La France et la Russie : Trois siècles ensemble (troisième partie)

La France et la Russie : Trois siècles ensemble (troisième partie)
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par Jean de Joinville

Première partie – La France et La Russie : Trois siècles ensemble
Deuxième partie – La France et la Russie : trois siècles ensemble

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Entre-deux guerres

Le 28 juin 1919, le traité de Versailles écarte la Russie des soviets du concert des nations. L’Allemagne vaincue signe la paix imposée par les vainqueurs et endosse la responsabilité de la guerre dans la Galerie des Glaces sur les lieux même où elle avait triomphalement proclamé son unité 48 ans plus tôt. Pour la troisième république née de la défaite de Sedan c’est une consécration. Cependant, l’encre des signatures à peine sèche, déjà l’Angleterre s’empresse de dénoncer les «Conséquence économiques de la Paix» qui laissent la part trop belle à la France en Europe. Pendant l’entre-deux-guerres, Londres ne cesse d’appuyer les requêtes allemandes de la République de Weimar contre les exigences françaises de réparation. En juin 1935, malgré le réarmement du IIIème Reich hitlérien, Londres signe avec Berlin un accord naval dans le dos de Paris qui permet de multiplier par trois le tonnage de la flotte allemande jadis autorisé par feu le traité de Versailles.

Pierre Laval face à Staline… !

Face au péril grandissant outre-Rhin depuis l’accession au pouvoir de Adolf Hitler et pour suppléer à l’indifférence de l’Angleterre, Pierre Laval, Président du Conseil, signe en mai 1935 avec l’URSS de Staline un traité d’assistance mutuelle. Les accords de Munich de septembre 1938 qui livrent la Tchécoslovaquie au Reich rendront le texte caduc pour la partie soviétique. Enfin il volera définitivement en éclat le 23 août 1939 avec la signature du pacte germano-soviétique de non-agression Ribbentrop-Molotov. Une semaine plus tard, le 1er septembre 1939, l’invasion de la Pologne déclenche la Seconde Guerre Mondiale. Contrairement à l’été 1914, à l’automne 1939, la France entre dans la guerre contre l’Allemagne sans la Russie. Cette fois le Reich n’a rien à redouter à l’est de l’Union soviétique. En quinze jours, la Pologne est liquidée sous les assauts conjugués des armées de Hitler et de Staline. En juin 1940, après huit mois de drôle de guerre à l’abri trompeur de la ligne Maginot, l’armée française est foudroyée à son tour par la Blitzkrieg. C’est un cataclysme sans précédent, la déroute militaire entraine le naufrage de la troisième république. Pour la première fois depuis le début de l’époque moderne et les traités de Westphalie en 1648, la France est effacée de la carte des puissances. C’est la fin d’un monde où la grandeur de la France allait de soi…

De Gaulle et la Russie
Décembre 1944, 1er voyage à Moscou

Fin 1942 à Alger, c’est bien le traité signé en 1935 par Pierre Laval que le général de Gaulle avait en tête lorsqu’il décide d’envoyer le groupe de chasse Normandie se battre pour la France sur le front de l’est aux côtés des soviétiques. La geste des pilotes français de l’escadrille Normandie-Niemen permettra au général devenu chef du gouvernement provisoire de la République Française de surmonter la méfiance réciproque pour signer en décembre 1944 un nouveau traité d’alliance franco-soviétique pour 20 ans.

10 décembre 1944, Molotov signe le traité d’alliance franco soviétique au Kremlin en présence de Staline, de Georges Bidault et du général de Gaulle dans une ambiance de méfiance réciproque.

De Gaulle venait à Moscou chercher des garanties contre l’Allemagne pour l’après-guerre mais voulait surtout dans l’immédiat affermir la position précaire du gouvernement provisoire de la République française face à ses alliés anglo-américains et désamorcer l’activité révolutionnaire du parti communiste français dans le climat de guerre civile de la libération. En échange, les Soviétiques voulaient obtenir la reconnaissance du gouvernement communiste polonais de Lublin. Staline s’opposa à la présence de la France aux conférences de Yalta et de Postdam. De son côté, le gouvernement Français qui était entré en guerre, dès 1939 pour secourir la Pologne ne pouvait pas se résoudre à abandonner son allié au joug totalitaire des Soviets. Avec la guerre froide le traité fit donc long feu et la partie soviétique le dénonça dès 1955. Avec le soutien de l’URSS au Vietminh et au FLN en Algérie contre la France en Indochine et en Algérie, les relations franco-soviétiques entrent dans une période d’hibernation. Le retour aux affaires du Général de Gaulle va une fois de plus les réveiller.

La victoire est jolie ! Le sourire du lieutenant Roger Sauvage, un des as français du groupe Normandie aux commandes de son Yak 3, sur le front russe pendant la seconde guerre mondiale. D’octobre 1944 à mars 1945, il abat 14 chasseurs allemands.
Juin 1966, second voyage du général de Gaulle en URSS

Lors de la crise des fusées de Cuba en octobre 1962, le général de Gaulle s’était tenu du côté de l’Amérique. À la faveur de la détente qui a suivi et de la fin de la guerre d’Algérie, la France annonce au début de 1966 son retrait du commandement intégré de l’OTAN et la fin de la présence militaire américaine en France. En juin de cette même année le Général entame une visite d’État de dix jours en Union soviétique où il reçoit un accueil solennel et chaleureux. Depuis la disparition du président Kennedy, les relations avec son successeur Lyndon Johnson sont glaciales. De Gaulle veut instaurer un dialogue direct entre Paris et Moscou indiquant au monde que la diplomatie française n’est pas subordonnée à Washington. Il résultera de ce voyage deux accords de coopération scientifique et technique dans le domaine de l’exploration spatiale.

