C’est ce qui s’appelle en football marquer un but contre son camp. Les acharnées de la cause féministe, probablement trop heureuses d’avoir enfin un insoumis à se mettre sous la dent ne mesurent pas tout le mal qu’elles font à la cause anti-capitaliste comme à la cause féministe qu’elles affaiblissement en prétendant la défendre. Quant aux néolibéraux de droite, soit le reste de l’ensemble du spectre politique, eux se montrent comme toujours plus soucieux de la paille dans l’œil du voisin que de rappeler leur collection de poutres avec la complicité appuyée des médias de propagande.
40 violeurs à faire oublier
A titre d’illustration voici une liste non exhaustive d’accusés, de mis en cause, de relaxés faute de preuves, de non-lieux par prescription, et de procès toujours retardés et en attente, etc.
– ABAD (Damien) : à peine réussie la prise de guerre par les macronistes sur les LR, le voilà accusé par 3 femmes de tentative de viol avec administration de substances, en mai 2022. Il siège toujours à l’assemblée. Enquête préliminaire toujours en cours. Jusqu’à quand ? A de rares exceptions dans les médias alternatifs, aucun rappel dans les médias dominants, aucune attaque ni acharnement de la part des féministes, trop occupées à taper contre leur camp.
– DARMANIN (Gérald) : non-lieu pour l’agent immobilier du Nord, sans surprise. Abus de faiblesse, déposé en 2018 à son encontre. L’auteur d’une promesse de logement contre faveurs sexuelles, alors maire de Tourcoing bénéficie d’un classement sans suite, puis dépose une plainte pour diffamation que la prudence lui fera retirer quelques mois plus tard. Dans la seconde affaire avec cette fois promesse d’aide dans un dossier à nouveau 5 classements sans suite après recours multiples de la plaignante. Qui entend les féministes le poursuivre avec des pancartes accusatrices lors de ses déplacements ? Personne. Qui lui rappelle son mépris sexiste face à la journaliste Apolline de Malherbe ? Personne.
– BIGORGNE (Laurent) : Ancien directeur de l’Institut Montaigne, néolibéral bon teint et proche de Macron. Cocaïnomane, il glissait de la drogue du violeur (MDMA ou ecstasy) dans les boissons de sa compagne et à l’occasion de son ex-belle sœur. Condamné avec clémence par le juge, il a démissionné. Qui le renvoie avec persévérance dans les ratiches des macronistes ? Personne. Pire plus personne n’en parle, oublié.
– CABARÉ (Pierre) : macroniste de la première heure et de la première mandature, n’est pas réinvesti en 2022. Visé par des accusations de harcèlement sexuel, il se retire (comme c’est bien dit).
– PEYRAT (Jérôme) : après avoir trempé dans tous les gouvernements de droite, du RPR de Chirac à Nathalie Kosciusko-Morizet en passant par la sarkosie, ce macroniste depuis 2019 doit renoncer à se présenter aux législatives de 2022, condamné à 3 000 euros d’amende (avec sursis, faudrait pas être trop dur) pour violences conjugales. Qui le savait ? Qui le rabâche inlassablement aux macronistes ? Personne.
– TROMPILLE (Stéphane) : privé de l’investiture macroniste pour les législatives de 2022 après sa condamnation pour harcèlement sexuel sur un collaborateur en mai 2020. En 2019, Stéphane Trompille est mis en cause par deux de ses anciens collaborateurs pour licenciement abusif et accusé de harcèlement sexuel, au travers de propos et messages à connotation sexuelle sur la personne de l’un des deux demandeurs. Il est jugé coupable de harcèlement sexuel le 25 mai 2020 par le conseil de prud’hommes de Bourg-en-Bresse. Le licenciement de cette dernière est jugé nul et celui de son collaborateur « sans cause réelle et sérieuse ». Il fait appel de cette décision
– ZACHAROPOULOU (Chrysoula) : pour respecter un semblant de parité, enfin une femme si j’ose dire. Accusée en mai 2022 de viols et violences gynécologiques, bénéficie d’un classement sans suite en mai 2023. Elle est pas belle la vie ?
Cette illustration ne serait pas pertinente si on omettait les violeurs, agresseurs, harceleurs et mis en cause divers de tous bords, dans le désordre, DSK, Tron, Hulot, Simian, Placé et sans oublier le fameux écologiste Baupin. Celui qui a agressé sexuellement une Sandrine Rousseau qui, à l’époque, s’était bien gardée de monter au front, allez comprendre pourquoi.
