RÉPLIQUE À MICHEL PAILLÉ – RÉPONSE AUX PRINCIPAUX ARGUMENTS
1. MISE EN CONTEXTE
Les critiques de Michel Paillé concernant mes travaux de démographie ne m’ont franchement pas impressionné. Il a d’abord critiqué mes travaux sur son blogue (Paillé, 2021), puis à l’ACFAS en 2022 (Paillé, 2022a), puis dans la revue «Recherches Sociographiques» en 2022 (Paillé, 2022b), dans Le Devoir en 2023 (Paillé, 2023a) puis sur Vigile (Paillé, 2023b). Dire qu’il n’aime pas mes travaux serait un euphémisme. Le démographe se déshonore en offrant au lecteur une critique médiocre qui provient probablement d’une lecture bâclée de mon étude publiée dans la revue «Nations and Nationalism». Je n’écris pas ces mots à la légère puisque j’exposerai les lacunes flagrantes de sa critique dans cet article.
À titre de rappel, j’ai publié dans la revue scientifique britannique «Nations and Nationalism» (Gaudreault, 2020a) mes travaux de démographie montrant que l’ascendance française dans la population québécoise qui était de 79% en 1971 chutera à moins de 50% en 2042 sous l’effet de l’immigration de masse. Pour un résumé de mes travaux, vous pouvez lire l’article que j’ai écrit dans «l’Action Nationale» en 2020 (Gaudreault, 2020b).
Dans une lettre publiée dans le Devoir en mai 2023 et dans une réplique soumise à «Recherches Sociographiques» au printemps 2023, je réponds à Michel Paillé sur le fond de sa critique. Pour des contraintes de longueur, maximum de 800 mots dans les deux cas, il m’était impossible de répondre point par point aux principaux arguments de cette critique.
L’objectif de ce document est donc de répondre directement aux principaux arguments de Michel Paillé publiés dans la revue «Recherches Sociographique».
2. RÉPLIQUE SUR LE FOND DE LA CRITIQUE
Pour ceux qui n’auraient pas lu ma réplique publiée dans le Devoir en mai 2023 (Gaudreault, 2023) ou encore celle que j’ai soumise à «Recherches Sociographiques» au printemps 2023, je ferai d’abord un bref rappel de mes arguments qui répondent au fond des arguments de la critique de Paillé. En bref, Paillé cherche à discréditer mes travaux en affirmant premièrement que mes projections seraient erronées pour deuxièmement invalider mes conclusions sur le déclin de l’ascendance française au Québec. Je vais donc répondre sur le fond en deux temps.
2.1. Des projections erronées ?
Dans mon article publié en 2020, j’ai clairement démontré que mes projections étaient en phase avec les données historiques et les projections de Statistique Canada. Pour les projections qui concernent l’horizon de 1971 à 2014, j’obtiens une population de 8 208 000 pour le Québec en 2014 alors que Statistique Canada estime la population à 8 214 000 en cette même année (Statistique Canada, 2022a). L’erreur serait donc de 0.8% ce qui est négligeable concernant un horizon de projection de 43 ans. J’en parle au deuxième paragraphe de la section 3.1 de mon article paru en 2020 (Gaudreault, 2020a).
Ensuite, pour les projections concernant l’horizon 2014 à 2050, j’obtiens une population de 9 200 000 habitants pour la province québécoise en 2036 alors que Statistique Canada prévoit une population qui sera dans une fourchette allant de 8 800 000 à 10 300 000 habitants (Statistique Canada, 2022a). J’en parle au troisième paragraphe de la section 3.2 de mon article paru en 2020 (Gaudreault, 2020) en faisant référence à des projections publiées par Statistique Canada en 2010.
Bref, en ce qui concerne la projection de la population québécoise pour l’horizon 1971 à 2050, mes résultats sont en phase avec les données historiques et les projections de Statistique Canada.
