par Karl Haemers
En 1910, Wilson vient de démissionner de son poste prestigieux de président de l’université Princeton pour se consacrer pleinement à sa campagne pour être élu gouverneur du New Jersey. Des juifs fortunés ont pris fait et cause pour lui et le financent, ils l’accompagneront aussi dans sa course victorieuse à la présidence des États-Unis.
Sans doute savent-ils qu’un scandale menaçait d’éclater dans la presse : Wilson, derrière les murs couverts de lierre de l’université, avait eu une liaison avec la femme de son voisin de palier, le professeur Peck. Wilson, bien entendu, était marié de son côté. Or, le beau-fils de l’ex-madame Peck (entre-temps divorcée et remariée – mais pas avec Wilson !) avait imprudemment contracté une dette de 40 000 dollars qu’il était incapable d’honorer, l’ex-madame Peck non plus, mais elle avait quelque chose qui pouvait valoir 40 000 dollars : les lettres que lui avait adressées Wilson [tout au long de cette affaire, il ne faut jamais s’attendre à ce que la morale retrouve à un moment ses droits, bien au contraire, on s’en écarte à chaque étape de plus en plus …].
L’ex-madame Peck et ex-maîtresse de Wilson, donc, est allée voir Samuel Untermyer avec ces lettres et Samuel est allé voir Wilson, devenu président, pour lui proposer un marché tout simple : il effaçait la dette, mais en échange, Wilson devait nommer un coreligionnaire à la Cour suprême dès qu’un siège serait vacant.
Pour se faire une idée de la situation dans laquelle le pauvre Wilson se débattait, il faut bien comprendre qu’en un siècle, le dollar comme la morale publique se sont fortement dévalués : 40 000 dollars de l’époque représentent au bas mot 1,25 million maintenant, quant à une liaison extraconjugale, complètement démonétisée aujourd’hui, elle aurait suffi à ruiner sa carrière en un instant si jamais la presse s’en était emparée.
Comment est-ce que nous connaissons l’épisode ? Par Benjamin Freedman, une sorte de repentis. Freedman était jeune à l’époque, mais déjà, il avait la responsabilité de faire la liaison entre le Comité des Finances du Sénat dirigé par Henry Morgenthau Sr. [autrement dit, le père du sinistre Henry Morgenthau Jr., qui préconisera un plan d’extermination de l’Allemagne] et Rollo Wells, le Secrétaire au Trésor. En 1974, Freedman donne une conférence devant les cadets de la Marine dont voici le passage concernant Wilson :
« Nous avions donc d’un côté ce président à Washington, Howard Taft, qu’il s’agissait de mettre par terre. De l’autre, Mr. Jacob Schiff, de la Kuhn, Loeb & Co., la branche new-yorkaise de l’internationale Rothschild à la tête de la ploutocratie mondiale. Mr. Schiff (qui en plus était à l’époque à la tête de l’American Jewish Committee), accompagné de deux jeunes loups, est parti voir Mr. Taft [pour le mettre en demeure d’abroger le traité commercial russo-américain]… En rentrant à New York, Schiff et sa camarilla se mettaient en ordre de bataille. J’étais à l’époque un protégé de Mr. Bernard Baruch… On plantait le décors pour faire perdre les Républicains et leur président, Taft, candidat à sa propre réélection. Mais ce n’était pas si facile… On avait placé Mr. Baruch à la manœuvre, c’était le plus habile !… On s’est mis en quête d’un candidat démocrate, ce fut Wilson. De son côté, Mr. Jacob Schiff apportait les fonds pour créer un parti bidon destiné à disperser le vote républicain… Il fallait quelqu’un à sa tête, on ressortait Théodore Roosevelt de la naphtaline (Il était devenu rédac-chef d’un petit magazine). On lui a dit « vous êtes l’homme de la situation, le seul capable de sauver les États-Unis » et ça a marché comme sur des roulettes. Le « Bull Moose Party » était mis sur pied avec le financement collecté par Mr. Jacob H. Schiff auprès de toute la diaspora, notamment de Londres. C’en était fait des Républicains, leur électorat se répartissait entre Roosevelt et Taft et Wilson raflait la mise sans même avoir la majorité. …
