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par Mariame Maïga
Avec son système de bombardement orbital fractionné associé à un planeur, la Chine a créé une arme capable de frapper efficacement des cibles dans le monde entier. Une nouvelle que Washington n’accueille pas d’un très bon œil.
Pékin a-t-elle développé une arme imparable ? C’est la question posée par le Bulletin of the Atomic Scientists, institution américaine suivant les développements liés aux innovations nucléaires, qui décrypte un essai vieux de deux ans sur un bombardement via l’espace.
Un mélange de technologies anciennes
À l’été 2021, la Chine testait un type d’arme unique dans son arsenal : une fusée Long March 2C mettait à l’époque en orbite un système de bombardement orbital fractionné (SBOF), une arme qui vole en orbite basse avant d’entrer dans l’atmosphère pour délivrer une attaque potentiellement nucléaire et de repartir en orbite. Si cette description peut sembler inquiétante, les systèmes de bombardement orbital fractionné sont en fait une invention de la guerre froide innovée par les Soviétiques, mais abandonnées suite à leur précision lacunaire.
Malgré une trajectoire et une rapidité les rendant difficiles à détecter, leur utilisation stratégique était donc censée être limitée. Les Américains, tel que le général Glen VanHerck cité par nos confrères du Financial Times, craignaient à l’époque les «défis significatifs» proposés par ce nouveau type d’engin, malgré le handicap posé par leur faible précision.
Mais Pékin a réussi à innover suffisamment pour remédier aux défauts d’un SBOF, selon le Bulletin. La Chine aurait ainsi développé un «planeur hypersonique» accompagnant le système à une vitesse allant de 5 à 25 fois celle du son. La combinaison de ce planeur permettant d’atteindre des vitesses folles avec le principe d’un SBOF passant par l’espace renforce considérablement la menace de ce type de systèmes, qui peut délivrer des frappes nucléaires. Selon les rapports américains, le SBOF a frappé à une trentaine de kilomètres de sa cible : une distance considérable, mais qui sera corrigible par la suite.
Le meilleur du planeur et du système orbital
Les caractéristiques des deux technologies se retrouvent renforcées. Le SBOF est lancé de la terre, entre en orbite, passe par l’atmosphère pour frapper sa cible avant de retourner en orbite. Parmi les avantages : la portée d’un tel engin et sa vitesse d’exécution. Et parmi les inconvénients : une marge d’erreur importante sur sa précision suite à la mise en orbite. Mais le planeur hypersonique permet d’ajuster et manœuvrer avec précision lors de l’entrée dans l’atmosphère. Ces corrections de trajectoire permettent donc d’échapper à plusieurs défenses antiaériennes, tout en restant suffisamment proches de la terre pour passer en dessous des zones de radars.
Un missile balistique, l’alternative pour ce type de frappes longue distances, va pour sa part suivre une trajectoire prévisible, et est donc plus simple à intercepter. La multiplication des satellites, qui devraient atteindre le nombre de 58 000 d’ici 2030, rend également de plus en plus complexe le repérage d’un seul appareil. Un SBOF pourrait donc être lancé des années en amont et rester en orbite parmi les autres satellites, sans être repéré, pour finalement frapper la terre.
Mais ces systèmes sont-ils interdits ? Oui, si l’on se réfère à l’accord Salt II suivi par les États-Unis et l’Union soviétique durant la Guerre froide sans être ratifié. Mais le START I, modifiant le SALT II, interdit uniquement les engins de destruction massive «en orbite autour de la Terre» : une tournure de phrase qui autorise les missiles balistiques et les SBOF à pénétrer la zone orbitale terrestre, dans laquelle ils ne vont cependant pas forcément se positionner longtemps. À moins d’une mise à jour des traités, la Chine se retrouve donc avec un atout majeur dans son jeu.
source : Océan Guinée
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