2.2. Des prédictions sur le déclin de l’ascendance française qui serait invraisemblable ?
Statistique Canada a publié en septembre 2022 des projections pour l’horizon 2016 à 2041 qui démontrent que la population immigrante de 1re et 2e génération passe de 23.8% à 38% de la population québécoise durant cette période, soit un gain de 14.2% (Statistique Canada, 2022b). En même temps, le pourcentage de minorité visible passe de 12.8 à 26.6% dans la province, un gain de 13.8%. De mon côté mes projections montrent que l’ascendance française passera de 63.8% à 50.8% durant le même intervalle, soit un déclin de 13.0%. Le déclin de l’ascendance française en pourcentage de la population québécoise est donc similaire à l’augmentation du poids démographique québécois d’origine immigrée et même, étonnamment, à la croissance du poids démographique des minorités visibles.
Bref, en ce qui concerne le déclin de l’ascendance française, il est juste de dire que l’ascendance française dans la population québécoise se dirige rapidement vers un statut minoritaire.
3. RÉPONSES AUX PRINCIPAUX ARGUMENTS
La critique de Michel Paillé s’articule autour de quatre grands axes. Premièrement, il suppose que les volumes d’immigration que j’ai considérée pour l’horizon 1971 à 2014 seraient erronés. Puis, il tente d’invalider une de mes conclusions étant que les seuils migratoires ont plus d’impact que la fécondité sur le phénomène de déclin de l’ascendance française. Ensuite, il affirme que mes travaux ne seraient basés que sur une seule projection. Et finalement, il sous-entend que je ne serais pas qualifié pour entreprendre des travaux de démographie.
3.1 Les volumes d’immigration considérés pour la plage 1971 à 2014 seraient erronés?
Le cœur de la critique de Paillé repose sur la présomption que j’aurais projeté l’immigration de 1971 à 2014 en utilisant une formule mathématique ce qui est entièrement faux. Il est clairement mentionné dans mon article (section 2.2, paragraphe #2; section 2.3.4, paragraphe #1) que l’immigration pour la plage 1971 à 2014 de mes travaux provient des tables de Statistique Canada et non pas d’une formule (Statistique Canada, 2015). En d’autres mots, les volumes d’immigrations que j’ai utilisés proviennent de données historiques de Statistique Canada et non de projections.
C’est pour la plage 2014 à 2050 que je calcule l’immigration en proportion de la population québécoise en utilisant une formule provenant d’une régression linéaire simple basée sur les données historiques. Pour projeter l’immigration future, on peut soit utiliser des taux fixes ou y aller au prorata de la population. D’ailleurs, puisque le Canada augmente ses seuils migratoires année après année, certains statisticiens de Statistique Canada préfèrent projeter l’immigration en proportion de la population (Statistique Canada, 2010). J’ai donc décidé de projeter l’immigration de 2014 à 2050 au prorata de la population en me basant sur les données historiques.
Ainsi, c’est tout un pan de la critique de Paillé qui tombe à l’eau et ce sont ses arguments les plus forts qui s’en trouvent invalidés. Le chapitre de son article qui s’intitule « LE TALON D’ACHILLE : LA RÉTROPROJECTION » est caduque puisque le démographe a comparé les volumes d’immigration historiques (1971 à 2014) à une formule que j’ai utilisée pour calculer l’immigration future. Dans la note de bas de page numéro 11, Paillé rend explicite la futilité des chiffres qu’il compare pour la plage 1971 à 2014 :
Ainsi, pour chacune des années (x) de la projection, le nombre d’IAD cumulés (y) se calcule par la polynomiale y = 0,0101×2 + 0,0767x – 0,0955. Cette polynomiale s’est avérée très utile dans nos calculs (Paillé, 2022).
Bref, les arguments de Paillé concernant l’immigration de 1971 à 2014 n’ont aucune valeur, car ils sont basés sur une interprétation erronée.
3.2 L’effet de la fécondité aurait plus d’importance que les seuils migratoires?
L’une des conclusions de mes travaux est que les seuils migratoires sont si élevés que même une hausse significative de notre fécondité ne freinerait pas de manière significative le déclin de l’ascendance française dans la population. Paillé s’attaque à cette conclusion en changeant l’énoncé du problème. Au lieu d’articuler sa réponse autour du déclin de l’ascendance française, Paillé l’articule autour du renouvellement de la population québécoise. Ainsi, en se basant sur les données de l’ISQ (Institut de la Statistique), il explique que les naissances devraient permettre fournir entre 60 à 66% des individus (naissances plus immigrants) qui sont ajoutés à la population québécoise annuellement. C’est ainsi que Paillé « démontre » que l’effet de la fécondité est plus important que l’effet de l’immigration.
