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par Gilbert Doctorow
Que peut-on attendre d’un gouvernement dirigé par un acteur comique nommé Zelensky ? La réponse à cette question apparaît jour après jour dans la manière dont les forces armées ukrainiennes mènent leur contre-offensive printanière tant attendue : elle est mise en scène par l’équipe des relations publiques qui ne se préoccupe guère de son armée de chair à canon.
Pourquoi est-ce que je dis cela ? Parce que chacun des derniers revers militaires, voire des fiascos purs et simples des opérations militaires, est couvert par des spectacles sensationnels destinés à détourner l’attention du public, à l’intérieur du pays et surtout à l’étranger, de ce qui se passe sur le champ de bataille.
Au cours des deux dernières semaines, Zelensky a subi d’énormes pressions de la part de Washington pour lancer enfin la contre-offensive tant annoncée. Bien qu’il se soit plaint de l’insuffisance du nouveau matériel militaire reçu à ce jour et qu’il ait demandé aux pays de l’OTAN d’accélérer les livraisons de chars et d’avions de chasse F16, le Pentagone insistait sur le fait que les Ukrainiens étaient désormais bien équipés et qu’ils devaient prouver sur le champ de bataille que cet investissement des Américains et des Européens était justifié, qu’ils pouvaient effectivement repousser les Russes et libérer tous les territoires occupés.
Pourtant, sur le champ de bataille, nous n’avons vu que des combats de position et la recherche de points faibles dans les lignes de défense russes. Il n’y avait aucun signe d’une contre-offensive massive jusqu’à il y a un jour. Au lieu de cela, nous avons assisté à des incursions de forces spéciales ukrainiennes, dont on dit qu’il s’agit essentiellement de mercenaires venus de Pologne et d’ailleurs qui ont franchi la frontière entre l’oblast de Kharkov, tenu par les Ukrainiens, et l’oblast voisin de Belgorod, situé en Fédération de Russie. Puis, il y a environ quatre jours, nous avons assisté au début d’une attaque destructrice à l’artillerie et à la roquette sur la ville frontalière de Chebekino, où 400 ou 600 frappes sur des quartiers résidentiels ont été enregistrées sur des périodes de 24 heures. Comme nous le voyons quotidiennement à la télévision russe, toute la population du côté russe de la frontière, de l’autre côté de la ville de Kharkov, est en train d’être évacuée et les médias discutent des raisons pour lesquelles leur gouvernement n’a pas fait davantage pour protéger la frontière et riposter.
Bien entendu, si le Kremlin agissait de la sorte, il tomberait dans le piège de retirer des forces des lignes de front et d’affaiblir la préparation à la contre-offensive de masse qui pourrait encore avoir lieu. Mais il serait plus approprié de voir dans les attaques frontalières sur Belgorod non pas un objectif tactique militaire mais une dimension de relations publiques, pour capter les ondes et détourner l’attention de l’offensive massive encore retardée en fournissant quelques développements hautement photogéniques pour les équipes d’information.
Le sujet numéro un d’Euronews aujourd’hui est la destruction d’une partie de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans la région méridionale de Kherson, d’un côté du fleuve Dniepr, avec pour conséquence que l’eau du réservoir destiné à alimenter la centrale se déverse maintenant de manière incontrôlée dans le Dniepr. Rappelons qu’ici, la rive gauche (occidentale) du Dniepr, avec l’ancienne capitale homonyme de l’oblast de Kherson, est tenue par les Ukrainiens et la rive droite (orientale) par les Russes.
Les menaces pesant sur le grand réservoir de Kakhovka ont été largement évoquées dans les médias locaux et internationaux il y a plus de huit mois, lorsque les Russes ont abandonné la ville de Kherson et retiré toutes leurs forces sur la rive gauche du Dniepr. À l’époque, les Russes avaient déjà anticipé la possibilité d’une rupture du barrage, avec pour conséquence des inondations dangereuses, voire mortelles, en aval. Ils ont retiré la population locale des zones jugées les plus dangereuses. En outre, comme le rappelle CNN, l’arrêt de la centrale hydroélectrique alimentée par l’eau du réservoir pourrait mettre en péril la centrale nucléaire de Zaporijia, qui n’est pas très éloignée et dont les équipements essentiels à son fonctionnement sont alimentés par l’électricité produite par la centrale de Kakhovka. Le danger nucléaire se manifeste donc une fois de plus.
Pourquoi le fonctionnement du réservoir a-t-il été paralysé maintenant et qui en est responsable, les Russes ou les Ukrainiens ? Ce matin, CNN se donne des airs de journalisme objectif en affirmant que les deux parties pointent l’autre du doigt et que nous ne saurons peut-être jamais qui est le coupable. Toutefois, cette feinte objectivité est factice dès le départ.
Pour comprendre sans équivoque qui a libéré le réservoir de Kakhovka pour inonder la région voisine, il faut se tourner vers d’autres nouvelles du jour provenant du champ de bataille et qui, à leur tour, nous dirigent vers le département des relations publiques des forces armées ukrainiennes. L’explosion de Kakhovka était certainement destinée à détourner l’attention des résultats de la première tentative ukrainienne d’attaque massive sur le champ de bataille dans le sud de Donetsk. Selon les rapports russes, leurs propres unités Vostok, avec l’aide de la couverture aérienne et de l’artillerie, ont «détruit» (l’euphémisme actuel pour «massacré») 1500 «effectifs vivants» ukrainiens (l’euphémisme actuel pour «troupes») et détruit 17 chars, dont 7 Leopards allemands, ainsi que des véhicules blindés de transport de troupes et d’autres véhicules et armes de campagne. Il s’agit d’une défaite scandaleuse et d’une perte de vies humaines dans le cadre d’une offensive sans espoir menée uniquement dans le but de soutirer davantage d’argent et d’armes aux sponsors occidentaux du régime de Kiev. Alors que nos médias amplifient les récits d’inondations près de Kakhovka et plus loin en aval, on peut espérer que personne ne remarquera la défaite militaire.
Quelles sont les conséquences pratiques d’une campagne militaire menée par le département des relations publiques ? La réponse est la perte choquante d’hommes en armes ukrainiens. Hier, Robert F. Kennedy Jr., qui fait campagne contre Joe Biden pour l’investiture du Parti démocrate aux élections américaines de 2024, a annoncé publiquement qu’environ 350 000 combattants ukrainiens étaient morts dans la zone de l’opération militaire spéciale de la Russie jusqu’à présent. À en juger par le massacre d’hier lors de la première grande attaque des Ukrainiens dans le sud de l’oblast de Donetsk, le nombre de morts va s’accélérer dans les jours à venir. Y a-t-il des personnes de conscience qui écoutent en Europe ou aux États-Unis ?
source : Gilbert Doctorow
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