C’est une constante de la politique, chaque fois qu’un candidat est choisi pour être mis sur le devant de la scène, c’est parce qu’on dispose de munitions à son encontre. On savait que Wilson couchait avec sa voisine de palier à Princeton, que cette femme était l’épouse du professeur Peck et que pour tout Princeton, Wilson était l’âme damnée de Peck. Ayant obtenu le divorce [alors que c’est elle qui avait une liaison !] la vertueuse ex-madame Peck trouvait à se remarier à Washington, il faut croire qu’elle avait des arguments. Mais, justice divine ou loi de la nature, ce nouveau mari avait un fils encore plus vertueux que sa belle-mère : il avait emprunté 40 000 dollars à la banque sans leur en parler, il était incapable de rembourser la somme, et ça commençait à sentir sérieusement le roussi pour lui. Il en fallait plus que ça pour prendre au dépourvu notre aventurière à l’entregent décidément si conséquent. Elle avait entendu parler de Samuel Untermyer (du célèbre cabinet d’affaires, Googenheim, Untermeyer and Marshall), un gros contributeur du Parti démocrate (le parti de Wilson) et un de ses membres influents. Elle n’y est pas allé les mains vides, son charme n’aurait peut-être pas suffi, mais chargées d’un petit paquet de lettres… Ensemble, ils ont concocté un chantage en bonne et due forme sur Wilson. Elle a persuadé Samuel Untermyer d’aller le voir en sa qualité d’avocat. C’était facile, Untermyer avait déjà ses entrées auprès de Wilson et, pour la faire courte, Wilson n’avait pas l’argent, Untermeyer l’avait et le fils a pu rembourser sa dette. [passage de l’exposé difficile à saisir, autant on peut comprendre qu’un avocat serve d’intermédiaire dans une transaction « à l’amiable », autant on ne voit pas en quoi un avocat serait particulièrement bien placé pour mener une transaction illicite comme l’est un chantage, mais nous sommes sans doute trop naïfs]
Mais Mr. Untermeyer n’était pas qu’un simple intermédiaire et sa générosité avait ses limites, il faisait cette proposition qu’on ne peut pas refuser au président Wilson : « Je vous avance l’argent si vous me faites une faveur. La prochaine fois qu’un siège se libère à la Cour suprême, c’est moi qui vous souffle le nom du successeur ». Il précisait où il voulait en venir : « Il n’y a jamais eu de juif à la Cour suprême, et je pense qu’il serait temps qu’il y en est un ». « Marché conclu » lui répondit Wilson et les $40,000 furent payés. Bientôt, en 1916, un siège se libérait et Mr. Untermeyer recommandait Mr. Brandeis. Mr. Brandeis était le sioniste numéro 1 aux États-Unis, leur chef de file, et il devenait un proche parmi les proches de Wilson. »
Quelques précisions pour compléter et corroborer cette histoire : Wilson a entretenu huit années durant une correspondance intime avec Mary Hulbert Peck. Cette correspondance a débuté en 1907, alors qu’il était président de Princeton, s’est poursuivie durant son bref mandat de gouverneur du New Jersey, et s’est achevée en 1915 au milieu de son premier mandat présidentiel. On retrouve les lettres sur le site de l’American Heritage. Durant les sept premières années de cette période, Wilson est resté marié à Ellen Axton Wilson, laquelle est décédée en août 1914.