À preuve, certains résultats provenant de projections réalisées par l’ISQ (2019) :
• Le « scénario de référence » suppose un ISF égal à 1,6 enfant par femme, et une immigration de 55 000 personnes par année à partir de 2026. Or, l’importance relative des naissances devrait augmenter de 60 % à 66 % entre 2031 et 2046 avant de se stabiliser pour au moins 20 ans.
• Advenant une baisse de la fécondité jusqu’à 1,45 enfant et une immigration de 40 000 à partir de 2019, l’importance des naissances augmenterait jusqu’à 71,2 % d’ici 2043; elle diminuerait ensuite jusqu’à 68 % en 2065.
• Une augmentation de l’ISF jusqu’à un niveau jamais atteint depuis 1976, soit 1,75 enfant, concurremment à une hausse record de l’immigration jusqu’à 70 000 immigrants par année dès 2026, ferait augmenter de plus de cinq points l’importance des naissances pendant 40 ans, soit de 60,6 % en 2026 à 65,9 % en 2065.
Bref, les résultats de ces trois scénarios de l’ISQ montrent, contrairement aux prétentions de Charles Gaudreault, une nette supériorité de la fécondité sur l’immigration (Paillé, 2023).
Oui, l’effet de la fécondité est significatif, même majoritaire, en ce qui concerne l’addition de nouveaux individus à la population québécoise, mais c’est loin d’être le cas en ce qui concerne le déclin de l’ascendance française.
Voici un exemple simple et rapide. Supposons que pour un territoire donné il existe une population autochtone en croissance stationnaire (naissance – mortalité = 0) de 5 000 000 d’habitants. Supposons maintenant que cette population autochtone accueille 50 000 immigrants par an et que ceux-ci soient également en croissance stationnaire (naissance – mortalité = 0). Après 100 ans, nous obtenons une population totale de 5 000 000 + 50 000 X 100 = 10 000 000 d’habitants. On comprend que dans cette population, l’ascendance de la population autochtone passe de 100% de la population à 50% en l’espace de 100 ans. Dans cet exemple, la fécondité est le facteur majeur du renouvellement de la population alors qu’en même temps, l’ascendance autochtone décline rapidement.
Pour revenir à l’exemple québécois, la population d’ascendance française est de 4 759 000 en 1971 selon le recensement. Dès 1971, la fécondité de la population québécoise bascule sous le seuil de renouvellement; en d’autres mots, à long terme, les naissances ne pourront pas compenser les décès. Considérant des seuils migratoires qui tournent autour de 50 000 immigrants par an pour la dernière décennie et la pression exercée pour hausser ces seuils, il est d’une évidence que la fécondité ne pourra pas freiner le déclin engendré par l’application de seuils migratoires élevés.
Bref, les arguments de Paillé concernant la fécondité sont non pertinents, car ils ne concernent pas le déclin de l’ascendance française.
3.3. Mes travaux ne seraient basés que sur une seule projection?
À plusieurs reprises, Paillé stipule que mes travaux ne reposeraient que sur une seule projection. Or, s’il était commun dans le passé de construire deux ou trois scénarios basés sur différents jeux d’hypothèses, les outils informatiques d’aujourd’hui permettre de réaliser une infinité de projections sans effort en faisait varier les différents facteurs (fécondité, mortalité, etc.) à notre guise.
