Chers amis,
Lorsque l’on observe les caractéristiques des différentes zones bleues – ces parties du monde où l’on vit plus longtemps et en meilleure santé que partout ailleurs sur la planète – l’on est surpris à la fois par leur diversité… et leur ressemblance.
Ainsi, il n’y a pas un seul régime universel de longévité : on ne mange pas du tout la même chose à Okinawa au Japon, à Loma Linda au Costa Rica ou dans la région montagneuse de Barbagia, en Sardaigne.
Dans cette dernière, située en Méditerranée, le régime n’est même pas méditerranéen [1] !
Pourtant, tous ces régimes ont de forts points communs : une prééminence écrasante des aliments locaux, une très forte dominance des végétaux, des protéines animales finement choisies, etc.
Un autre point commun, plus sensible à mettre au jour, et pourtant, frappant, est la vie sexuelle très active des séniors dans ces parties du monde.
Siestes crapuleuses
La cinquième et dernière zone bleue officiellement reconnue est l’île d’Ikaria, en Grèce.
Un tiers de la population y a plus de 90 ans, et les centenaires y sont deux fois et demi plus nombreux qu’ailleurs. Et ils sont en excellente santé.
La caractéristique la plus « célèbre » d’Ikaria, d’après les démographes, c’est l’habitude qu’ont ses séniors de faire une longue sieste l’après-midi.
Mais beaucoup de ces siestes sont crapuleuses !
Tout comme une vaste étude avait été menée durant des années à Okinawa pour étudier la population de centenaires de l’archipel, « l’étude d’Ikaria [2] », pilotée par l’université d’Athènes, scrute les raisons de la longévité exceptionnelle de l’île grecque.
Dans le cadre de ces recherches, le Dr Christina Chrysohoou, cardiologue, a observé que 80% des hommes entre 65 et 100 ans faisaient encore régulièrement l’amour, et un quart d’entre eux avec une excellente endurance [3].
Chez les Ikariotes, les ébats amoureux restent une source d’épanouissement, de bien-être et de santé jusqu’à un âge très avancé.
Ce n’est pas la taille qui compte, c’est la fréquence
Le fait que le Dr Chrysohoou recense spécifiquement la régularité des rapports sexuels des hommes n’est pas anodin : la capacité à faire l’amour, chez l’homme, dépend de sa capacité à avoir une érection.
Or, en prenant de l’âge, la dysfonction érectile concerne une part croissante des hommes ; le succès commercial du viagra ne le prouve que trop.
Le problème de la dysfonction érectile dépasse la seule chambre à coucher : c’est généralement un indicateur d’une mauvaise santé cardiovasculaire.
Les artères obstruées qui empêchent le pénis d’entrer en érection, sont souvent l’indice d’une mauvaise irrigation sanguine du cœur et du cerveau.
L’activité sexuelle fréquente et régulière des Ikariotes est donc tout à la fois le signe de leur bonne santé cardiovasculaire, et le moyen de l’entretenir.
On sait en effet depuis plusieurs années que, chez l’homme, une « activité orgasmique fréquente » réduit de 50% le risque de mortalité, toutes causes confondues [4].
Ces ébats réguliers témoignent aussi de la qualité du régime alimentaire de ces Ikariotes, une étude du Massachusetts sur des hommes âgés ayant établi le lien entre étroit dysfonction érectile et un régime trop carné et comprenant des aliments ultra-transformés [5].
En bonne santé sexuelle : en bonne santé tout court
Depuis plusieurs années, des études confirment que rester actif sexuellement contribue à une bonne santé physique et instaure un cercle vertueux, avec des bienfaits indéniables :
- Réduction des risques cardiovasculaires [6]
- Augmentation du taux d’IgA [7], les agents immunitaires qui forment la première ligne de défense contre les agents pathogènes
- Réduction du risque de cancer de la prostate [8] et de celui du sein [9]
- Amélioration des fonctions du vagin et du périnée [10]
- Réduction du stress et de la tension [11]
- Diminution des migraines et de la douleur [12].
Beaucoup de ces bienfaits sont dus à l’ocytocine, la fameuse « hormone de l’amour et de l’attachement », libérée généreusement lors de l’orgasme, ainsi qu’à la dopamine et à la sérotonine, liées au plaisir.
Trois fois par semaine : 10 ans de plus
Le lien général entre sexualité régulière et longévité en bonne santé est confirmé par plusieurs autres observations et études.
Ainsi une autre zone bleue, celle de la péninsule du Costa Rica, se caractérise par le « libertinage » de ses habitants.
« Vous savez, en Amérique latine, nous prenons le mariage très au sérieux », expliquait en 2008 le démographe Luis Rosero-Bixby à Dan Buettner, l’auteur de The Blue Zones, ouvrage de référence sur les zones bleues.
