par Djamal Yalaoui
« Nous autres, civilisations, savons que nous sommes mortelles. » (Paul Valéry)
L’ancien Premier ministre Pakistanais, Imran Khan, a été arrêté le mardi 9 mai 2023 pendant sa comparution devant un tribunal d’Islamabad pour répondre d’accusations de corruption (un délit fourre-tout : « quand on veut se débarrasser de son chien on l’accuse d’avoir la rage »). Une vidéo diffusée sur des chaines de télévisions locales montre, Imran Khan, poussé par des dizaines de Rangers dans une voitures blindée, située à l’intérieur des locaux de la Haute Cour d’Islamabad.
Ali Bukhari, un avocat du P.T.I (Pakistan Tehrik-ee-Insaf) le parti de Imran Khan a déclaré : « Au moment où nous arrivions dans la salle de contrôle biométrique de la cour pour noter les présences, des dizaines de rangers nous ont attaqué. Ils l’ont battu et l’ont trainé dehors ». Une mesure qui a provoqué des manifestations du nord au sud et à l’est du Pakistan. Peu de doutes sur le fait que la situation va se tendre. En effet, à Rawalpindi, ville garnison près d’Islamabad, des manifestants ont pris d’assaut la résidence du commandant du corps d’armée pour exprimer leur colère contre l’institution militaire. Le bâtiment de la radio officielle de l’État, Radio Pakistan, a été incendié.
Âgé de 70 ans, Imran Khan, est visé par plusieurs affaires judiciaires depuis son éviction de ses fonctions de chef de gouvernement. Il avait réussi jusqu’ici à déjouer, différentes tentatives d’arrestation.
Que se cache-t-il, en réalité, derrière cette affaire où l’on retrouve la même méthode utilisée à l’égard du Lula (Brésil), Trump (États-Unis), Fillon (France)… ?
Cette affaire sent, fortement, le hamburger et le Coca-Cola. En effet, quand on regarde une carte, on observe que les États-Unis ont un besoin urgent d’un proxit en Asie, à la suite de la fin de non-recevoir de l’Inde et de l’Arabie saoudite de sanctionner la Russie.
Le Pakistan est un pays stratégiquement important à proximité de la Chine, de l’Iran, de la Russie, de l’Inde. À l’heure de la montée en puissance des BRICS, de la mise en place de la nouvelle route de la soie, alors que l’Italie vient de signer des accords commerciaux avec les Chinois, voilà que le Pakistan est comme par hasard déstabilisé.
Revenons sur le parcours de Imran Khan pour mieux éclairer et donc appréhender le contexte global dans lequel s’inscrivent, les événements en cours.
Imran Khan est arrivé au pouvoir en 2018 en mêlant promesse de réformes sociales, conservatisme religieux et lutte contre la corruption. Il avait un programme de centre gauche avec des mesures sociales en faveur du peuple.
Sa popularité repose sur de nombreux facteurs.
Tout d’abord sa victoire à la coupe du monde de cricket de 1992 (sport le plus populaire au Pakistan), son charisme, ses talents d’orateur et sa double culture pendjabi-pachtoune mâtinée de culture britannique (il a fait ses études à Oxford et sa 1ère était anglaise). Surtout, Imran Khan, a voulu faire table rase de l’establishment pakistanais sclérosé, hérité de l’indépendance, et squatté par le P.M.L des Sharif et le P.P.P des Butto avec l’armée et l’I.S.I (services secrets pakistanais) comme arbitres.
La dénonciation de la corruption et la création d’un « nouveau Pakistan » ont été au cœur de ses campagnes. Le vote pakistanais est surtout ethnique : les Pandjabis votent P.M.L, les Hindis votent P.P.P, les Pachtounes votent A.N.P et les Mohajirs votent M.Q.M.
Il a réussi le tour de force de transcender le vote, majoritairement, ethnique et de faire consensus dans toutes les provinces et parmi toutes les générations.
Le 9 avril 2022, Imran Khan, a été renversée par une motion de censure. La motion de censure a été approuvée par 174 des 342 députés. Son successeur à la tête de cette république islamique de 220 millions d’habitants, dotée de l’arme nucléaire, est Shehbaz Sharif, le leader de la Ligue musulmane du Pakistan (P.M.L-N).
Les médias occidentaux, Means Stream, l’ont accusé de complaisance envers les extrêmes, ses liens avec Washington et les pays européens se sont distendu, notamment, sous l’effet de ses campagnes contre l’islamophobie, déguisé selon lui sous les traits de l’hypocrite liberté d’expression. Islamabad s’est encore plus rapproché de la Chine ; et sa visite le jour même du déclenchement de la guerre en Ukraine lui a valu de nombreuses moqueries de l’Occident global, des menaces américaines et la décision de le démettre. Imran Khan a aussi suscité l’indignation des organisations féministes en établissant, plusieurs fois, le lien entre le viol et la manière de s’habiller des femmes (sa dernière épouse porte le voile).
