Le réseau faisandé des profiteurs
Rio Tinto Alcan (RTA) est le privilégié des privilégiés dans l’industrie de l’aluminium, elle possède six barrages pouvant générer 3 200 mégawatts, près de 9 % de la puissance d’Hydro-Québec. Selon un document interne datant de 2018, le kilowattheure lui revient 0,563 cent. En plus de posséder ses propres barrages, RTA ne paie pratiquement pas d’impôt et bénéficie de passe-droits pour ses émissions de GES.
Considérant ces trois privilèges comme des subventions publiques, j’ai calculé combien nous coûte chacun des 3 500 emplois RTA.
- Électricité privée : 205 714 $ par emploi par année.
- Passe-droits pour les de GES : 80 571 $ par emploi par année.
- Passe-droits d’impôts : 51 000 $ par emploi par année.
- Pour un grand total de 336 285 $ par emploi par année.
On parle de subventions à Rio Tinto Alcan totalisant 1.2 milliard de $ par année. C’est énorme, gigantesque, scandaleux!. À ces subventions récurrentes s’ajoutent des subventions ponctuelles : aides financières en R&D pour Élysis de 140M$, prêt de 400M$ sans intérêt sur trente ans, avantages fiscaux de 112M$ en 2007. Sans parler du 148M $ payé par Hydro-Québec pour racheter les surplus de RTA lors du lockout à Alma. Une aberration dénoncée par l’ensemble des travailleurs.
Perte d’emploi
Le pacte initial qui a permis à Alcan de conserver ses barrages lors de la nationalisation dans les années 60 était lié aux emplois. Ce pacte est totalement rompu. En effet à l’époque c’était 3 000 MW pour 12 000 emplois. C’est très loin du 3 200 MW pour 3 500 emplois actuels. Et ça continue à chuter.
RTA s’apprête à annoncer l’ajout de 96 cuves AP-60 sur son site d’Arvida en remplacement de la fermeture de la vieille usine des cuves précuites. Comme la technologie de l’AP-60 est plus performante, il est estimé que ce sera 400 emplois qui seront coupés. Encore des pertes d’emplois et toujours plus de privilèges. C’est le monde à l’envers. RTA est morte de rire
Pour calmer le jeu, la CAQ promet que ce sera le tarif L qui s’appliquera mais on apprend que des subventions énormes à la construction seront octroyées pour supposément compétitionner les coûts de construction de la Chine. Ces subventions seraient encore plus intéressantes pour RTA que de l’électricité à rabais. C’est tout dire… RTA gagne à tout coup.
Élysis
Elysis est un projet de R&D qui permettrait d’éliminer les GES et qui réduirait les emplois. C’est excellent de réduire les GE, mais il serait fou de continuer à subventionner à coup de milliard de dollars une multinationale étrangère pour des emplois qui ont disparus et qui continuent de disparaître.
La CAQ a accordé 80 M$ à RTA pour Élysis et ce, sans aucune garantie d’implantation au Québec. Élysis pourrait donc être implantée ailleurs dans le monde pour compétitionner les usines du Québec…. De l’incompétence, de la négligence ou de la magouille? RTA ne s’est donc pas gênée pour affirmer qu’Élysis ne serait pas implantée au Québec.
À la suite des levées de boucliers, elle a sorti le grand jeu pour obtenir un bloc supplémentaire de 600 mégawatts en contrepartie d’implanter Élysis au Québec à un prix qu’on devine imbattable puisqu’elle négocie avec l’affairiste Pierre Fitzgibbon. Ensuite la CAQ affirme sans rire qu’il ne reste plus d’électricité disponible pour sortir le gaz et le pétrole et qu’il faut construire de nouveaux barrages pour la transition énergétique. La CAQ se joue de nous. Il faudrait arrêter d’accepter d’être le dindon de la farce!
Martine Ouellet, Cheffe Climat Québec, Ancienne ministre des Ressources naturelles
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