Ça y est, c’est notre destin : il faut produire et dépenser encore plus d’énergie, allant même jusqu’à envisager de nouveau le nucléaire, parce que c’est la seule avenue pour soutenir une croissance économique infinie. Et toute cette énergie sera très verte, évidemment. Comme dans un conte de fées.
Alors qu’ailleurs dans le monde moderne on cherche à limiter les étiquettes vertes trop floues et les informations trompeuses, ici nous encensons l’écoblanchiment. Nous semblons tous heureux d’ouvrir grand la bouche et d’avaler les paroles bien lubrifiées des dirigeants qui nous promettent tellement de développements et de solutions spectaculairement écologiques.
Aujourd’hui, au Québec, tout est vert : le gaz naturel, les autos électriques, l’avion, le train, le tramway, les tunnels, les éoliennes, les exploitations forestières, les mines, les barrages et maintenant, comble du ridicule, l’énergie nucléaire. Tout développement est, selon les promoteurs, systématiquement durable, optimisé pour les générations futures, pratiquement sans impact sur les écosystèmes. Nous devrions tous porter constamment des lunettes de soleil pour ne pas être éblouis par toute cette verdeur.
Pourtant, voyons-nous des résultats de toutes ces actions supposément nobles et protectrices d’environnement? Les eaux du fleuve Saint-Laurent, de nos lacs, rivières et nappes phréatiques sont-elles plus propres? L’air que nous respirons est-il plus pur? La nourriture que nous ingurgitons est-elle plus exempte de polluants? Les forêts sont-elles mieux protégées? Les insectes, oiseaux, poissons, crustacés, amphibiens, mammifères arrêtent-ils enfin de disparaître? Les sites miniers sont-ils convenablement nettoyés? Les déchets nucléaires se sont-ils volatilisés?
Notre société repose actuellement sur l’idée absurde qu’il est possible de croître indéfiniment; pourtant, les graves conséquences de nos ambitions collectives démesurées frappent à nos portes. L’érosion des berges, les phénomènes météorologiques extrêmes, les feux de forêts, les inondations et le déclin des espèces animales et végétales sont là pour en témoigner.
C’est à se demander si nous ne sommes pas nos propres cobayes dans une vaste expérience sur la dégradation vertigineuse de la nature en fonction de la boulimie énergétique humaine. Car l’estimation de la quantité d’énergie produite et consommée constitue la manière la plus fondamentale d’évaluer les effets négatifs de l’activité humaine sur l’environnement. Plus nous produisons et consommons d’énergie, plus nous détruisons nos écosystèmes. Tout simplement.
Mais plutôt que de tenir compte de cette réalité, nos élites, spécialistes des slogans vides de sens, nous montrent fièrement la voie du suicide collectif : il faut absolument produire et consommer toujours plus d’énergie.
Soyons enfin honnêtes : aucune production d’énergie ne peut être verte. Toute domestication d’une nouvelle source d’énergie comporte des impacts négatifs sur l’environnement. Et l’énergie nucléaire est malheureusement celle dont les déchets sont les plus durables et les plus mortels, malgré ce que peuvent en dire ses prophètes. De plus, le nucléaire favorise la prolifération des armes de destruction massive; c’est idiot, n’est-ce pas?
Arrêtons de croire aveuglément que nous pouvons à la fois produire plus d’énergie et sauver la planète. Il s’agit là d’un raisonnement sans aucune logique, promu par les apôtres malhonnêtes de la croissance économique infinie. La seule véritable solution pour protéger l’unique planète qui peut raisonnablement nous héberger est de diminuer notre production et notre consommation totale d’énergie. Et non de cautionner les illusions de l’écoblanchiment énergétique.
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