Dirigée par Pierre de Brague,
la Rédaction a reçu plus d’une centaine de brèves
(Rappel des consignes : cinq paragraphes et 2 200 caractères maximum)
Découvrez ci-dessous les noms des sélectionnés ainsi que leurs textes…
et félicitations à tous les participants !
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MOCHE
et son article Walmart
Le leader américain du hard discount Walmart a décidé de fermer ses derniers magasins dans la ville de Portland (Oregon). [1] Effective à compter du 24 mars prochain, l’annonce fait suite à une vague de vols à l’étalage inédite dans la Cité des Roses.
Quoique laconiques, les explications de Doug McMillon, directeur de l’enseigne au W, se sont voulues sans détour : hausse alarmante des larcins et passivité suspecte des pouvoirs publics sont en cause. Usant du smash and grab comme Abd el-Kader de la razzia, les pillards de Portland ont ainsi convaincu l’homme d’affaires d’aller courir le billet vert sous des cieux plus cléments ; après qu’il eut pensé un temps stopper l’hémorragie en réhaussant les prix.
La mesure finalement retenue est plus radicale, et ce à deux égards. Tout d’abord en ce qu’elle menace 600 emplois au sein de l’entreprise bientôt exilée, puis en ce qu’elle prive les citoyens les plus désargentés de leurs produits courants bon marché. Le coup est donc dur pour une population déjà éprouvée, en passe de circuler plus – et donc plus cher – pour consommer pareil – et donc très mal -.
La fermeture des deux derniers Walmart de Portland était pourtant devenue inévitable. Depuis la mort de George « Fentanyl » Floyd, les émeutes Black Lives Matter et Antifa s’y sont succédées dans un climat d’impunité générale, sous l’œil aimant du maire en place et le bras docile des juges locaux. Dès 2020 en effet, le démocrate Ted Wheeler répondait favorablement au mouvement « Defund the Police », se trouvant nanti dans la foulée de chiffres records en termes de criminalité. L’édile eut beau faire machine arrière l’année suivante [2], la tendance ne s’est pas inversée depuis.
Le cas de Walmart à Portland n’est évidemment pas isolé. En octobre 2021, c’était Walgreens, deuxième plus grande chaîne de pharmacies US, qui devait fermer cinq établissements à San Francisco (Californie), impuissante qu’elle était à freiner les vols en bande dans ses rayons [3]. Elle confirmait ce faisant l’attractivité déclinante de grandes villes progressistes du pays, parmi lesquelles New-York, Los Angeles, Seattle et Chicago.
Gageons que ces places fortes du rêve américain attendent maintenant celui qui leur redonnera leur grandeur d’antan.
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Le Béréen
et son article Fusillade à Hambourg chez les Témoins (sionistes) de Jéhovah
Le jeudi 9 mars dernier, une fusillade meurtrière se déroula à Hambourg (Allemagne), dans un lieu de culte appartenant aux Témoins de Jéhovah (TJ). Le bilan provisoire fait état de 8 morts (parmi lesquels se trouve le tireur) et une dizaine de blessés. Cette fusillade est l’occasion de revenir sur les relations (méconnues) entre cette discrète communauté et le sionisme.
Le fondateur des TJ, Charles Russell (1852-1916) fut l’un des premiers chrétiens américains à prédire le retour d’Israël dans son ancienne patrie. Il était non seulement opposé à la conversion des juifs au christianisme, mais il décrivait le sionisme comme l’accomplissement des promesses bibliques.
Le 18 août 1891, Russell écrivit aux Barons Maurice de Hirsch et à Edmond de Rothschild, deux figures importantes du mouvement sionisme naissant, pour leur proposer un plan pour accélérer l’implantation des juifs en Palestine. Le pasteur leur suggéra d’acheter à l’Empire ottoman appauvri toutes les terres en Palestine. Des années plus tard, Herzl fera des propositions similaires.
Nous ignorons dans quelle mesure les deux barons furent influencés par la lettre de Russell. Toujours est-il qu’un mois plus tard, le 11 septembre 1891, le baron Hirsch fonda la Jewish Colonization Association pour acheter des terres en Palestine, où des colonies agricoles furent établies et peuplées par des Juifs persécutés en Russie.
