L’IHU Méditerranée Infection, fondé par le professeur Didier Raoult, a été perquisitionné ce mercredi, dans le cadre d’une enquête du parquet de Marseille sur des soupçons d’essais cliniques non autorisés.
Une perquisition a été menée ce mercredi à l’IHU Méditerranée Infection, fondé par le professeur Didier Raoult, dans le cadre d’une enquête du parquet de Marseille sur des soupçons d’essais cliniques non autorisés, mais qui ne concerne pas à ce stade le traitement de la covid-19.
L’information judiciaire qui a motivé cette perquisition, révélée par le Journal du dimanche, avait été ouverte en juillet 2022 des chefs de « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine (RIPH) non justifiée par sa prise en charge habituelle sans obtention de l’avis du comité de protection des personnes et de l’autorisation de l’ANSM, faux en écriture et usage (de faux) », a précisé le parquet de Marseille dans un communiqué.
« La justice suit son cours » dans ce dossier
Cette enquête venait d’être étendue, lundi, à quatre autres recherches du même type, notamment pour des faits de « recherche interventionnelle illégale sur mineur ou majeur protégé » et « recherche interventionnelle par personne morale sur une personne sans son consentement conforme », a souligné le parquet.
Elle avait été ouverte après des signalements de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui avait saisi la justice au printemps 2022 après avoir rendu un rapport cinglant confirmant largement des révélations de L’Express et Mediapart.
Dans une enquête portant sur des faits antérieurs à la crise du covid-19 et aux polémiques qui avaient accompagné la promotion par Didier Raoult de l’hydroxychloroquine, l’ANSM y fustigeait de « graves manquements » au sein de l’IHU.
L’Agence évoquait, ainsi, des essais engagés plusieurs fois sans obtenir l’avis obligatoire d’un comité indépendant ni, parfois, le consentement de tous les patients examinés, comme pour des prélèvements rectaux réalisés au début des années 2010 sur des enfants atteints de gastro-entérite sans le consentement de leurs parents.
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Aucune mise en examen n’a eu lieu pour le moment dans cette enquête, avait précisé le parquet de Marseille à l’AFP fin mai. De son côté, le ministre de la Santé François Braun a assuré, ce mercredi au Sénat, que « la justice suit son cours » dans ce dossier, interpellé sur « une inertie des pouvoirs publics » par le sénateur Bernard Jomier (écologiste, apparenté PS).
Et si le professeur Raoult doit sa sulfureuse notoriété à la covid-19, qu’il proposait notamment de traiter grâce à l’hydroxychloroquine, cette enquête visant l’IHU Méditerranée Infection ne concerne toutefois pas « la prise en charge thérapeutique de la tuberculose et de la covid-19 évoquée par la mission d’inspection Igas-IGESR » (Inspections générales des affaires sociales et de l’éducation, du sport et de la recherche). Des faits que cette mission considérait comme « susceptibles » de constituer des « recherches cliniques non autorisées », a rappelé le parquet.
« Une tribune d’imbéciles »
En septembre 2022, le compte rendu accablant de la mission d’inspection Igas-IGESR avait entraîné une nouvelle saisine de la justice par les ministres de la Santé François Braun et de la Recherche Sylvie Retailleau. « Ces faits font l’objet d’une analyse complémentaire en cours par le parquet de Marseille, au regard notamment de récents développements », poursuit du reste le parquet.
Cette perquisition ce mercredi intervient, en effet, trois jours après la publication par seize sociétés savantes de médecine d’une tribune dénonçant l’absence de sanctions face aux traitements proposés par les équipes de l’IHU aux patients atteints de la covid-19, traitements qu’ils qualifient de « plus grand essai thérapeutique « sauvage » connu ». « Il n’y a jamais eu d’essai thérapeutique (…), c’est juste une étude observationnelle », leur a répondu Didier Raoult mardi sur BFMTV, après avoir dénoncé « une tribune d’imbéciles ».
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Dans leur lettre ouverte publiée sur le site du Monde, ces sociétés impliquées dans la recherche reprochent aux équipes de l’IHU Méditerranée Infection « la prescription systématique aux patients atteints de la covid-19 (…) de médicaments aussi variés que l’hydroxychloroquine, le zinc, l’ivermectine ou l’azithromycine (…) sans bases pharmacologiques solides et en l’absence de toute preuve d’efficacité ».
Plus grave, selon elles, ces prescriptions ont été poursuivies « pendant plus d’un an après la démonstration formelle de leur inefficacité ».
Un gigantesque essai clinique illégal ?
Le Pr Raoult, qui avait acquis la célébrité médiatique en tenant des positions aujourd’hui discréditées sur la covid-19, notamment l’efficacité supposée de traitements comme l’hydroxychloroquine, a publié en mars un « pre-print », c’est-à-dire une version non relue par des pairs, de son étude sur plus de 30 000 patients covid.
Le ministre de la Santé a brandi, ce mercredi, la menace de sanctions contre les l’ensemble des signataires de cette étude, dénoncée comme un gigantesque essai clinique illégal. Retraité depuis l’été 2021 de son poste de professeur d’université-praticien hospitalier, Didier Raoult a été remplacé un an plus tard à la tête de l’IHU par Pierre-Edouard Fournier. Désormais professeur émérite, il vient à l’IHU « de temps en temps », selon un porte-parole de l’institution.
Source : Le Télégramme
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