Depuis 2018, je suis frappé (mais pas de la même manière que les gilets jaunes ou les infirmières en manifestation), bref, je suis frappé disais-je par la similitude entre Macron et son pouvoir avec certains de ses homologues Africains. Tout se passe comme si certains pays et notamment plus particulièrement de la zone Franc CFA avaient servi de laboratoire dont les conclusions et les recettes tellement efficaces étaient désormais mis en œuvre dans l’hexagone.
Ainsi, à la manièrede Sassou Nguesso par exemple, Président de la République du Congo (autrement appelé « Congo Brazza » pour le différencier de sa voisine, la République (très très) démocratique du Congo – RDC ou Congo Kinshasa).
Des similitudes, il y en a pléthore. Et c’est bien ce qui m’inquiète.
Le régime de Brazzaville ne supporte pas la critique ou la contestation. Il a mis en place, depuis des années, un mécanisme de contrôle total de l’information. Chaque jour, la dépêche de Brazzaville encense un pouvoir et un gouvernement qui œuvre pour le bien de la collectivité et même du monde. Piloté depuis plusieurs années par Jean Paul Pigasse, oncle de Matthieu du même nom et co-actionnaires d’un titre torchon dit de référence en France, ex-directeur de publication de Jeune Afrique qui, au fil des ans est devenu une usine à encenser les pouvoirs des potentats continentaux en mal de reconnaissance en France, Monsieur Pigasse distille à l’envi sa reconnaissance éternelle au pouvoir en place à Brazzaville ou la détestation d’une opinion contraire. Avec une soixantaine de journalistes, il est édité à 25.000 exemplaires et distribué à Brazzaville à 100 Fcfa (15 cts d’Euros), les dépêches sont pourtant représentées à Paris dans le très chic 16ème arrondissement Parisien ainsi qu’à Washington ou New-York. On comprend ainsi la ferveur du patron vis-à-vis de son mentor et protecteur.
Devrions-nous nous étonner ou nous offusquer de la proximité des médias internationaux avec le pouvoir de Brazzaville au point d’oublier la nomination de Mme Arlette Soudan-Nonault au poste de Ministre du tourisme ? L’épouse du rédacteur en chef de Jeune Afrique, François Soudan aurait-elle été ainsi remerciée pour les « petits » coups de pouce du journal dirigé par son mari lors des élections présidentielles de 2016 et 2021 ?
La – bonne – fortune de Monsieur Pigasse ou Madame Soudan-Nonault n’est que l’illustration d’une autre des caractéristiques de ce pouvoir décidément comparable à la France des années 2020. Ainsi, les fortunes financières ne ne constituent plus avec le travail acharné des patrons d’entreprises et de leurs équipes, mais uniquement sur leur proximité avec le pouvoir en place. Ainsi, ce ne sont plus les compétences qui sont mises en avant, ou recrutées pour orienter ou conseiller le pouvoir, mais la capacité des courtisans à défendre les bienfaits d’un pouvoir, quitte à mentir et à travestir la réalité, du moment qu’ils en tirent immédiatement des avantages sonnants et trébuchants. A l’instar des proches du pouvoir à Brazzaville, il n’est pas difficile pour les potes du patron de l’Élysée de « traverser la rue » pour trouver un nouveau job. La liste est longue, mais citons A. Buzyn à l’OMS, E. Wargon à la CRE, de Normandie dans une start-up qu’il a connu et coaché lors de ses fonctions ministérielles précédentes et les copains de-ci et de-là qui sont placés dans des postes à 15 k€ mensuel pour du travail qui ne leur occasionnera ni peine, ni mal de dos. Évidemment ces larbins bien payés et disposant de tous les avantages annexes qui vont bien avec devront faire l’apologie du pouvoir lorsqu’ils seront sollicités. D’ailleurs, pourraient-ils même envisager le contraire ?