« Si vous vous mariez, la pression est forte pour que vous le restiez toute votre vie. Mais ici (dans la péninsule de Nicoya), les hommes ont une attitude très libérale vis-à-vis du sexe. Ils ont tendance à avoir de nombreuses partenaires sexuelles tout au long de leur vie [13]. »
Les séniors de Nicoya conservent cette particularité tout au long de leur vie, vivant avec, ou côtoyant, les enfants qu’ils ont eus de leurs différentes unions (le fait d’avoir des filles semblant même être un avantage pour l’espérance de vie du père !).
Buettner évoque ainsi le cas de fringants centenaires comme Rafael Angel Leon Leon, qui se décrit comme un « homme à femmes » et ne s’est marié qu’à l’âge de 94 ans avec une Indienne de 40 ans sa cadette.
Cette « sexualité libérale », si elle ne prend pas tout à fait les mêmes aspects qu’à Ikaria, où l’on est plutôt monogame, entre dans le même cercle vertueux : les Nicoyens sont, selon l’aveu même de Buettner, en meilleure forme physique que partout ailleurs.
Un chercheur écossais, David Weeks, a pu établir après l’étude d’une cohorte de 3500 hommes et femmes âgés de 20 à 104 ans, qu’une fréquence de trois rapports sexuels par semaine, soit douze par mois, permettait d’augmenter de dix ans l’espérance de vie [14].
Non content de rallonger la vie, cette fréquence de rapports fait paraître cinq à sept plus jeunes les hommes et les femmes qui s’y tiennent [15] !
Faire l’amour n’est pas seulement donner la vie : c’est aussi la prolonger.
Portez-vous bien,
Rodolphe Bacquet
[1] D. Buettner, The Blue Zones, second edition, National Geographic, 2012, p.37
[2] Demosthenes B. Panagiotakos, Christina Chrysohoou, Gerasimos Siasos, Konstantinos Zisimos, John Skoumas, Christos Pitsavos, Christodoulos Stefanadis, « Sociodemographic and Lifestyle Statistics of Oldest Old People (>80 Years) Living in Ikaria Island: The Ikaria Study », Cardiology Research and Practice, vol. 2011, Article ID 679187, 7 pages, 2011. https://www.hindawi.com/journals/crp/2011/679187/
[3] Andrew Anthony, “The island of long life”, The Guardian, 31 mai 2013, https://www.theguardian.com/world/2013/may/31/ikaria-greece-longevity-secrets-age
[4] Davey Smith, G et al. “Sex and death: are they related? Findings from the Caerphilly Cohort Study.” BMJ (Clinical research ed.) vol. 315,7123 (1997): 1641-4. doi:10.1136/bmj.315.7123.1641 https://www.bmj.com/content/315/7123/1641.abstract
[5] Milton Lakin, “Erectile Dysfunction”, Cleveland Clinic, juin 2018, https://www.clevelandclinicmeded.com/medicalpubs/diseasemanagement/endocrinology/erectile-dysfunction/
[6] Hui Liu, Linda Waite, Shannon Shen, and Donna Wang – Is Sex Good for Your Health? A National Study on Partnered Sexuality and Cardiovascular Risk Among Older Men and Women – J Health Soc Behav. 2016 Sep; 57(3): 276–296. doi: [10.1177/0022146516661597]
[7] Charnetski, C. J., & Brennan, F. X. (2004). Sexual Frequency and Salivary Immunoglobulin A (IgA). Psychological Reports, 94(3), 839–844. https://doi.org/10.2466/pr0.94.3.839-844
[8] Jennifer R. Rider, Kathryn M. Wilson, Jennifer A. Sinnott, Rachel S. Kelly, Lorelei A. Mucci, Edward L. Giovannucci – Ejaculation Frequency and Risk of Prostate Cancer: Updated Results with an Additional Decade of Follow-up – DOI: https://doi.org/10.1016/j.eururo.2016.03.027
[9] Le MG, Bachelot A, Hill C.Characteristics of reproductive life and risk of breast cancer in a case‐control study of young nulliparous women. J Clin Epidemiol1989;42:1227–33
[10] Levin RJ. Do women gain anything from coitus apart from pregnancy? Changes in the human female genital tract activated by coitus. J Sex Marital Ther 2003;29:59–69.
[11] Brody S. Blood pressure reactivity to stress is better for people who recently had penile-vaginal intercourse than for people who had other or no sexual activity. Biological Psychology, 2006;71:214-22.
[12] Whipple B, Komisaruk BR. Analgesia produced in women by genital self‐stimulation. J Sex Res 1988;24:130–40.
[13] D. Buettner, the Blue Zones, op. cit., p.179
[14] Mélina Gazsi, “Faire souvent l’amour permet aussi de rallonger son espérance de vie”, Le Monde, septembre 2011, https://www.lemonde.fr/vous/article/2011/09/02/faire-souvent-l-amour-permet-aussi-de-rallonger-son-esperance-de-vie_1566858_3238.html
[15] Fiona Macrae, “How lots of lovemaking makes you look up to seven years younger than your actual age”, Daily Mail, 5 juillet 2013, https://www.dailymail.co.uk/health/article-2356548/How-lots-lovemaking-makes-look-seven-years-younger-actual-age.h
Source : La Lettre alternatif bien être
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