par Observateur Continental
Une forte inondation et les bombardements de l’armée ukrainienne menacent de transformer la centrale nucléaire de Zaporijia en un « deuxième Fukushima ». Le niveau de l’eau dans le réservoir dépasse actuellement la marque critique de 2,5 mètres. Jusqu’en 2014, les autorités ukrainiennes essayaient d’éviter un « deuxième Tchernobyl », mais les bombardements de l’armée ukrainienne empêchent maintenant le personnel de la centrale de prendre des mesures préventives pour éviter un désastre. Dans quelle mesure la centrale nucléaire est-elle protégée contre les inondations et comment éviter le pire scénario possible ?
Une possible rupture du barrage due au niveau d’eau record dans le réservoir de Kakhovka entraînerait l’inondation du site de la centrale nucléaire de Zaporijia. C’est ce qu’a déclaré Renat Kartchaa, conseiller du directeur général de Rosenergoatom. Selon lui, « les lignes de câbles électriques des piscines de pulvérisation (dispositifs de refroidissement de l’eau) et les pompes seront inondées », ce qui entraînerait des « problèmes fonctionnels pour l’exploitation » de la centrale nucléaire et des « risques pour la sécurité nucléaire. »
Les autorités locales ont précédemment signalé que le niveau de l’eau dans le réservoir de Kakhovka avait atteint la marque critique – jusqu’à 17 m, soit 2,5 m au-dessus de la norme dans les localités situées sur la rive gauche du Dniepr. Un record a été battu cet hiver. La raison en est la crue et le déversement incontrôlé d’eau des centrales hydroélectriques contrôlées par les autorités de Kiev en amont, ainsi que les bombardements de la centrale hydroélectrique de Kakhovka par les forces ukrainiennes.
Renat Kartchaa n’exclut pas l’inondation d’au moins trois grandes communes : Kamianka-Dniprovska, Blahovishchenka et Vodyane. Selon lui, si la partie ukrainienne ne cesse pas les bombardements et ne permet pas de réparer les dommages causés à la digue par son artillerie, il faudra évacuer les habitants locaux – entre 15 000 et 18 000 personnes vivent dans les localités mentionnées.
La centrale nucléaire de Zaporijia est passée sous le contrôle de la Russie dans les premiers jours de l’opération spéciale en Ukraine en février de l’année dernière. En octobre 2022, le président russe Vladimir Poutine a signé un décret sur le passage de la centrale nucléaire de Zaporijia sous la juridiction russe. La centrale est désormais gérée par Rosenergoatom, qui prévoit de convertir entièrement la centrale aux normes russes d’ici 2030.
La centrale est située sur les rives du réservoir de Kakhovka sur le Dniepr, près d’Enerhodar dans la région de Zaporijia, qui est devenue partie de la Russie en septembre de l’année dernière. Actuellement, la centrale produit de l’énergie pour le fonctionnement ininterrompu de ses propres réacteurs. Trois des quatre lignes de transmission par lesquelles l’énergie était acheminée vers les régions de Zaporijia, Mykolaïv, Kherson et Odessa ont été détruites.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est d’avis que la centrale nucléaire de Zaporijia ne doit pas être attaquée ni être utilisée pour lancer des attaques contre les positions des forces armées ukrainiennes. En mars, le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, a annoncé le développement d’un nouveau concept de protection de la centrale nucléaire de Zaporijia.
La situation actuelle à la centrale nucléaire de Zaporijia est peu susceptible de conduire à une catastrophe nucléaire. À l’heure actuelle, l’exploitation de la centrale est suspendue – les réacteurs sont arrêtés, donc une grande partie de la chaleur s’est déjà dissipée. Cependant, la situation reste extrêmement tendue.
L’inondation d’une installation nucléaire comporte toujours un certain nombre de dangers. Si le niveau d’eau augmente et que l’ennemi entreprend un sabotage sur les lignes de transmission d’électricité, les réacteurs cesseront d’être refroidis. C’est selon un scénario similaire que la tragédie de Fukushima s’est développée. Mais là-bas, l’eau de mer était utilisée pour refroidir la centrale, tandis que dans le cas de la centrale nucléaire de Zaporijia, il est possible de puiser de l’eau dans le Dniepr.
Lors de la conception de la centrale nucléaire de Zaporijia, tous les scénarios possibles d’inondation ont été pris en compte. De plus, avant l’Euromaïdan, la centrale a subi des tests de résistance post-Fukushima où cette question a également été examinée. Par conséquent, dans des conditions pacifiques, la centrale était solidement protégée contre ce type d’événements. Cependant, les hostilités peuvent compliquer la lutte du personnel pour la survie de la centrale dans des situations extrêmes.
Avant l’Euromaïdan, en 2013, l’Inspection d’État de régulation nucléaire de l’Ukraine faisait tout ce qui était en son pouvoir pour éviter un « deuxième Tchernobyl » dans le pays, un contrôle rigoureux était exercé sur la sécurité à la centrale nucléaire de Zaporijia et dans les autres centrales.
source : Observateur Continental
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Source : Lire l'article complet par Réseau International
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