Ainsi, au lieu de publier deux ou trois scénarios dont les paramètres auraient été fixés dès le départ, j’ai choisi de présenter dans le détail un scénario avec un jeu d’hypothèses moyennes pour ensuite présenter brièvement l’effet d’une multitude de scénarios alternatifs sur l’année auquelle l’ascendance française passerait sous la barre des 50%. Mes travaux présentent donc une analyse de sensibilité qui permet de mesurer l’impact de chacune des hypothèses sur l’année où l’ascendance française devient minoritaire au Québec. J’ai ainsi analysé l’effet de trois seuils de fécondité pour les femmes nées au Canada, trois seuils de fécondité pour les femmes nées hors Canada, de quatre seuils migratoires, de trois niveaux de rétention des immigrants. Les résultats de cette analyse, provenant de 13 projections, sont reproduits ci-dessous.
De plus, dans le but de mieux comprendre l’interaction entre fécondité et seuil migratoire, j’ai réalisé 45 projections avec différents seuils migratoires (9 niveaux) et niveaux de fécondité (5 niveaux). Le résultat des projections est reproduit ci-dessous.
Bref, Michel Paillé a tort d’affirmer que mes travaux ne reposent que sur une seule projection. J’y présente les résultats de 59 projections en focalisant sur un scénario de référence.
3.4. La démographie serait un champ de compétence exclusif aux démographes?
D’entrée de jeux, Paillé débute sa critique en attaquant ma crédibilité. Puisque je ne suis pas formé stricto sensu en démographie, mais plutôt en ingénierie, il sous-entend de manière non subtile et à plusieurs reprises que je ne serais pas qualifié pour exercer la démographie. Paillé affirme ceci :
M. Charles Gaudreault a beaucoup publié ces dernières années. En témoigne le site Internet «Vigile.quebec », qui donne accès à plusieurs de ses articles provenant de divers médias. Or, aucune de ces publications n’a un lien quelconque avec le « génie des procédés » qu’il a étudié à l’Université de Sherbrooke, ou avec ses fonctions actuelles chez H2O Innovation, une société offrant des solutions de traitement de l’eau.
La démographie, particulièrement la réalisation de projections, n’est rien d’autre qu’une discipline fondée sur l’application des mathématiques. C’est donc un domaine accessible aux mathématiciens, ingénieurs, économistes et autres universitaires possédant de bonnes bases en mathématiques. Je rappellerai que le père de la démographie québécois, Jacques Henripin, était formé en économie.
Je citerai Thomas K. Burch, professeur de démographie à l’université de Victoria en Colombie-Britannique (Burch, 2017) qui mentionne que plusieurs apports importants à l’art de la démographie proviennent de chercheurs formés à l’extérieur de la discipline, comme les ingénieurs par exemple :
The mathematics required for entry into or completion of advanced degree programs in demography frequently has not been very advanced. In my experience at Princeton in the late 1950s, there were no special mathematical requirements for admission to the demography program as a Ph.D. student in sociology. And, one was not required to learn more mathematics to qualify for the degree. I believe the situation was and is similar at many North American university centers for graduate training in demography. The average demography Ph.D. knows less mathematics than the average upper-class undergraduate in engineering, physics, chemistry, and, increasingly, biology and other life sciences.
Since demography has not routinely trained demographers in mathematics, it has relied heavily for its development on persons trained outside the discipline – biology and mathematics (Lotka, Cohen), engineering (Henry, Bongaarts, Willekens, Rogers), physics and economics (Coale), mathematics and statistics (Keyfitz, Wachter) – to give a few examples that come readily to mind. The result has been a large intellectual gap between the average demographer and these specialists, whose work often has been viewed as esoteric by nonmathematical demographers.
Bref, Paillé n’a aucune raison valable de sous-entendre que la démographie doit être un champ de compétence réservé aux démographes.
4. MISE EN PERSPECTIVE
Mes travaux n’ont rien d’original, d’étonnant ou d’alarmiste. Les tendances que je présente ont déjà été étudiées par Jacques Henripin, fondateur de la démographie québécoise, dans ses articles publiés en 1986-87 (Henripin et Pelletier, 1986; Henripin et Pelletier, 1987). J’en résume les principales conclusions dans un texte publié dans le Journal de Montréal (Gaudreault, 2021). À la différence d’Henripin, j’analyse le sujet plus en profondeur avec des outils informatiques qui n’étaient pas disponibles à son époque et j’utilise une masse de données de qualité provenant de Statistique Canada qui n’était également pas à la portée du démographe émérite.
