La Guerre des Mondes et des Mots

La Guerre des Mondes et des Mots

La Guerre des Mondes et des Mots

14 juin 2023 (17H40) – Hier donc, un article sur ce site se terminait par ces mots, où est évidente l’allusion au livre de H.G. Wells datant de 1898 :

« Ce n’est pas une nouvelle Guerre Froide, c’est une ‘Guerre des Mondes’. »

Cela suivait notamment l’intervention du président français qui, après une séance fraternelle avec ses brillants collègues polonais et allemand, annonçait le programme pour les prochaines semaines et mois. Ce serait une “victoire la plus victorieuse possible” et aussitôt les négos avec Poutine, convoqué sur l’heure, bien trop content de revenir au club grâce au brillant Français et à la France-éternelle, – « accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions […] mais redressée […] par le génie du renouveau ! », selon le best-seller, ‘Vision de Macron’, récemment publié par l’énigmatique C2G (ou C de G, pour les puristes)..

« “La contre-offensive a commencé. Elle va se déployer pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Nous la soutenons dans les limites que nous nous sommes fixées”, a déclaré Macron.  

» Le président français a déclaré que lui et ses homologues souhaitaient que l'opération de Kiev soit “la plus victorieuse possible pour que nous puissions ensuite entamer une période de négociations dans de bonnes conditions”.   

» D'autres livraisons d'armes, notamment de véhicules blindés, et de munitions à l'Ukraine auront lieu “dans les jours et les semaines qui viennent”, a promis Macron. »

Il faut donc se représenter ce que furent les discussions entre les trois hommes, cet échange de banalités toutes alignées les unes sur les autres et enfantées du même simulacre ; – et à cause de cela, je veux dire pour mon compte, “banalités” tout simplement hyper-surréalistes ; – ce qui fait un oxymore bien remarquable, mais pourtant justifié. Leur médiocrité commune est absolument indescriptible d’obésité et d’ampleur grotesque, et elle leur fait dire, par les croyances puériles qu’elle encaisse sans coup férir , des sottises d’une incommensurable invraisemblance.

Voilà “leur” monde. Notez bien cela, vous-autres avec votre ‘Leopard’ en sautoir : on cogne, on gagne et après l’on cause, – voilà le programme. Poutine n’a qu’à suivre.

Par le plus séduisant des hasards, le susdit Poutine tenait également table ouverte, hier, dans le même temps, avec des journalistes (je veux dire : des gens qui écrivent des articles sans consulter l’horaire des toilettes). Bien sûr, on pourrait rechercher le verbatim de la chose, mais vous savez comme je suis : paresseux, mal-sourcé, pas du tout fact-checké, etc. Alors, je m’en remets à l’un de mes complices inconnus, “qui a fait le job” ; je parle du nommé ‘Simplicius’, redoutable bretteur du site ‘TheThinker’, qui commence à être beaucoup cité. Dans son texte du jour, il analyse au scalpel les déclarations de Poutine. C’est alors que vous comprenez complètement pourquoi l’on parle de ‘Guerre des Mondes’, que ces gens, ici, et ceux-là, d’outre-univers, ne sont pas dans le même monde.

Dans le cours de son analyse où il examine à la fois la situation opérationnelle, le désastre qu’ont subi les Ukrainiens et que Poutine décrit fort précisément, et la situation politique, avec les perspectives qui impliquent aussi bien la victoire que Poutine ne peut évidemment envisager que russe et complète, et les conditions à la fois de cette victoire et de l’avenir de l’Ukraine, – je veux dire, si l’Ukraine a un avenir… ‘Simplicius’ nous confie :

« J’ai l’impression qu’il [Poutine] dit que si l'État croupion survivant de l'Ukraine ne peut pas être transformé en une nation qui respecte la Russie et la traite cordialement, alors l'Ukraine “ne devrait pas exister” du tout en tant qu'État. Il est intéressant de noter que ces propos font écho à des sentiments récents dont j'ai déjà parlé et qui ont été exprimés par d'autres hauts fonctionnaires russes.

» En fait, un nouveau sentiment a été exprimé hier par Elena Panina, députée de la Douma d'État, qui a déclaré : “La dénazification de l'Ukraine est synonyme de désamorçage de l'Union européenne”…

 Et alors une notion nouvelle apparaît, non pas dans la première phrase citée ci-dessus mais dans ce qui suit ; une notion particulièrement radicale et surtout radicale d’une façon directement actuelle, et non plus seulement historique et “anecdotique”, c’est-à-dire dépassée comme certains pourraient ou voudraient le faire croire :

« La dénazification de l'Ukraine signifie la désaméricanisation de l'Ukraine. »

C’est le titre d’une intervention de cette dame Elena Panina, directrice de l'Institut d'études stratégiques russes, dont les mots peuvent être pris comme exprimant d’une façon beaucoup plus directe et libre la signification de certaines notions et de certains concepts qu’on trouve dans le discours officiel de l’Opération Militaire Spéciale (OMS).