Denis Sassou Nguesso (DSN) n’hésite pas à emprisonner ou éliminer physiquement ses adversaires politiques, lorsque ceux-ci osent le défier, même (et surtout), si ce sont d’anciens camarades de combat. Ainsi, Colonel Tsourou, ancien compagnon d’arme du « patron », condamné aux travaux forcés à vie, retrouvé mort dans sa cellule en 2017 ou Jean-Marie-Michel Mokoko, général des Forces Armées Congolaises, qui a eu la mauvaise idée de se présenter comme opposant lors des élections présidentielles truquées (avec l’aide de l’Élysée) de 2016. Cela lui vaudra l’ire du patron une condamnation à 20 ans de prison pour une sombre affaire de vieille déclaration d’appel à l’insurrection en 2007, peine qu’il continue aujourd’hui de purger.
En France, les techniques d’invisibilisation des opposants sont multiples, mais totalitaires dans le sens où l’ensemble des administrations, l’ensemble des leviers du pouvoir sont mis à contribution pour éliminer les discours et les positions contradictoires. On censure à qui-mieux-mieux sur les réseaux sociaux, on insulte et on disqualifie les opposants, on met en garde à vue, on psychiatrise les scientifiques, on suspend, on appauvrit, on désocialise les opposants, leurs familles, leurs proches. La violence comme politique d’État pour éliminer toutes les opinions divergentes. Si au Congo Brazza avec ses trois ou quatre millions d’habitants le contrôle de l’opinion est faite de manière tout aussi totalitaire, en France, cette invisibilisation est plus technologique, plus subreptice, mais ô combien tout aussi efficace.
Ce qui conforterait ma comparaison, serait l’utilisation de techniques éprouvées au Congo Brazza ainsi que dans d’autres capitales Africaines lors des épisodes électoraux : suppression de l’internet, suppression de la possibilité d’envoi de sms, coupures d’électricité aux moments de la présentation officielle des résultats, déclaration de l’état d’urgence sous couvert d’une tentative de coup d’État opportunément organisée au bon moment…
Mais la comparaison ne s’arrête pas là. La longévité de certains pouvoirs réside dans la destruction des services publics, avec en tête, l’éducation et la santé. En effet, un peuple con et en mauvais état général est un peuple qu’on peut dominer facilement.
Et si, en plus, vous militarisez la police, en lui fournissant du matériel de guerre que la police utilisera comme dissuasion en paradant dans les quartiers populaires en amont des évènements d’opposition repérés sur les réseaux sociaux ou que le pouvoir n’hésitera pas à utiliser directement lors des manifestations pacifiques et sans armes de la population appauvrie et excédée par l’arrogance du pouvoir, vous prolongerez d’autant votre maintien au poste.
Les exemples de pouvoirs totalitaires en Afrique ne manquent hélas pas. Mais l’une de leurs caractéristiques supplémentaires réside également dans le fait qu’ils sont parrainés par une autorité internationale bienveillante, qui les aide militairement, qui les soutient dans leur lutte médiatique et qui les couvre à tout moment. Ainsi, les pays de la zone CFA ont le même problème avec leur monnaie avec la France que la France a avec la Commission Européenne et l’Euro. Ils ne sont pas maîtres de leur politique économique, ils ne sont plus souverains et obéissent comme des larbins à leurs protecteurs. Ces mécanismes aboutissent irrémédiablement à la mise en place de mafias d’État qui mettent la trésorerie du pays, les politiques d’endettement du pays au profit des proches du pouvoir qu’on aura préalablement mis dans les postes de décision dans les entreprises souvent multinationales qui profiteront de la manne Étatique. Au Congo Brazza, les Total, les Bolloré, les Suez, en France, les Patrick Drahi, les Xavier Niel, les François Pinault, les Bernard Arnault, sans oublier les Wanguard, les State-Street et les Black-Rock ou les GAFAM.
La prochaine étape en France, si la comparaison devait se poursuivre, serait la modification de la constitution pour permettre au président de se maintenir en place au-delà de son deuxième mandat, Président que les médias subventionnés présenteront alors comme sauveur de la nation parce qu’il aura joué un rôle majeur dans la mise en place d’un état de guerre devenu désormais permanent.
Les oppositions soit muselées, soit achetées, soit éliminées pour cause d’état de guerre n’y pourront rien et Macron pourra ainsi endosser le costume du plus Africain des dirigeants Européens.
Source : Dominique L.
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