Aujourd’hui, la majorité des TJ ignorent les penchants de leur fondateur pour le sionisme. Il faut dire que cette histoire n’est pas compatible avec la posture de « neutralité politique » revendiquée de nos jours par cette religion et qui est source de fierté pour ses membres. Toutefois, l’héritage de Russell en tant que sioniste enthousiaste n’a pas été oublié par les juifs. Il a été reconnu par nul autre que le Premier ministre d’Israël, Benjamin Netanyahu, qui a déclaré : « La reconnaissance du rôle important du pasteur Russell en tant que premier défenseur chrétien américain du sionisme est attendue depuis longtemps. »
La prochaine fois que les TJ sonneront à votre porte, vous saurez quoi leur dire !
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CGSandoval
et son article illustré Le Dieudo Mbala méduse
Jadis, tout esprit indocile voyait en Dieudonné un nouveau Professeur Choron. Une effronterie hardie aspergeant tous azimuts les sacralités établies, tout en concentrant ses jets de pisse rebelle en direction du tribalisme sûr de lui-même et dominateur.
Puis, début janvier, Dieudonné demandait pardon à ceux dont il avait brocardé le communautarisme victimaire deux décennies durant. Il abjurait.
Abjurer n’est pas synonyme de trahison quand il s’agit de cheminer vers la cohérence, l’exactitude (qu’un autre Professeur, Faurisson, préférait au concept de vérité). Ce que fit Pasolini lorsqu’il abjura sa Trilogie de la Vie, déçu que sa célébration de la sexualité soit récupérée par l’hédonisme soixante-huitard qu’il conchiait.
Dieudo fait le chemin inverse de Paso. Il quitte la lumière (espérant peut-être sauver celle des projecteurs) pour rejoindre la ténébreuse facticité. Et d’éclairage, c’est un nouveau qui tombe rétrospectivement sur ses années de cabrages.
La question « peut-on rire de tout ? » enfonce des portes ouvertes, car tout dépend d’avec qui l’on rit. Une chose peut s’entendre cependant : quels que soient le sujet et l’interlocuteur, on ne peut pas rire TOUT LE TEMPS.
Quand Dieudonné demande pardon, il le fait au nom de sa propre éthique (bricolage de christianisme New-Age) et du rire éternel. Sa main tendue à Palmade : encore au nom du sacro-saint rire. Il s’associe à un binôme pluri-homicide : c’est l’esprit potache en milieu carcéral. Ananassurance, cryptomonnaies : insoumission dans l’allégresse.
On repensera aux mises en scène auxquelles se prêtait en toute bonne foi (celle du vieil homme rêvant sa relève) Faurisson. Il n’était finalement pas tant tête de gondole d’un élan maquisard que second rôle involontaire d’un énième sketch. Après la Trilogie pasolinienne pervertie par la frivolité libérale-libertaire : le Professeur et son legs intellectuel, détournés, puis sacrifiés en offrande au dieu Humour. Tout se récupère !
Le rire est à Dieudonné ce que la nourriture est au quatuor de La Grande Bouffe.
L’une des rares fulgurances pondues par Debord résume l’œuvre dieudonnesque. Elle ne fut que la « critique spectaculaire du spectacle ».
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Thomas Br
et son article Pris la main dans le slip
Le petit doigt sur la couture du pantalon de Klaus Schwab, la CNIL ne s’oppose pas à l’utilisation de la reconnaissance faciale pour les sites pornographiques afin de déterminer l’âge de l’utilisateur.
Il faut dire qu’en tant qu’AAI (pour autorité administrative « indépendante »), la CNIL est quasi inoffensive. Elle encadre les dispositifs liberticides, les avalise et met au mieux de gros poissons comme Google et Microsoft à l’amende.