Note de PhG-Bis : « Selon PhG, l’interprétation de ‘Simplicius” est absolument acceptable, et même recommandable. Si l’on va au plus bref, il est vrai que l’américanisation est à la fois le fruit difforme de l’hybris-paroxystique du nazisme originel et l’accoucheur-césarien de répliques grossières et crasseuses du nazisme, où le nihilisme barbare règne en maître aveugle et intellectuellement atone. »

On se rappelle en effet que la “dénazification” est un des buts de l’OMS et l’on se disait qu’il s’agissait d’un aspect un peu marginal et folklorique qui serait rapidement réglé avec la dissolution du régiment ‘Azov’ et quelques autres. Eh bien, pas du tout, explique Elena Panina, et si elle traduit la pensée et les intentions de Poutine, comme le croient ‘Simplicius’ et votre-serviteur, – Eh bien, nous ne sommes pas sortis de l’auberge des Cœurs Perdus où le président Macron tient également et toujours table ouverte et offre un verre à qui veut bien négocier en lui disant qu’il a raison :

« Le nazisme en Ukraine est un produit soigneusement cultivé par les États-Unis et toute leur machinerie d'État. Le nazisme est un outil américain qui permet de transformer des Ukrainiens apolitiques et bon enfant en russophobes fanatiques et brutaux. Cet outil est précisément américain, car les services spéciaux de l'Angleterre, de l'Allemagne, du Vatican et de l'Autriche ont joué un rôle de soutien dans cette affaire, ils étaient, comme on dit, “à la manœuvre”.

» Par conséquent, la dénazification de l'Ukraine est avant tout sa désaméricanisation. La dénazification de l'Ukraine signifie la défaite militaire complète de toutes ses institutions créées par les États-Unis pour la guerre contre la Russie. Il ne peut y avoir de dénazification sans désaméricanisation de l'Ukraine. Aucune dénazification n'est possible dans la partie de l'Ukraine qui restera sous domination américaine. C'est pour développer le nazisme que les États-Unis sont venus en Ukraine. L'argent n'est pas leur principal objectif. Ils sont prêts à payer n'importe quel prix pour la destruction de la Russie.

» La Russie se bat en Ukraine principalement contre les États-Unis, qui ont transformé l'Ukraine en réserve nazie. Le gel, la cessation des hostilités sous quelque prétexte que ce soit signifie l'arrêt de la dénazification de l'Ukraine et l'abandon des objectifs de l'OMS. Pour résoudre le problème du nazisme en Ukraine, il faut en expulser les États-Unis. Si la désaméricanisation de l'Ukraine n'est pas menée à son terme, le nazisme y cherchera toujours à détruire la Russie.

» Nous n'avons pas le droit de permettre cela. Les objectifs de l'OMS doivent être pleinement atteints”. »

On comprend alors, et cela m’a frappé avec une force extrême, le sérieux de la chose. “Dénazifier”, on peut jouer avec, argumenter, cligner de l’œil, faire de grandes phrases sans trop se compromettre ; “désaméricaniser”, c’est autrement sérieux, c’est un projet et une nécessité bien réels, une des choses de la vie qui nous tiennent enchaînés, et cela va et frappe au cœur de la chose. Je dirais presque, si ce n’était déjà fait : “La guerre est déclarée !”. Cette fois, le motif est évident et irrésistible, et le casus belli éclatant, tout comme l’arnaque simulacrée que constitue la promesse faite à soi-même par l’avorton des prochaines négociations, – à nos conditions à nous, évidemment.

Là-dessus, vous écoutez Poutine, – pas tellement le contenu puisque vous êtes fixé, – mais le ton de la voix, en russe justement, et le poids des mots, – que vous ne comprenez pas, justement ! – pour réaliser combien la chose est sérieuse, encore plus sérieuse que vous ne pouviez imaginer. Alors, vous prenez cela, et vous faites une comparaison avec le ton et le poids des mots de l’avorton, et la messe est dite. Il y a le poids de la vérité.

Effectivement, ces deux-là ne vivent pas dans le même monde, et l’un des deux vit dans un simulacre prestigieux et situé dans un quartier décoré de cartons de grand luxe. Je crois que nous continuons plus que jamais à entretenir religieusement d’énormes illusions en les arrosant avec ponctualité de mensonges et de narrative qui volent dans l’air comme autant de bulles de savon, avant d’éclater, avec un petit “ploc”… Quant au reste, ou à l’autre si vous voulez, me revient à l’esprit la phrase de James Howard Kunstler, du 20 novembre 2020, que j’apprécie tant. Elle concerne l’“information indépendante” et nous concerne donc, mais l’essentiel se trouve bien dans la deuxième partie de la phrase.

C’est cela qu’il faut retenir des mots dont je vous ai parlés, – ceux-ci et ceux-là, ceux du bouffon et ceux de l’être tragique, avec ce que cette différence contient de promesses terribles pour notre destin, dans le cas de cette GrandeCrise dont il faudra boire jusqu’à la lie pour espérer nos débarrasser de cette charge de satanisme qui nous accable… La vérité, notre vérité-de-situation nous y aidera grandement.

« L’information indépendante continuera et sera diffusée, et il est utile de se rappeler que la vérité a des pouvoirs divins qui lui sont propres. »

Source: Lire l'article complet de Dedefensa.org

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« La crisologie de notre temps » • Nous estimons que la situation de la politique générale et des relations internationales, autant que celle des psychologies et des esprits, est devenue entièrement crisique. • La “crise” est aujourd’hui substance et essence même du monde, et c’est elle qui doit constituer l’objet de notre attention constante, de notre analyse et de notre intuition. • Dans l’esprit de la chose, elle doit figurer avec le nom du site, comme devise pour donner tout son sens à ce nom.

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