Mille ans de christianisme en Russie et fin de l’URSS
La Russie au tournant du millénaire…

Décembre 1991, deux ans après la chute du mur de Berlin, l’Union soviétique disparait sans guerre mondiale comme emportée par un souffle de l’esprit. La guerre froide terminée prive l’Occident d’adversaire et la laisse incrédule. Pour le peuple russe cependant, une pénible décennie de descente aux enfers commence, mais où la société s’ouvre néanmoins aux nouveautés de l’Occident.

Cette perception confiante change brutalement en 1999 avec la guerre du Kosovo, menée sans l’accord des Nations unies contre la Serbie par les États-Unis et leurs alliés, sous la bannière de l’OTAN au profit de la population albanaise musulmane majoritaire dans une province que les Serbes considèrent comme le berceau chrétien orthodoxe de leur nation. Pendant 78 jours, l’armée serbe tient tête vaillamment aux armées des 23 premières puissances économiques et militaires du monde avant d’être contrainte au retrait par la force. Pour la Russie en pleine déconfiture économique et financière c’est une humiliation politique durement ressentie.

Six mois plus tard, exactement le 31 décembre 1999, le président Boris Eltsine cesse ses fonctions et Vladimir Poutine accède au pouvoir suprême en Russie. Le monde entre dans le troisième millénaire chrétien. Un document publié à ce sujet montre que le nouveau maitre du Kremlin a mûrement réfléchi à la signification de ce passage pour la Russie. L’Union soviétique a sombré mais une épave parfaitement reconnaissable émerge de ce naufrage, la Russie…  Même s’il est né à Leningrad en Union soviétique où s’est forgé son caractère puis sa carrière au sein des services de sécurité, Vladimir Poutine se considère comme un chrétien orthodoxe. C’est en homme d’état qu’il évalue le poids de mille ans de christianisme russe. Pour restaurer la grandeur de la Russie qui est sa grande passion, Vladimir Poutine conclut que les utopies qui ont conduit à la ruine du pays doivent être rejetées. C’est la guerre du Kosovo qui est à l’origine de l’orientation de la politique russe depuis 20 ans vis à vis de l’Occident et non pas l’attentat contre les tours jumelles à New York en septembre 2001. C’est bien ce que Vladimir Poutine a tenté de signifier à Munich en 2007 dans sa vigoureuse protestation contre l’élargissement à l’est de l’Alliance Atlantique. Ses partenaires occidentaux ont fait la sourde oreille. La suite, c’est la Géorgie en 2008, la Crimée en 2014 et maintenant l’Ukraine…

Ukraine, l’Europe s’arrête ou commence l’orthodoxie… ?

La guerre en Ukraine pèse sur l’équilibre du monde, mais n’interdit cependant pas de réfléchir. Ce conflit fratricide qui vient de loin est pour l’Europe et la Russie une tragédie révélatrice. En 1999, juste après la guerre du Kosovo, un ministre des finances autrichien, le démocrate-chrétien et catholique, Johanes Farnleitner, face aux interrogations soulevées par l’élargissement de l’Union européenne à l’est avait eu ce mot frappant : «L’Europe s’arrête où commence l’orthodoxie…». Née sur les ruines du communisme, l’Ukraine est devenue en 1992 un état indépendant aux frontières fragiles héritées de l’URSS. Depuis plus de mille ans, par le baptême du Prince Vladimir de Kiev, en 988, ce pays est une terre chrétienne convoitée et que traverse depuis le milieu du XIe siècle une limite indécise qui serpente quelque part dans la géographie et dans les esprits autour du Dniepr. C’est la frontière de deux mondes chrétiens que sépare plus que jamais le schisme de 1054 entre catholiques et orthodoxes. À ce propos, le Pape Jean-Paul II parlait des deux «poumons spirituels» de l’Europe. L’Ukraine est donc un pont spirituel entre l’Orient et l’Occident. C’est ce pont que se disputent aujourd’hui furieusement une Europe qui ne perçoit plus très bien le sens de ses racines chrétiennes et une Russie qui cherche au contraire les siennes dans l’orthodoxie…

En 2023, peu nombreux sont les Français qui se souviennent de Anne de Kiev, princesse chrétienne née au début du XIe siècle sur les bords du Dniepr avant le schisme et devenue Reine de France par mariage avec le capétien Henri 1er. Existe-t-il aujourd’hui, avec la Russie et l’Ukraine une diplomatie française indépendante de Washington ? Emmanuel Macron à la tête d’une puissance nucléaire désindustrialisée et affaiblie par sa dette semble avoir fait son deuil de la souveraineté française. Engagé dans la coalition occidentale contre la Russie, le chef de l’État s’explique en anglais dans les cercles internationaux ce qui ne lui permet guère de se faire comprendre au milieu du fracas des armes. Depuis le début du conflit, la France a abandonné à la Turquie et désormais à la Chine son rôle traditionnel de médiatrice. La suppression du corps diplomatique récemment entérinée par le président de la République est un signe parmi d’autres qui fait penser que les gouvernants du pays ont oublié l’existence d’une nation française millénaire. Auraient-ils perdu définitivement la foi et de la raison ?

Avril 2017, Louis XV et Pierre le Grand… Sous le Soleil de Versailles, théâtre d’ombres entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, dans le décor suranné de la galerie des batailles…

source : Stratpol
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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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