La méthode est bien connue. On fait tout d’abord accepter l’inacceptable par un travail de sape sur les esprits (Minority Report de Spielberg), puis on prétend protéger et lutter contre des activités que la loi réprime ou la morale réprouve comme la pornographie, et on étend le système à tous les champs des possibles. On déguise le Mal en Bien, puis confortablement installé, le venin se répand un peu partout : la sécurité exigera d’identifier des terroristes en gare et des tricheurs de casinos et le consommateur sera charmé d’être reconnu par d’aguichantes hôtesses virtuelles.
Le système se déploie doucement. Aux yeux de tous, avec les portails de passage aux frontières (PARAFE) élaboré par Thalès et Idemia, deux des trois meilleures entreprises mondiales en la matière, et en sous-main, en récoltant des données photographiques à notre insu. A ce titre, la société ClearviewAI s’enorgueillit de vouloir identifier n’importe qui dans le monde en collectant ces données. En Espagne, la CaixaBank s’est munie de distributeurs de billets avec reconnaissance faciale. Au Royaume-Uni, un dispositif intitulé Facewatch alerte le commerçant qu’une personne signalée entre dans le magasin pour « arrêter le crime avant qu’il n’arrive ».
Ruse de la raison, le meilleur frein à cette tumeur technologique se trouve être l’antiracisme. Amazon bute avec son algorithme, « raciste », qui ne distingue pas les personnes de couleur noire. Mieux, Facebook propose carrément de « voir plus d’images sur les primates » en accompagnement d’une vidéo sur des policiers noirs. Alors comment dépasser Darwin et identifier le visage d’une personne de moins de 18 ans ? Avec un détecteur de duvet ?
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Hyacinthe Maringot et son article
Scandale du Chlordécone aux Antilles : le Sénat aboie et la caravane passe
Dans un rapport de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques publié le vendredi 3 mars 2023, des sénateurs pointent la responsabilité de l’État dans un scandale sanitaire de plus aux Antilles : le chloredécone.
Cet insecticide utilisé pour lutter contre le charançon du bananier fut interdit aux Etats-Unis dès 1976. En France, l’autorisation de vente ne sera retirée qu’en 1990. Il sera néanmoins toléré jusqu’en 1993 dans les Antilles et vendu sous le manteau jusqu’en 1995. Pendant toutes ces années, ce composé organochloré de synthèse a été saupoudré à main nue par des ouvriers agricoles qui l’appliquaient en cercle autour des bananiers, notamment en Guadeloupe et en Martinique. Infiltré dans les sols, il a logiquement contaminé les eaux avant d’empoisonner les corps.
Interrogé sur la question en février 2021, Olivier Véran, à qui on ne confierait pas une femme enceinte, avait alors affirmé que ce produit était une « vraie saleté, une vraie saloperie qui a pourri les sols [et qui a] un effet rémanent pendant 600 ans ». Las, trop occupé à s’endetter pour de mauvaises raisons, l’Etat ne se montre guère pressé de financer des recherches afin d’étudier les effets du chlordécone sur les populations. Si les quelques deniers alloués permettront de déceler un développement accru des cancers de la prostate, les nombreuses pathologies qui touchent les femmes et affectent leur fécondité demeurent largement ignorées.
Ce rapport sénatorial fera probablement « pschitt », comme celui qui naguère avait dénoncé dans le moindre détail l’incroyable emballement de l’Etat lors de la grippe H1N1 ou celui, plus récent, de l’OPECST dans lequel les parlementaires morigènent avec délicatesse « la communication institutionnelle » qui a été
« trop discrète » sur la réalité des effets indésirables des potions concoctées par Bancel & Bourla.
Dans le cas du chlordécone comme dans celui des autres scandales sanitaires, la dénonciation des injustices ne refrène nullement la fâcheuse tendance de la caste dirigeante à prendre les gens pour des bananes.
Mentions spéciales à Anaïs et Aniko pour leurs textes remarqués par Kontre Kulture et Au Bon Sens
Tous les sélectionnés ont été contactés par Pierre de Brague en vue d’une collaboration plus approfondie avec la Rédaction du site E&R
Merci à tous
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Source: Lire l'article complet de Égalité et Réconciliation