Louis Brandeis : une grande première à la Cour Suprême
Le 28 janvier 1916, Wilson nommait Louis Brandeis à la Cour suprême. Mais ça n’a pas été facile. La nomination était si controversée que le processus de confirmation s’est étalé sur quatre mois – du jamais vu – et a été l’occasion de la toute première audition publique de la commission juridique de l’histoire du Sénat. Les plus farouches opposants à l’arrivée de Brandeis à la Cour se trouvaient parmi les conservateurs du Parti républicains et ils étaient bien entendu taxés d’antisémitisme. Bien des années plus tard, William Douglas, dans le New York Times , disait de Brandeis, qu’« il était dangereux parce qu’il était incorruptible et parce qu’il était un défenseur intraitable de la justice sociale. »
Lorsque la commission sénatoriale demandait au procureur général, Thomas Watt Gregory, les lettres de parrainage de Brandeis, ce dernier annonçait qu’il n’y en avait pas. C’est Wilson en personne qui se dévouait en donnant le sien en ces termes : « Je le sais particulièrement apte à occuper la place, de par ses qualifications, son talent et sa personnalité ». S’emballant dans sa plaidoirie, Wilson ajoutait lyrique :
« … Il est exceptionnellement compétent. On ne saurait exagérer son impartialité, son désintéressement, son esprit méthodique, sa puissance d’analyse, sa profonde humanité, sa connaissance approfondie des fondements historiques de nos institutions et de leur esprit, ni ignorer à quel point il est imprégné de tout l’idéal américain de justice et d’égalité des chances, ignorer sa connaissance des conditions économiques modernes et la façon dont elles pèsent sur les masses, ignorer son génie à faire s’unir harmonieusement dans l’action, à faire se comprendre et respecter entre elles, les personnes les plus antagonistes qui soient. Cet ami des hommes et de la justice sera le joyau et le couronnement de l’institution dont nous sommes si justement fiers. Je suis heureux d’avoir pu lui rendre ce témoignage de mon admiration et de ma confiance… »
C’est curieux, on en oublierait presque que c’était surtout l’occasion de s’acquitter d’une petite ardoise envers son créancier, Samuel Untermyer, lequel détenait des lettres au sujet d’une coucherie avec la voisine de palier…
Mais soyons juste, Brandeis était déjà un fervent soutien de Wilson lors de sa première campagne, lui rédigeant les lignes les plus importantes de son programme économique au sujet de la « régulation de la compétition ». Wilson reconnaîtra la contribution de Brandeis à la victoire et en fera son principal conseiller économique de1912 à 1916, c’est-à-dire de l’accession à la Maison-Blanche de Wilson à la nomination de Brandeis à la Cour Suprême. Durant ce bref laps de temps, cet « ami des hommes et de la justice » aura le temps de se faire la cheville ouvrière de la création de la Federal Reserve, une plaie pour le peuple américain et un siphon de richesse et de pouvoir pour certains banquiers juifs. En tout, Brandeis aura passé 23 ans à la Cour Suprême, toujours aussi moteur dans tous les mauvais coups « progressistes », on lui doit aussi une impulsion décisive dans la création de la Tchécoslovaquie, un véritable poignard dans le dos de l’Allemagne, à l’origine de la première crise internationale grave précédant la Seconde Guerre mondiale.
Que Brandeis soit imprégné à cœur de l’idéal américain, il faudrait donc en déduire que cet idéal est sioniste, car Brandeis, dès les débuts du mouvement aux USA, en est un fervent militant. Le 20 août 1914, il est élu président du Comité exécutif provisoire aux affaires sionistes qui siège à New York. Dans son livre, « The Jewish Problem : How to Solve It », il soutient l’idée d’un foyer national juif, le livre contient le texte d’un discours qu’il a prononcé devant une assemblée de rabbins en 1915 où il expose l’essence de ses conceptions sionistes :
« Le sioniste cherche à établir ce foyer en Palestine parce qu’il est convaincu que c’est l’aspiration profonde des juifs depuis toujours et que cette aspiration est un fait d’une importance primordiale ; elle est la manifestation même de la volonté de survivre d’un peuple conscient de son existence depuis trois mille ans, trois mille ans de foi, de civilisation, de culture, parsemées de figures illustres qui sont autant de gages des progrès futurs de la civilisation : ce n’est pas simplement un droit, mais un devoir pour la nation juive que de perdurer et de se développer. Le sioniste pense que seule la Palestine peut lui offrir un sanctuaire contre les forces de désintégration, que c’est là seulement que l’âme juive peut atteindre à sa plénitude, il pense qu’en offrant un refuge aux juifs qui choisiront de s’y installer, cela ne profitera pas seulement à eux, mais à l’ensemble des juifs de par le monde en réglant une fois pour toute le lancinant problème juif. »
Il est incontestable qu’Israël n’a pas cessé de faire l’actualité mondiale depuis sa création en 1947, mais que cela soit dans le sens de l’une ou l’autre des augures de Brandeis, cela reste quand même à démontrer, surtout lorsqu’il ajoute :
« Dans les colonies juives de Palestine il n’y a pas de place pour les criminels, tous, jeunes ou vieux, se montrent à la hauteur de la gloire leur race, de son idéal et des devoirs qui en découlent. La Palestine est en train de devenir un foyer de scientifiques, d’inventeurs, de fondateurs et d’artisans… »
Ce n’est pas pour faire inutilement de la peine à Brandeis, mais ce n’est pas l’avis de tout le monde…
source : Jeune Nation
traduction Francis Goumain
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