Charité bien ordonnée
Quand on a des ambitions à défaut de convictions on s’empare des moindres opportunités. Mais rappelons d’abord que dame Autain n’en n’est pas à son premier fait d’armes en matière de violences faites aux femmes. En effet, cette dernière qui a obtenu à partir de racontars, insinuations et montage en épingle de on-dits, jamais étayés, la tête de Taha Bouhafs, s’est lancée courageusement, toute honte bue et sans un mot d’excuses, dans la croisade anti Quatennens. La même qui assumait la décision de retirer l’investiture de Taha Bouhafs avant la moindre plainte et a fortiori, contrairement à toutes les règles de droit, avant tout jugement définitif, n’a pas manqué l’occasion d’écarter un rival. Depuis l’affaire Bouhafs a fait long feu, pas de plainte, aucune poursuite et un désistement. C’est que, Autain après son échec aux régionales se voit un destin national et peu importe de donner du grain à moudre aux adversaires de la France Insoumise dont elle se soucie fort peu quand l’occasion d’écarter un concurrent se présente.
Que la presse de propagande s’amuser à titiller les insoumis sur leur féminisme comme l’a fait le relais médiatique du pouvoir la chaîne LCP AN, c’est bien le moins. Qu’en revanche, les soi-disant alliés des insoumis de la Nupes se livrent à ce pitoyable exercice, cela mérite examen. C’est donc sans étonnement qu’on regardera sur youtube une féministe exaltée, courageuse mais pas téméraire, harceler Antoine Léaument à propos d’Adrien Quatennens, à croire qu’Antoine Léaument serait responsable en quoi que ce soit, dans un style qui n’est pas sans me rappeler la classe de CP. Ce n’est certes pas là qu’elle va se prendre du gaz lacrymogène, être embarquée pour 24 heures de garde à vue et accuser pour outrage à ministre ou diffamation publique, elle peut vider sa bile à moindre risque, elle se soulage.
Tout se vaut ?
Il convient à ce stade de rappeler pour quels motifs Adrien Quatennens a été jugé et pourquoi il a été voué par certains de son propre camp à la damnation politique éternelle. Une séparation qui se passe douloureusement, des échanges d’insultes, et selon les faits retenus par le tribunal, une gifle. Que ledit tribunal ait jugé qu’il n’y avait pas lieu à déchoir le condamné de son mandat de député fait chaudement pleurer dans les chaumières féministes. La gauche devrait donc, selon les jusqu’au boutistes, laver plus blanc que blanc et les êtres humains qui la composent être des demi-dieux infaillibles. Amusant de la part de celles dont on attend toujours qu’elles aillent présenter leurs excuses l’une à Ta Bouhafs, l’autre à Julien Bayou.
Ce qui semble échapper à ces inlassables combattantes de la cause féministe, c’est que tout ne se vaut pas, que tout ne peut être mis sur le même plan. Savoir faire la part dans la gravité des actes commis contre les femmes par des hommes, car la violence ne se limite pas à ce champ, est le préalable à la crédibilité de la cause féministe. S’acharner pendant des mois au côté de leurs adversaires pour une claque, ou écarter un de ses candidats sur du vent quelle perte de temps, de crédibilité, de poids politique et de chances d’arriver au pouvoir.
Tir contre son camp
Et, surtout, tant d’eau apportée au moulin des vrais machistes de droite et plus généralement à l’ensemble des conservateurs des deux sexes. Ceux qui caquettent à l’Assemblée quand s’exprime une députée, ceux qui traitent Mathilde Panot de poissonnière. Ils ont de beaux jours devant eux dès lors que leurs adversaires de gauche se crêpent le chignon au jeu de plus féministe que moi tu meurs. Ils applaudissent des deux mains et surenchérissent, Quatennens de retour mais c’est affreux ma chère. Pendant ce temps glissés sous le tapis leurs douteux amis.
Or les amazones modernes ne mettent guère l’accent sur les causes profondes des inégalités femme/homme si tant est qu’elles les aient identifiées. Sont-elles conscientes que ce sont les inégalités sociales, les métiers précaires sous qualifiés et sous rémunérés, qui fragilisent les femmes et les poussent à accepter contraintes, soumission, voire violences dont elles pourraient s’affranchir si elles en avaient les moyens en particulier économiques ? Car, non les femmes ne sont pas des romantiques fleur bleue spécialement sujettes à l’emprise, ni plus masochistes que les hommes, comme aimerait à nous le faire gober la presse dominante. Elles sont avant tout victimes de la précarité où les placent les inégalités salariales et sociales qu’il convient de combattre en priorité.
Trop occupées à lutter contre les effets des inégalités, les violences, les militantes de la cause féministe en oublient les causes. Permettre aux femmes de ne pas subir est certes une cause estimable pour laquelle il convient de se battre. Toutefois, ce n’est pas à l’intérieur du système patriarcal néolibéral que les femmes auront un jour leur émancipation. Sortir du cadre est la priorité. L’avènement d’une d’une société plus égalitaire et juste pour les femmes impose de présenter un front uni contre le système qui perpétue la domination masculine.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir