Malgré l’abandon de son 3e lien bidon, au fil des derniers mois, la CAQ montre de plus en plus clairement, avec ostentation même, les dimensions de son 4e lien. Il s’agit d’un gigantesque tunnel à deux étages : la partie du haut s’avère une véritable autoroute à plusieurs voies dans les deux sens réservées aux gens d’affaires. La partie du bas est attribuée aux partis de l’opposition et à tous les représentants de la société, lesquels doivent se contenter d’une voie sans issue; ils peuvent y entrer, mais ils sont aussitôt dirigés vers des voies de sortie.
En haut, comme le veut la tradition, ne circulent que les limousines de gens d’affaires. Du haut de sa stature de premier aiguilleur en chef, François Legault joue le rôle de contrôleur de la circulation rapide, car une masse de quêteux de subventions en cravates se bousculent à la guérite d’entrée. Mieux vaut dire que tous les secteurs économiques reçoivent une écoute attentive du timonier du Québec : une foule de lobbyistes jouent la carte de la petite misère ou la symphonie des projets pharaoniques (usines de batteries, usines d’aluminium, exploitation forestière et minière, grands producteurs agricoles, promoteurs immobiliers, services de santé privés, etc.), etc.
En un mot, selon les dogmes de la CAQ, le privé trouve réponse à tout. En faisant une lecture à l’envers des discours pompeux des thuriféraires caquistes du privé, on comprend que soutenir financièrement le secteur privé signifie racornir les responsabilités de l’État et diminuer l’imputabilité de ce gouvernement affairiste.
Un exemple notoire parmi mille : l’illustration la plus étonnante et la plus contradictoire est le laisser-faire de l’immigration « privée » qu’est l’encouragement inconditionnel de l’utilisation de la main-d’œuvre étrangère.
La CAQ a exclu les travailleurs et travailleuses temporaires de ses exigences de connaissance du français, ce en contradiction avec sa position officielle qui exige la connaissance du français de la part des immigrants économiques. On estime à plus de 300 000 le nombre de travailleurs et travailleuses recrutés dans d’autres pays par des organismes privés.
Ainsi, on laisse les entreprises privées s’approprier de plus en plus de contrôle sur l’immigration temporaire sur mesure, dessinée selon des besoins spécifiques.
Et dire que durant la campagne électorale d’octobre 2022, François Legault ridiculisait les projets de ses adversaires par un seul argument : ce n’est pas réaliste… pénurie de main-d’œuvre. Aujourd’hui, il dit le contraire; pour réaliser les projets dorés des entreprises privées, lui et son super-ministre ne se gênent pas pour dire que le Québec va assurer son développement avec des travailleurs et travailleuses recrutés à l’étranger. Et nous n’entendons jamais parler du principe de la décroissance. En avant toutttt! On veut toujours plus du secteur privé collé aux godasses de la CAQ.
Dans la stratégie de la CAQ, plus on renforce les secteurs privés sur le plan économique (généreux programmes de subventions) et idéologique, le moins on devient imputable de la détérioration des services et des responsabilités de l’État.
La stratégie de la CAQ est bien définie et transmise dans les discours. S’il y a un problème important dans un domaine donné, la réponse est déjà toute faite : ce n’est pas de notre ressort. On impute tout aux entreprises privées ou à d’autres entités, par exemple les municipalités, les services scolaires, etc. Le premier ministre l’a bien souligné dans le cadre de la réforme des services scolaires en déclarant : les responsables des services scolaires ont de la corde pour « se pendre avec » (sic).
En résumé, le discours néolibéral et les politiques de la CAQ ressemblent de plus en plus à ce que le bouffon en chef des États-Unis, Donald Trump, met de l’avant: Make QUEBEC great again!
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