À Douarnenez, huées et gendarmes pour accueillir les croisiéristes [Vidéo] Réservé aux abonnés

Publié par Rodolphe Pochet le 31 mai 2023 à 09h44

Les manifestants sont contenus sur le quai du Grand-Port. (Photo Rodolphe Pochet)

Une nouvelle manifestation s’est tenue, ce mercredi, sur le port du Rosmeur, à Douarnenez (29), face au navire de croisière Silver Cloud. Quarante gendarmes ont fait respecter un arrêté interdisant les rassemblements.

Des huées adressées à des touristes interloqués, des gendarmes bloquant toute une partie des accès portuaires, y compris à la presse, une patrouille maritime guettant d’éventuelles actions sur l’eau, des élus de la majorité et de l’opposition se faisant face, d’un quai à l’autre… Ce sont des scènes surréalistes qui se sont déroulées, ce mercredi matin, sur le port du Rosmeur, à Douarnenez.

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L’arrivée des Irlandais Chris et David (en bleu), encadrée par les gendarmes.

Une cinquantaine de manifestants, venus à l’appel du collectif Sémaphore dire leur hostilité à la venue des passagers du navire de croisière Silver Cloud, se sont retrouvés au petit matin. Une quarantaine de gendarmes des pelotons de surveillance et d’intervention (Psig) de Douarnenez, Quimper, Châteaulin et Quimperlé les attendaient.

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Le Silver Cloud, à Douarnenez, le 31 août 2022. (Le Télégramme/Archives)

C’est que la maire, Jocelyne Poitevin, avait pris, la veille, un arrêté municipal interdisant tout rassemblement sur une partie du port, autour de la jetée du Rosmeur, pour permettre le débarquement des 247 passagers, américains et britanniques, et le départ de leurs cars ou de leur balade vers le centre-ville. Manière d’éviter les débordements d’une précédente manifestation anti-paquebot, le 6 mai, où une partie des touristes à bord du Silver Wind n’avait pas pu débarquer.

« Pas contre le tourisme »

Les opposants se sont réunis sur le quai du Grand-Port, lieu autorisé, accompagnant chaque arrivée de canot pneumatique de cris, de casserolades et de chants hostiles à la municipalité et à ce type de tourisme. Des « cassez-vous ! » ont retenti, causant l’exaspération de Jocelyne Poitevin et d’une bonne partie de son équipe, présents pour s’assurer du bon déroulement des opérations. Hormis une tentative d’approche vite contenue, chacun a campé sur ses positions jusqu’aux alentours de 9 h.

?« Nous ne sommes pas contre le tourisme : il faut bien comprendre que si ce type de croisières perdure à Douarnenez, avec l’impact que l’on sait sur le milieu marin, il n’y aura simplement plus de tourisme du tout à Douarnenez », souligne Ollivier Delbot, conseiller municipal d’opposition figurant parmi les manifestants. Il dénonce l’utilisation par la maire du terme « anti-tout » pour définir ceux qui contestent les escales. « Le rôle d’un responsable politique est d’apaiser les choses, or, elle n’arrête pas de souffler sur les braises », ajoute l’élu du groupe Douarnenez Terre Citoyenne, qui demande des études sur l’impact environnemental de ces navires. Et conteste l’impact positif sur le commerce local : « Ce ne sont pas dix personnes au Port-Musée qui changent la donne ».

« Le dialogue est impossible avec ces personnes qui manifestent, tellement persuadées d’être les seules à détenir la vérité », réplique Jocelyne Poitevin, regrettant de devoir en être arrivée à exiger la présence de la force publique. « Le Parc marin d’Iroise s’est déjà exprimé sur la venue de ces petits bateaux : ces opposants exigent de nouveaux avis jusqu’à ce que cela aille dans leur sens », ajoute-t-elle, précisant que « sept escales par an, avec des navires de 200 passagers, ce n’est pas Marseille ».

Descendant du Silver Cloud, les Irlandais David et Chris Grant disaient ne pas être au courant de la tenue d’une manifestation. « Mais c’est leur droit démocratique, et cela nous offre une scène typiquement française », souriait David. « Je crois, cependant, qu’ils exagèrent. C’est un petit bateau qui arrive, pas les milliers de personnes comme à Venise, et je crois que les commerçants d’une petite ville comme ici sont contents de nous voir », lancera encore le Dublinois, en quête d’une crêperie. Il reprenait la mer à 17 h.

Source : Le Télégramme

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