Le Pakistan est multireligieux et la liberté de culte est garantie par la constitution, même si les dix années au pouvoir de Zia Ul-ttaq (1978-1988) ont changé beaucoup de choses. Par exemple, symboliquement, l’expression « ourdou Allah hafiz » (au revoir) a remplacé le traditionnel « Khoda hafiz » : on remerciera à cette occasion les Saoudiens et les Étasuniens !
Imran Khan n’est pas forcément pro-russe (ni contre, d’ailleurs) mais un responsable politique qui défend la souveraineté du Pakistan et son indépendance diplomatique alors que ses prédécesseurs ont toujours été soumis, bon gré mal gré, aux intérêts des États-Unis…Ces derniers ont peu apprécié son positionnement géostratégique !
Imran Khan s’est rapproché des Chinois pour des raisons économiques (la construction de la route Kashgar-Khundjerab-Gwadar permettant le transit des marchandises chinoises du Karakoram jusqu’à la mer d’Arabie) et militaire (contre la menace indienne).
Pour la motion de censure, il est difficile de savoir ce qui s’est vraiment passé. Imran Khan a perdu sa majorité car un des partis a quitté l’alliance qu’il formait avec le P.T.I. Des députés ont certainement été achetés. Quelques jours avant le vote, Imran Khan avait affirmé détenir des lettres de menaces émanant de l’ambassade des États-Unis ainsi que des preuves d’un « complot » ourdie contre lui. Évidemment, le nouveau pouvoir en place et la cour suprême ont démenti. On peut difficilement balayer le pouvoir profond en seulement quatre ans, Trump en a fait les frais !
Finalement, c’est l’armée et l’I.S.I qui mènent la danse du pouvoir pakistanais avec l’oncle SAMuel en embuscade.
Imran Khan a été renversé par un coup d’État libéral-islamiste soutenu par les Yankees, parce qu’il a soutenu trop ouvertement la Russie dans sa guerre contre l’hégémonie occidentale.
Imran Khan pointe du doigt l’opposition, l’I.S.I et l’armée car il a accusé le général-major Faisal Naseer d’être à l’origine de la tentative d’assassinat contre lui en novembre 2022 (il fût blessé et il y a eu plusieurs morts). Imran Khan a tenté de lever l’état-major contre Faisal Naseer (désormais chef de l’I.S.I) en vain, alors même que l’armée l’avait aidé à se faire élire quelques années, auparavant. L’armée soutien le camp qui lui graisse la patte : ce que l’armée donne, l’armée le reprend au Pakistan !
En l’occuence, en ce moment, nous avons plutôt les « anglo-saxons talmudistes » à la manœuvre pour contrebalancer la perte de l’Afghanistan (et bientôt de l’Inde ?).
Les États-Unis ont fait pression pour que le Pakistan vende certains de ses stocks de munitions de l’ère soviétique à l’Ukraine. Évidemment, cette rumeur n’a jamais été officialisée ni même démentie !
Le deep state essaye d’éliminer tous les nationalistes authentiques, en Asie, notamment. Les mondialistes ont réussi a éliminer le Premierer ministre japonais Shinzo Abe (mort dans un attentat)… Désormais, c’est une double tentative sur Imran Khan. C’est curieux tous ces chefs d’État « antiaméricains » qu’on essaye de tuer ou qu’on tue !
Difficile de savoir si le nouveau gouvernement de Shebaz Sharif est pro-BRICS ou pas. Mais il ne condamne toujours pas la Russie, collabore étroitement avec les talibans Afghans, sourit à l’Occident, est resté membre de l’O.C.S (Organisation du Commerce de Shangaï) et il continu à tendre les bras à la Chine qui en retour investi, massivement, dans les infrastructures du pays et reste le principal bailleur de fonds du Pakistan.
Tout cela explique pourquoi les otaniens ont intérêt à pousser le Pakistan vers la faillite.
De surcroît, le Pakistan ne reconnait toujours pas l’État d’Israël et n’a pas l’intention de le faire dans un avenir proche. Un tampon de l’entité sioniste sur un passeport est rédhibitoire pour obtenir un visa ! Évidemment, un gouvernement pro-américain au Pakistan est, toujours, moins préjudiciable pour Israël qu’un gouvernement moins aligné.
Au total, Imran Khan a suivi une démarche « trumpienne » : vouloir balayer l’establishment pakistanais, hérité de la colonisation, qui contrôle le pays depuis 1947. Il en paie, aujourd’hui, les conséquences mais n’en est pas fini pour autant.