Au risque de répéter ce que j’ai déjà écrit ailleurs, le phénomène du déclin démographique des majorités historiques en lien avec l’immigration de masse est un phénomène mondial. Citons les études du professeur émérite de démographie David Coleman, qui démontrent que les Britanniques blancs glisseront sous les 56 % en 2056 (Coleman, 2010) ou encore le bureau américain du recensement (Ortman et Guarneri 2009) dont les projections suggèrent que les blancs non hispaniques seront minoritaires en l’an 2050, aux États-Unis. Plus près de nous, Statistique Canada prévoit que les immigrants de 1re et 2e génération formeront entre 44,2 et 49,7 % de la population canadienne en 2036 (Morency et al, 2017). Les démographes de Statistique Canada prévoient également que les Canadiens de l’an 2106 auront entre 12 et 38 % de leur ascendance qui proviendra des Canadiens de 2006 (Dion et al, 2015). Ainsi la grande majorité de la population canadienne de 2106 sera composée d’immigrants et de leurs descendants arrivés après 2006. Pour donner une perspective, les seuils migratoires du Québec, au prorata de sa population, se trouvent entre ceux du Canada (plus élevés) et ceux des États-Unis (plus bas).
Pour des fins de comparaison, j’ai pris soins de reproduire la tendance américaine (selon Smith & Edmonston pour 1950 à 2010 et Ortman, J. M., & Guarneri pour 2010 à 2050), britannique (selon David Coleman) et québécoise (selon mes projections) dans la figure ci-bas. Vous constaterez ainsi que le cas du Québec n’est pas unique. Le déclin des majorités historique est observé en Europe de l’Ouest, au Canada, aux États-Unis et en Australie.
5. AUTOCRITIQUE
Les années de recul me permettent d’être plus critique face à mes travaux. Si au départ je désirais mesurer l’évolution du poids démographique de l’ethnie canadienne-française dans la population québécoise, je constate que factuellement, j’ai mesuré l’évolution de l’ascendance française (datant surtout de l’époque de la colonisation) dans la population québécoise. Ceci est une nuance importante, car la notion d’ethnicité est floue et difficilement compatible avec une approche mathématique rigoureuse, mais rigide. C’est ainsi qu’au cours des ans, j’ai cessé de faire référence à l’ethnie canadienne-française en parlant de mes travaux; je parle d’ascendance française pour être en cohérence avec la méthodologie que j’ai utilisée.
6. EN CONCLUSION
J’aimerais terminer en soulevant le problème fondamental de mes détracteurs. Si ceux-ci étaient capables de réfuter directement mes conclusions, il ne leur suffirait que de publier des projections démographiques montrant l’évolution de l’ascendance française dans la population québécoise pour le 21e siècle pour démontrer que l’ascendance française restera majoritaire. Je crois qu’au fond, par réflexe antiraciste, mes détracteurs refusent de mesurer l’ascendance française dans la population. Ce réflexe antiraciste est bien présent chez les démographes français qui refusent obstinément de toucher à ce qu’ils appellent « la démographie ethnique » alors que leurs pairs du côté anglo-saxon produiront des projections raciales sans gêne. Je crois que plusieurs démographes québécois souffrent du même blocage que leurs homologues français; c’est bien dommage, car si la démographie est le destin, comme l’affirmait le sociologue Auguste Comte, il serait souhaitable que les Québécois aient l’heure juste en cette matière.
Charles Gaudreault
Ingénieur, M.Sc.A.
RÉFÉRENCES
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Morency, Jean-Dominique, Malenfant et E.C., MacIsaac, S. (2017). Immigration and diversity: Population projections for Canada and its regions 2011 to 2036, Statistics Canada
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Paillé, Michel (2021). Recherchant un électrochoc, un ‘plombier’ se fait ‘électricien’, blogue personnel de Michel Paillé
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Statistique Canada (2022b). Tableau 17-10-0146-01 Population projetée selon le groupe racisé, le statut des générations, et certaines caractéristiques sélectionnées (x 1 000), table triée selon l’origine ethnoculturelle et immigrante pour le Québec
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