Un texte de Myriam Lefebvre
À l’évocation du mot «vacances», il y a comme une fête dans ma tête. La vie, dans tout ce qu’elle a de bon et de savoureux, semble s’offrir à moi dans une multitude de possibilités. Cela a quelque chose de grisant, de vivifiant.
Mais dans les faits, quand vient le temps de planifier mes vacances, je me mets en mode évitement. Me mobiliser pour les organiser sérieusement devient une tâche d’une lourdeur… À la fin de mes journées bien chargées, m’assoir devant mon ordinateur pour explorer concrètement les avenues qui s’offrent à notre famille m’horripile. Monastère, pays lointain, grande ville, bord de mer, fin fond de la forêt, chalet, camping ou confort de la maison sont autant d’options invitantes dans lesquelles je peine à me projeter plusieurs mois à l’avance.
Chez nous, c’est depuis janvier qu’on aborde le sujet des vacances. «Bon, là, faut décider ce qu’on fait cet été!» «C’est vrai! Faut qu’on en parle…» Et on laisse le sujet en suspens, remettant indéfiniment cette tâche qui nous rebute. Plus les semaines et les mois passent, plus on se répète ces deux phrases avec une escalade d’impératifs et d’urgence: «Chéri, les vacances… On est vraiment, vraiment en retard. Faut qu’on règle ça en fin de semaine!» Après des dizaines de tentatives échouées d’entrer dans le vif du sujet, on lance des hypothèses parfois aussi saugrenues qu’improbables:
«On pourrait aller en France, au Jesus Festival?» «Ou à New York?» «À Toronto?» «Pourquoi pas à Vancouver?» «On s’achète une roulotte?»
L’esprit en ébullition à brasser tous les possibles et les impossibles, je me suis posé la question: qu’est-ce que j’attends des vacances? Qu’est-ce qui fera que, pour ma famille et moi, ces vacances seront réussies, mémorables?
Un repos qui nourrit
J’attends des vacances le pain quotidien. Le pain qui nourrit profondément l’âme. Le pain qui me nourrira jusqu’en plein mois de mars, alors que le manque de soleil et le gris du paysage détrempé me feront rêver de mes prochaines vacances. Pour moi, ce pain n’est pas le fruit de sensations fortes ou d’un flot d’activités, de petits ou de grands luxes. Les petites choses de la vie suffisent et me nourrissent. Regarder un coucher de soleil en famille, apercevoir ce qui est rare, même si c’est furtif – comme ce renard aperçu sur la plage – mais qui me laisse présager l’Infiniment grand. La beauté de la création me nourrit profondément. J’attends cette reconnexion avec la nature, avec moi-même. M’extraire du quotidien pour me réinventer, me laisser surprendre, régénérer.
Prendre le temps d’être… avec sa famille, avec soi, avec le monde. En communion.
Nul besoin d’attendre les vacances pour gouter ce pain, me direz-vous? Vous avez raison.
Mais si les vacances étaient un moment privilégié pour redécouvrir ce pain quotidien qui nous est offert chaque jour et le savourer dans la gratitude? Cela peut se faire chez soi comme au bout du monde. Pour ma part, un tout petit dépaysement, rien de bien grand, me propulse dans l’émerveillement, le renouveau.
Nous sommes en mai. J’ai enfin pris ma décision. Cette année, ce ne sera pas la France ou New York. Ce sera notre beau petit coin de pays: le Québec. Nous irons découvrir le Lac-Saint-Jean.
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Source : Lire l'article complet par Le Verbe
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