Quant aux anglo-saxons ils sont activement à la manœuvre pour déstabiliser tout pays qui aurait l’outrecuidance de s’opposer à l’OTAN !
Ainsi va la marche l’Occident global, tel un canard sans tête continuant à voler, et se drapant dans l’illusion de ce qu’ils nomment le « Nouvel Ordre Mondial » et qui n’est que la continuation du monde actuel !
Le Vrai nouveau monde est, déjà, en train de naître.
Il se voit dans la volonté de plus en plus de dirigeants du monde d’abandonner le dollar et l’euro. Il se voit dans l’impuissance de l’Occident global face au savoir-faire militaire russe. Il se voit dans les sanctions et les politiques sanitairo-totalitaires, qui se retournent contre l’Occident lui-même. Il se voit par les mesures prises par les États-Unis contre la Chine, alors que cette dernière n’a pas encore envahi Taïwan. Il se voit dans le fait que les élections doivent, désormais, être truquées que ce soit aux États-Unis ou en France. Il se voit dans l’abandon, soudain, de « provinces » telles que l’Afghanistan ou le Mali, par l’empire. Il se voit par le sabordage de l’économie allemande, locomotive de l’Union européenne, par le grand-oncle SAMuel, dans un réflexe de prédation et pour donc appauvrir les vassaux de l’empire… Pas les ennemis, les vassaux !
La communication perverse de l’empire du mensonge a, toujours, le souci de brouiller les cartes, de faire passer les « salauds » pour des gens bien, les défaites pour des victoires ou a accuser l’autre de ses propres défauts, ou encore, de grands échecs pour détourner le regard de ses propres turpitudes !
L’Occident vieillissant, désindustrialisé, qui ne produit plus que de nouvelles variétés LGBTQ+++, qui n’instruit plus ses jeunes, qui a prouvé son incapacité à tenir le terrain face à des montagnards en loque en Afghanistan, essaie de faire croire qu’il est toujours à l’offensive, que c’est lui le maître du jeu, que c’est lui qui va décider de l’avenir d’un monde qui lui a, déjà, tourné le dos (il suffit de voir le nombre de pays qui ont voté les sanctions contre la Russie à l’ONU, pour s’en rendre compte !)…
On comprend mieux la sur-présence de ce terme de « Nouvel Ordre Mondial » accaparé par les « élites décadentes et séniles » occidentales comme l’avènement de leur règne sans partage sur le monde qui fût le leur entre la guerre du Golfe en 1991 et l’annexion de Hong-Kong par la Chine en 1997.
C’est comme s’ils n’étaient plus en mesure, aujourd’hui, de retrouver ce qui leur a échappé il y a longtemps, déjà… En 1991, c’était en ex-U.R.S.S que le courant était coupé, pas en Occident !
Le Vrai nouvel ordre mondial arrive et c’est un processus historique (pour ne pas dire civilisationnel) irréversible : on ne peut arrêter ni casser la pendule biologique des civilisations, et ce n’est pas leur I.A ou autre escroquerie technologique qui les sauvera de la mort : tout ce qui est vivant, périra… L’immortalité c’est pour les fous psychopathes !
Le Vrai nouvel ordre mondial est craint, c’est vrai aussi, par ces élites occidentales qui tentent de transmettent à leurs peuples leur propre peur de l’avenir : parce que la peine est moins lourde quand elle est partagée !
Pour finaliser leur « Nouvel Ordre Mondial », il faut forcément une 3ème guerre mondiale, il me semble, sauf erreur de ma part, que c’est dans leur plan : il faudra le passage obligé par la « Grande Catastrophe ».
Cependant, le pire n’est jamais certain. Et pour cause, on peut être dubitatif et s’interroger : à quel moment, avec quel atout, un empire comme l’Occident peut se permettre de miser à l’aboutissement de son projet sur un conflit mondial ?
Quels sont les moyens qui lui garantissent la victoire et de ce fait l’instauration de ce « Nouvel Ordre Mondial » ?
Comment l’Occident global a-t-il prévu de s’en sortir, quand on sait qu’il a tout prévu depuis fort longtemps, dont cette 3ème guerre mondiale ?
À vue humaine, raisonnablement, je ne pense pas que l’Occident ait une quelconque chance de s’en sortir. A priori, aveuglé par sa toute-puissance, il n’a pas prévu de « plan B » derrière les fagots, même s’il est possible que la « bête » puisse vendre sa peau, chèrement, et contre-attaquer coûte que coûte !
« Le Vieux monde se meurt, le Nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les MONSTRES. » (Antonio Gramci)
source : Algérie 54
Envoyé par Amar Djerrad
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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