panier de crabes et de requins qu’est l’oligarchie qui le domine) écrit :
Algérie : un couplet hostile à la France de retour dans l’hymne national
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a signé un nouveau décret présidentiel qui rétablit un couplet de l’hymne national algérien faisant référence à la France en tant que colonisateur de l’époque. Il avait été «retiré» en 1986 pour des considérations politiques.
«Algérie : un couplet hostile à la France de retour dans l’hymne national» – TV5 Monde
Ce média fait écho à une déclaration de la ministre française, Catherine Colonna, qui a regretté cette décision algérienne officielle. Pour sa part, le ministre algérien des affaires étrangères a dénoncé le fait que cette ministre française «s’est arrogé le droit d’exprimer son opinion sur l’hymne national algérien».
Revenons à cette représentante de l’oligarchie française. Elle reconnaît que l’hymne national français n’est «pas tout à fait affectueux non plus» (ah ! Qu’en termes galants ces choses sont dites), en ajoutant «personne» n’était cité, pour conclure «il ne s’agit pas d’oublier notre histoire», mais de «la regarder en face, de la dépasser et de construire l’avenir».
Eh, bien, regardons en face cette histoire.
D’abord, celle de l’hymne national français, la Marseillaise. Né comme chant révolutionnaire, patriotique, contre les tyrans, les dictateurs et les envahisseurs de la France, il scandait : «Aux armes citoyens / Formez vos bataillons / Marchons, oui marchons / Qu’un sang impur abreuve nos sillons».
À propos du dernier vers, le juger, comme le fait la ministre française, de «pas tout à fait affectueux», rappelle la fameuse exclamation (citée de mémoire) : «Ah ! Qu’en termes galants ces choses sont dites !»
En outre, dès que l’oligarchie, qu’elle soit monarchique ou bourgeoise -, prit le pouvoir en France, le «sang impur» versé fut celui des citoyens luttant pour leur liberté, afin d’«abreuver les sillons» (la plus-value) de l’oligarchie dominante, tant en France que dans les pays colonisés. Quelques dates : révolution de juillet 1830 ; révolution de 1848, couplée avec la révolte patriotique algérienne ; 1870-1971, massacres des communards à Paris, couplés avec les massacres des Algériens révoltés contre le colonialisme ; 1914-1918, envoi à l’abattoir des citoyens français et des «colonies», dans les deux cas principalement du peuple, en fantassins ; guerre contre les patriotes algériens pour leur indépendance ; jusqu’au «sang impur» versé en ex-Yougoslavie, en Libye, etc.
Ainsi, cet hymne révolutionnaire et patriotique que fut, à l’origine, La Marseillaise, fut transformé en hurlement de haine, où les «bataillons» formés ont versé le «sang impur» de tous les révoltés, en France comme dans les colonies, afin d’«abreuver» les sillons du gang financier qui dominait le «doux» pays de France. Oh, bien entendu ! La ministre française nota que dans La Marseillaise, «personne» n’est cité. Beh ! La liste des «sangs impurs» versés est trop longue ! En outre, une seule fois elle a visé les tyrans du peuple français, mais, par la suite, toutes les autres fois, le «sang impur» versé fut celui des victimes de l’oligarchie française, en France comme dans les colonies.
Venons à l’hymne national algérien. Que dit le passage incriminé ? «Yâ firansâ qad madhâ waqt ul-ʿitâb / inna dhâ yawm ul-hisâb» (France, le temps des palabres est révolu / France, voici venu le jour où il te faut rendre des comptes).
Qu’y a-t-il là d’offensant ? Ne s’agit-il pas simplement d’un fait historique, qu’il «ne s’agit pas d’oublier» ? Surtout que la «France» dont il est question, plus exactement l’oligarchie qui la domine, montre suffisamment sa volonté néo-coloniale pour préserver son statut… En outre, contrairement à l’hymne français, celui algérien ne parle pas de «sang impur» pour «abreuver nos sillons».
Alors, concernant l’histoire, pour «la regarder en face, (…) la dépasser et de construire l’avenir», ne faut-il pas que les autorités françaises éliminent de leur hymne national ces horribles expressions, l’une raciste («sang impur») et l’autre vampirique («abreuver nos sillons») ? Et se rappeler que Mussolini, l’empereur japonais et Hitler, eux aussi, voulaient éliminer le «sang impur» pour «abreuver les sillons» des oligarchies qu’ils représentaient. Et se souvenir que La Marseillaise est née «Contre nous de la tyrannie», quelle que soit sa forme : celle d’une oligarchie soit contre son peuple soit contre d’autres peuples. En ce sens, l’hymne national algérien est identique, en appelant à mettre fin à la tyrannie coloniale. L’unique différence est que l’hymne algérien désigne le coupable, et n’a pas été transformé en formation de «bataillons» pour massacrer son propre peuple ou des peuples à coloniser.
Alors, à «regarder en face» cette histoire, qu’il «ne s’agit pas d’oublier», comment la «dépasser et construire l’avenir», si, comme dirait le regretté Nelson Mandela, les crimes commis par leurs auteurs ne sont pas reconnus par leurs descendants et profiteurs, et si, comme dans le cas de l’holocauste juif, des réparations matérielles ne sont pas acceptées, accompagnés de repentance officielle ?… Oui ! Vous pouvez hurler d’indignation contre ces «prétentions absurdes» ; mais, nous, – toute personne qui sait ce qu’est la dignité humaine -, nous écoutons les indignations et souffrances de vos victimes, en France comme dans les ex-colonies.
Vérité et justice ! Voilà ce que tous les descendants et, – il faut le souligner -, profiteurs de crimes oligarchiques contre les peuples devraient pratiquer, au lieu de continuer l’infâme imposture culottée de s’ériger, encore, en donneurs de leçons de «civilisation». Ceci dit, pas d’illusion : les oligarchies, par nature, partout dans le monde et depuis l’antiquité, ne reconnaissent jamais leurs crimes, car leurs moyens sont l’imposture intellectuelle et la violence physique, pour préserver leurs intérêts égoïstes et psychopathes de caste.
Encore une fois, les représentants de l’oligarchie française, incapables de tenir compte des leçons de l’histoire, tout en l’évoquant, se donnent le droit de critiquer ce qui ne leur convient pas (des vers de l’hymne algérien), sans se préoccuper, d’abord, de remettre en cause des mots de leur hymne, non pas «pas affectueux», mais racistes («sang impur») et mis au service d’une domination de caste sociale capitaliste, dont les méfaits se constatent en France comme à l’étranger, où, dans ce dernier cas, ils sont considérés du «bon boulot» par un ex-ministre français, encore lui des affaires étrangères.
Contre ces prétentions oligarchiques françaises, s’opposent la vérité (historique) et la dignité citoyenne, en France comme dans les ex-colonies, devenues indépendantes. Mais le néo-colonialisme oligarchique ne peut pas, par nature, parce que psychopathe, renoncer à dominer d’une autre manière, car il est incapable psychiquement de concevoir sa fin dans les poubelles nauséabondes de l’histoire ancienne, après l’esclavagisme et le féodalisme. Aux peuples conscients de leur dignité, dans les ex-métropoles comme dans les ex-colonies, de trouver les moyens de se débarrasser des sangsues de l’humanité que sont les oligarchies, pour établir une communauté de citoyens libres, égalitaires et solidaires.
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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